Fly me to the Moon - Tome 1

Chapitre 19 - Laely

Quand arrive le vendredi soir, je dois avouer que je ne suis pas zen du tout.
— Bon pour demain, tu le sens comment?
On se retrouve dans la cuisine à discuter avec Jojo de la première épreuve des Moon Games, c'est le sujet sensible du moment.
— Franchement, j'angoisse et en même temps j'ai hâte de voir ce que ce sera... allez moi, je vais au lit, car demain je me lève aux aurores.
c'est là que je reçois un mot de Xander:
"bon courage pour demain. Je pense à toi, tu vas tout déchirer."
Ça me fait sourire, mais Jojo, elle se referme comme une huître .
— Hey Poulette...
— Oui je sais....
Je prends ma meilleure amie dans mes bras pour un câlin de réconfort. Elle a besoin que je la rassure, il faut qu'elle sache que je compte sur elle, qu'elle est mieux que ma BFF, c'est ma BAE: Before Anyone Else. Et que ce n'est pas prêt de changer.
— On se connait depuis 20 ans ma belle, et je compte pas arrêter là! Tu es ma meilleure amie et c'est pour la vie, poulette. Ok?
— Je sais, toi aussi...
— Je te laisse le champ libre avec Xander, fais ce que tu veux avec lui, tentes tout, y'a aucun problème.
— Mais t'es pas arrivée ici pour rentrer au couvent!
Son regard étonné me fait rire.
— Non c'est vrai... Tu sais quoi, je veux bien faire les entremetteuses pour toi, regarde, je vais lui dire qu'on fêtera ma réussite à la première épreuve en allant fêter ça au blue Flamingo avec les copains..
— Toi, t'as beau avoir mister Univers qui te fait de l'œil, tu reste focus....Le projet Next Step avant tout, j'ai bien compris....
— Exact! Les mecs ça passe après... Or là, j'ai un gros dodo à faire pour être en forme demain ma chère!
et après un dernier gros bisou, je rejoins ma chambre pour une nuit que j'espère réparatrice avant le grand jour.

A sept heures en ce samedi 7 octobre 2158, nous voilà tous réunis sur l'esplanade du centre. Il fait déjà 25° et je sens que si Aldrin nous en a fait baver pendant les entraînements, c'est parce qu'il sait exactement ce qui nous attend pour cette première épreuve des Moon Games.

Le major ouvre la session:

— Bonjour à vous les première année, soyez les bienvenus pour la première épreuve des Moon Games. Je vous donne les instructions puis vous vous réunirez par équipe pour rejoindre les cars autonomes qui vous mèneront au point de départ de votre épreuve. En effet, il s'agit aujourd'hui de vous mettre un tant soit peu en situation d'exploration comme vous serez amenés à le faire si vous êtes sélectionnés pour le départ pour New Start.

Ok, je vois, il n'est plus question de jouer, on passe réellement aux choses sérieuses. Mes camarades de promo, avec leurs mines encore endormies, n'ont malgré tout pas l'air d'avoir envie de jouer non plus.
— Les capitaines d'équipe ont été informés de la nature de l'épreuve qui vous attend, ils seront les seuls avec qui le contact sera maintenu. Sachez que vos scroll'tabs sont désactivées à partir de maintenant et seule la géolocalisation est fonctionnelle, de sorte à ce que l'on puisse vous retrouver à tout moment si vous venez à vous perdre. Je n'ai pas envie d'avoir des comptes à rendre à vos familles.

Il poursuit :
— Donc soyez prudents surtout. En cas d'urgence absolue, vous pouvez activer la balise de secours en appuyant sur le bouton rouge votre manchette pendant cinq secondes trois fois de suite, et un drone de sauvetage sera envoyé pour vous récupérer.
Les regards échangés dans l'assemblée en disent long.
— Si vous quittez l'épreuve, sachez que vous ne pourrez pas récolter les points prévus. Cet abandon peut être volontaire mais également, si vous êtes forfait pour raison de santé.
ah oui? à ce point?

Je jette un œil à May, elle est pâle comme un linge, Wakan a perdu son sourire, quant à Dario, les boucles de sa chevelure ont l'air toutes raplapla tellement il semble dépité.
— Le capitaine de chaque équipe sera responsable des vingt étudiants qu'il encadre. Il sera le référent et le guide. En effet, il est le seul à pouvoir avoir accès à une scroll'tab aux fonctionnalités intactes.
Il se tourne vers les dix bus qui son stationnés derrière lui.
— Vous trouverez vos paquetages dans les bus. Les capitaines donneront plus de détails sur les consignes.
Allez, en route!

Cette dernière phrase claque comme le coup de feu donnant le départ d'un marathon. Chacun se rapproche de son capitaine et monte dans le véhicule attribué à chaque équipe. Je suis le mouvement, un peu abasourdie par cette annonce qui ne donne pas tant d'informations que ça en fin de compte.

— Oh bordel, qu'est-ce qui nous attend? demande Wakan
— mon pote, je crois que ça va être épique en tout cas! réplique l'australien
— Allez les newbies, grimpez là-dedans! coupe le capitaine
On se retrouve à vingt-et-un dans notre véhicule qui démarre en direction d'une destination inconnue. Et franchement je ne suis pas bien à cet instant précis.

— Bon, alors voilà comment ça va se passer: Le Major vous a rapidement expliqué que vous allez être mis en situation d'exploration. Ce qui veut dire que l'on va devoir rejoindre un point de rassemblement situé au milieu des everglades tous ensemble, annonce Kane.
Là où il y a des alligators, des serpents, des tas de bestioles pas cool?
— Chaque véhicule conduit chaque groupe à son point de départ. Ils sont situés tous les dix à égale distance du point d'arrivée, mais c'est uniquement l'équipe qui sera arrivera en premier sur place qui gagnera, explique le beau brun.
— Et qui gagnera quoi? je demande.
— Deux-cents points chacun pour la première équipe, cent-quatre-vingt pour les membres de la deuxième... etc... jusqu'à zéro pour la dernière équipe.
— Si t'arrives dernier tu gagnes rien? s'inquiète Wakan
— C'est ça, confirme le capitaine
— Mais quelle est la distance à faire?
— Environ trente kilomètres.
— Quoi?! je m'étouffe.
On va devoir faire trente bornes au milieu des prédateurs, sous un soleil de plomb, dans la bouillasse? Je vois les autres nanas du groupe commencer à piailler, mais en même temps c'est vrai que c'est abusé.

— Mais on a quoi comme outils? je demande.
C'est vrai qu'on avait oublié qu'on a tous un sac à dos jaune fluo en tissu extensible.
— Il y a dans ce sac un système de filtrage de l'eau qui nous permettra de pouvoir nous hydrater, c'est le nouvel outil que la SpaSa veut nous faire tester. Il y a aussi un couteau suisse pour chacun, un hamac en matière isotherme, une lampe torche. Et comme capitaine j'ai pour le groupe une pierre à feu, un spray désinfectant et cicatrisant et un couteau de chasse .
— Il n'y a pas de nourriture? demande Matt.
— Et non Flanders, il va falloir qu'on trouve de quoi se nourrir nous-même car...tu te doutes bien qu'on sera pas rentrés ce soir pour le quatre heures !
oh non, on va devoir dormir parmi les moustiques et autres dangers nocturnes?

On est abattus pour certains, et euphoriques pour d'autres. Enfin Kayniss Ford uniquement.
Cette fille, fan de ski extrême et adepte du saut en wingsuit semble dopée à l'adrénaline!
Je dévisage les autres, pendant que Kayniss nous raconte comment elle a su faire fuir un grizzly lors qu'un trek dans le Montana, et clairement, à part Dario qui joue la surenchère en expliquant avoir nagé avec les requins, on est tous dépités.

Margo Johnson, la représentante de la féminité, avec ses jolies boucles blondes et son décolleté vertigineux regarde ses ongles manucurés avec les yeux tristes de celle qui sait qu'elle va perdre de sa superbe.

Aïssa Ben Salim semble chercher l'issue de secours pour foutre le camp (alors qu'on est sur l'autoroute...), et Hazel Van Der Kamp est aussi pâle qu'un fantôme.

Les mecs ne sont pas en reste, mais ils essayent de faire les durs à cuire, histoire de ne pas perdre la face comparé aux autres mâles du groupe. Il n'y a que Matt qui semble vraiment mal en point.
— Hey Matt, ça va aller? je lui demande.
— Oh... heu, ouais... ouais, c'est bon, tout baigne.
Il sue à grosses gouttes et cherche déjà à boire.
— Est-ce qu'on a un peu d'eau au moins pour le début?
Kane me dévisage, en essayant de décrypter ce que j'essaye de lui faire comprendre par de légers coups de menton vers Matt, et en lui indiquant de suivre mon regard discrètement.
— On arrive dans dix minutes, on va pouvoir tester le système de filtrage directement sur place.
Je vois par la fenêtre qu'effectivement nous sommes entourés d'eau. Les marais s'étendent à perte de vue. Rien que l'eau croupie, pleine de tas de petites bêtes.

J'en viens à croiser les doigts pour ne pas avoir à passer de nouveau par la case fumigation à mon retour au centre!