A Lightning Christmas

CHAPITRE 64

Brusquement je me retourne pour voir à qui il s'adresse. Derek ne prend même pas la peine de se retourner, et reste tourné en direction de la scène. Face à moi se tient un jeune homme, un sourire en coin goguenard au visage et une bière à la main.

Il fait deux fois ma taille, mais je le fusille du regard. C'était lui alors qui me frôlait depuis tout ce temps ? Je ne réfléchis pas une seconde et le pousse de toutes mes forces. L'énergumène recule de quelques pas en titubant, mais je n'ai aucun remords.

— Dégage de là espèce de connard ! Lui hurlé-je avec rage. Ta mère ne t'a jamais appris à respecter les femmes ou c'est comment ?!

Il se marre avec ses amis et s'en va en levant les mains en l'air d'un air faussement innocent. J'entends Derek pouffer d'un semblant de rire et me retourne vers lui d'un air furieuse.

— Tu trouves ça drôle toi ?

— Non, justement. Je te trouve complètement folle de lui être rentré dedans comme ça. Tu ne sais même pas comment est-ce qu'il aurait réagi Chloé.

Il lève les yeux au ciel d'un air profondément exaspéré par mon comportement.

— Et s'il avait levé la main sur toi, qu'est-ce que tu aurais fait ?

— Je l'aurai défoncé ? Rétorqué-je du tac au tac. Qu'est-ce que tu crois au juste ? Que j'aurais attendu que tu me défendes comme un parfait gentleman ? Ça c'est mal me connaître je pense.

Derek rit.

— Tu penses vraiment que je l'aurais laissé te frapper ? Allez viens un peu par là, m'ordonne-t-il en m'attirant à lui.

Je tente de le repousser pour la forme, mais il s'en fiche et m'entraine dans une danse. Je cède en me mordant les lèvres pour m'empêcher de sourire. Derek a cet effet-là sur les gens, une bonne humeur communicative.

Alors je me retrouve là, à danser au milieu de la foule sous un ciel étoilé au clair de lune, au rythme d'un Kompa. Et il ne me lâche plus... les danses s'enchaînent, les chanteurs se succèdent et nous restons là à danser comme des fous. Riant sans aucune raison valable, juste parce que nous profitons de l'instant présent.

Je me sens incroyablement bien au milieu de ces inconnus qui dansent, chantent, crient et sautent tout autour de moi. Nous sommes juste heureux de pouvoir faire la fête au rythme de toutes ces chansons que nous connaissons par cœur, à force de les entendre partout où nous allons.

Je ne me souviens même pas de la dernière fois où je me suis autant amusée. J'ai le sentiment d'oublier tous mes petits tracas des derniers jours. J'ignore quelle heure il peut bien être, mais je sais qu'il est plus de minuit lorsque les festivités prennent fin.

Les gens commencent à se disperser pour rentrer chez eux, et nous suivons le mouvement de la foule à notre tour. Derek et moi marchons en silence dans les rues de la ville. Il se contente de suivre mon rythme, les mains enfoncées dans ses poches.

De temps à autre, je ne peux m'empêcher de lui jeter un coup œil. Bientôt nous arrivons près de ma voiture, dans un silence qui semble s'éterniser. Nous nous arrêtons finalement et je le regarde, ne sachant pas trop comment lui dire au revoir. Le truc, c'est que je n'ai pas à me poser la question trop longtemps...

— Merci pour cette soirée, me dit Derek après avoir posé un baiser sur ma joue.

Puis il ouvre la portière de ma voiture, attend que je m'y installe, mette le contact et me dit simplement de faire attention sur la route. Sur la route j'en suis encore là, à psychoter sur ces derniers instants.

Après un quart d'heure à rouler sans but, je m'arrête sur une place de parking vide. Et je me mets à rire bêtement, avant de me mettre à pleurer sans parvenir à arrêter le flot de larmes brulantes qui coulent sur mes joues. Je me sens tellement idiote, tellement perdue, tellement...mais qu'est-ce qu'il m'arrive bon sang ?