CHAPITRE 102

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La fête bat son plein ce soir. Tout le clan Pomereau est enfin réuni pour fêter dignement Noël. Nous sommes maintenant une bonne quinzaine à peupler les gîtes et hébergements du petit village de Cilaos. 

Je les regarde rire et profiter du fait d'être ensemble. Il y'a les parents de Benji, Roseline et son époux Jean, Marjorie sa tante et son époux Marcel, Anne-Marie et Bernard les parents de Derek, Julia la femme de José et leur puce de deux ans Léa. Amanda, Derek, Benji et moi. Ce qui nous en fait déjà quatorze ? Alors je ne sais plus compter décidément.

Fred et Josiane sont également de la partie. C'est l'autre frère de Jean et José. Dix-sept pour le moment si je compte Kévin leur fils. Il a environ le même âge que nous. D'ailleurs, il se pose à côté de moi d'un air amusé et penche légèrement la tête vers moi.

— Qu'est ce que tu fais Chloé ? Tu t'amuses à compter la famille ? Plaisante-t-il.

— Il y a de l'idée, ris-je. Il faut bien les compter pour mettre la table.

Nous rions.

— Jérémie et Ludo ne sont pas là.

Ses frères.

— Tante Jacqueline est là, quelque part dans la maison. Et elle a réussi à ramener Julien.

— Pourquoi il n'y a que des garçons chez vous ? Demandé-je d'un air incrédule.

Kévin rigole en secouant la tête de gauche à droite.

— Aucune idée.

Il fait mine de réfléchir et je vois passer un faux air de son cousin Derek sur son visage. C'est fou comme ils se ressemblent dans cette famille. Ou c'est peut être juste moi qui suis atteinte et le vois partout.

— Je pencherais pour un rééquilibrage de la planète. Il y a plus de filles sur la terre que d'hommes. Du coup la famille Pomereau a pris à cœur de faire le plus de bonhommes possibles.

— Et Léa ?

— Une anomalie génétique, élude-t-il.

Je ris.

— Vous parlez de quoi ? Demande Benji en nous rejoignant à table.

— Du fait que les Pomereau ont une mission de vie.

— N'importe quoi ! Répliqué-je en riant.

Kévin est typiquement le genre d'homme pour qui une femme craque. Il a toutes les cartes en mains : l'humour, la tchatche, un air espiègle issu d'un long héritage familial et pour couronner le tout, une belle gueule. 

J'aurais pu craquer pour lui, mais l'univers en a décidé autrement. D'ailleurs l'univers me fait des appels de phare actuellement. Derek vient juste de s'asseoir en face de moi. Il se penche un peu en avant, appui ses avant-bras sur ses genoux et je sursaute légèrement.

— Ça va ? Me demande Benji.

— Euh... oui. J'ai cru que j'allais tomber du banc c'est tout.

Je le fusille du regard, mais Derek n'en a rien à faire. Le plus naturellement du monde, il continue de caresser mon genou sous la table.

— Et c'est quoi notre mission de vie ? Demande Derek.

— Faire des bébés... garçon, réponds-je distraitement.

Dehors, un froid de canard règne en maître. Il fait entre quatorze et treize degrés Celsius. Le truc, c'est que je peux affirmer sans aucune hésitation que malgré mon bonnet, ma doudoune, mon col roulé et mon écharpe, j'ai chaud. Et je suis sûre que je rougis. Raison pour laquelle j'essaye tant bien que mal de me cacher dans mon écharpe.

— Comment vous faites pour ne porter que des tee-shirts et une veste ? Il fait au moins moins huit mille ! Plaisanté-je. Ayez la réf s'il vous plaît !

— Oh oh ! Hoareau tu vas te calmer. Pour qui tu nous prends ? Plaisante Kévin d'un air faussement offensé.

— Bien sûr qu'on a la réf, renchérit Benjamin.

Derek me pince le genou. Je tente discrètement de l'extirper de ses mais, mais il ne le lâche pas. Quelle plaie !

— Je crois que je vais aller mettre la table maintenant, décrété-je en reculant pour me relever.

— Je viens t'aider.

Sans attendre je me dirige vers la maison pour gagner la cuisine. Sur le chemin menant à la maison, des brides de conversations me parviennent. La discrétion n'est pas la meilleure qualité des Pomereau.

— T'es pénible abruti. Il n'a rien fait de mal, il va juste l'aider.

— J'ai rien dit.  

Dans la cuisine je vais pour récupérer les couverts, que je sors de leurs emballages. Pas très écolo, mais nous n'allions pas ramener de vrais couverts pour une vingtaine de personnes au sommet de l'île. 

J'ai déjà l'impression que nous avons ramené toute la maison avec nous. Pendant le repas, je discute et ris avec Kévin, assit près de moi et Benji. Ça me fait plaisir de retrouver tout le monde ce week-end. Certains boivent, discutent, rient et dansent au rythme d'un séga. Tout ça me fait sourire de bonheur. 

A Lightning ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant