CHAPITRE 97

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C'est beaucoup trop compliqué... je n'arrête pas d'y penser depuis que je me suis couchée sous les couvertures. Mes yeux sont fermés, mais mon esprit n'est pas prêt à se mettre en veille pour la nuit malgré la fatigue.

Je ne sais pas exactement combien de temps s'écoule depuis que je suis rentrée, mais j'entends Derek rentrer à son tour dans la chambre. Je ne bouge pas d'un pouce et garde les yeux fermés.

Il dépose ses affaires sur le meuble de l'entrée et fouille dans ses affaires pour se changer. L'objet de tous mes maux s'assoit sur le bord du lit et je le sens m'observer longuement.
Son regard me brûle la peau, même si je ne le vois pas.

Cette sensation ne me quitte pendant un long moment. Il doit sûrement regretter ce qu'il s'est passé et ne sait pas comment me le dire. Effectivement, tout cela est beaucoup trop compliqué...

Au bruit, je devine que Derek sort une couverture d'un placard et s'allonge par-dessus mes couvertures. Je l'imagine parfaitement calé contre les oreillers, les mains derrière la tête. Mes yeux me piquent et j'enfoncent subrepticement mon visage contre mon oreiller pour essuyer mes larmes.

— Toi non plus tu ne dors pas.

Je ne réponds pas.

— J'ai été maladroit, poursuit-il. Je n'aurais pas dû dire ça.

— Tu l'as dit, soufflé-je sans me retourner. Bonne nuit Derek.

Derek soupire.

— Chloé c'était aussi perturbant pour moi que ça pouvait l'être pour toi.

— Je t'ai tout dit tout à l'heure. D'autant que je suis bien trop épuisée et... pompette pour avoir cette conversation.

Je soupire et finis par me tourner sur le dos, cherchant une position confortable pour passer la nuit. Nous restons longtemps allongés l'un à côté de l'autre sans que jamais le sommeil ne vienne.

Au bas mot, je pense que nous restons là plus d'une heure en silence à regarder le plafond. Jusqu'à ce que je sente son auriculaire effleurer le mien. Cela aurait pu passer pour une maladresse s'il ne s'était pas amusé à recommencer.

Je sens ma respiration se faire plus profonde et plus espacé jusqu'à me donner l'impression d'avoir la tête qui tourne.
Je ne sais pas trop à quoi l'attribuer pour être honnête. À l'altitude ? L'alcool ? Derek ? Ou peut être les trois ?

Ce que je sais en revanche c'est qu'un poids invisible commence à peser sur mon bas ventre et que je me sens à fleur de peau.

— Derek, lui reproché-je dans un chuchotis.

Je tourne la tête vers lui pour lui demander d'arrêter ses conneries sans réaliser que son visage est près du mien. Mes mots restent bloqués dans ma gorge. Nos souffles s'entremêlent et nos regards se croisent.

Même dans la pénombre, je peux voir que ses yeux brillent dangereusement d'une lueur particulière. Cette façon de me regarder... elle fait s'ébranler quelque chose en moi. Et je me sens soudain extrêmement vulnérable.

— Si c'est aussi compliqué Chloé, c'est parce que je tiens à toi.

Je reste muette face à mes propres émotions. J'ignore ce que je dois en penser exactement.

—  Je sais parfaitement ce que je veux et qu'il est temps. C'est ce qui me fout une trouille monstre.

Cette seconde confidence s'accompagne d'une vague caresse de son nez au mien et d'un doux baiser sur l'arête de mon nez. Son regard croise de nouveau le mien et je sens mon cœur s'emballer dans ma poitrine. Ses lèvres effleurent les miennes chastement, mais jamais ne se posent véritablement.

— Chloé j'ai besoin que tu me dises ce que tu penses. Si tu me détestes vraiment autant que tu le prétends ou...

— Qu'est ce que tu veux de moi exactement ? Lui demandé-je dans un souffle.

Ses lèvres effleurent encore les miennes et y posent un baiser papillon aussi léger qu'une plume.

— Derek, lui reproché-je. Tout ce que tu fais c'est me tourmenter...

D'un geste délicat il replace une mèche qui me barrait la vue et la remet à sa place. Ce faisant ses doigts effleurent la peau de mon visage en une  douce caresse. Je me sens comme une poupée de chiffon soumise à son bon vouloir.

— Parce que toi tu ne me tourmentes pas ?

Je fronce légèrement les sourcils pour y réfléchir.

— Qu'est ce que tu foutais avec ce mec après avoir passé la nuit dans mes bras?

Le rouge me monte aux joues. Romain.

— Tu n'imagines même pas tout ce qui m'est passé par la tête lorsque je vous ai vus.

Je la vois cette lueur qui danse au fond de ses yeux. De la colère, cachée derrière d'autres émotions.

— Nous ne faisions que déjeuner. Et je te rappelle que tu étais parti...

— J'avais besoin de prendre l'air pour mettre de l'ordre dans mes idées.

Je hoche la tête de haute en bas. Ça se tient.

— Et tu as pu le faire ?

— Oui.

— Et alors ?

D'une simple pression sur ma taille Derek me ramène contre lui sans me lâcher du regard.

— Et alors, je te veux toi. Aussi chiante que tu peux l'être et je te veux surtout à moi dans tous les sens du terme.

Son nez caresse le mien une fois de plus avant qu'il ne m'embrasse vraiment avec ardeur et presqu'une sorte d'adoration. Peut-être que je n'analyse pas correctement les choses.

— Ce qui m'effraie c'est que tu fasses de moi une de tes conquêtes...

A Lightning ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant