Chapitre 25 - Laely

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Nous avons la chance d'avoir un ange gardien pour nous aider dans cette aventure de dingue. On est tombés sur Gloria comme on tombe sur les bon numéros à la loterie : par hasard!
En même temps, si je n'avais pas insisté pour que les garçons ne se comportent pas comme des brigands, on n'aurait pas eu la chance de manger chaud ce soir. Car franchement, je n'aurais pas supporté de franchir la ligne d'arrivée en me disant qu'on avait cambriolé quelqu'un.

Surtout que Gloria est une grand-mère absolument charmante, elle n'a pas hésité à partager avec nous les victuailles de son potager. Et quel potager! Elle y fait pousser une quantité incroyable de légumes et de fruits. Et comme le sol est particulièrement fertile naturellement, tout pousse en un rien de temps. Elle a ceci dit quelques soucis avec les ratons laveurs et autres ragondins qui viennent se servir en passant par le trou de la clôture.

Alors j'en ai parlé aux garçons en leur disant que ça serait chouette si on pouvait réparer ça pour remercier notre hôte. En échange de nourriture, on peut bien prêter nos bras !

Kane a aussi remarqué que les panneaux photovoltaïques de la maisonnette étaient mangés par la végétation et produisaient du coup bien moins d'énergie pour le logement.
— Demain, on refait trois groupes: un va réparer la clôture, un autre ira élaguer les arbres autour des panneaux solaires et le troisième m'aidera à voir si les hydroglisseurs marchent mais il y aura de la mécanique à faire à coup sûr.

Car au fil de la conversation, alors qu'on était un petit groupe de six dans la cuisine de la vieille dame en train de l'aider à préparer la marmite de potage, j'ai compris à demi-mot que Dan, le mari de Gloria, était décédé cinq ans plus tôt, et que depuis elle avait décidé de rester ici plutôt que de rejoindre ses enfants à Miami, car elle se sent plus à l'aise dans cet environnement qu'en ville.

Mais, elle n'a plus la force de pouvoir tout faire seule et c'est comme ça que le matériel reste à moisir dans le hangar, y compris les hydroglisseurs. Alors spontanément, elle a proposé que nous les prenions pour finir notre course. " De toute façon je n'en ai pas l'utilité" a-t-elle précisé.

Quand Kane l'a su, il y a eu entre nous un échange de regards qui voulait dire : "— bien joué..." J'ai répondu par un haussement de sourcil sous-entendant: "— je t'avais bien dit qu'on ne volerait rien". Et il a conclu par ce que j'ai compris comme étant: "— je te fais confiance" ou quelque chose comme ça.

Alors j'ai timidement baissé les yeux vers le feu de camp devant nous, écoutant d'une oreille distraite les bribes de la conversation du groupe autour des flammes.

Après avoir partagé le repas avec nous, notre sauveuse a rejoint sa maison, nous souhaitant une bonne nuit, bien qu'elle aurait préféré pouvoir nous accueillir tous dans sa maisonnette. Margo elle aussi aurait aimé avoir un petit lit douillet de princesse, mais il va falloir qu'elle s'adapte comme nous tous, et qu'elle s'habitue au sac de couchage/hamac!

Alors chacun rejoint son couchage, après s'être enduit de la pommade anti-moustique que Gloria nous a donnée, mais j'aperçois du coin de l'œil que Kane s'éloigne dehors.

Je n'ai pas encore eu l'occasion de le remercier d'être venu à mon secours sous l'orage. Je saisis cette opportunité pour aller le rejoindre à l'extérieur du hangar.

— Tu as besoin d'un moment seul ou je peux me joindre à toi?
— Oh, Laely...non je t'en prie...
D'un geste il désigne le deuxième vieux rocking-chair situé près de celui où il s'est installé. On a vraiment trouvé des merveilles dans ce hangar!
— Je voulais prendre le temps de te remercier...
Il me regarde les sourcils froncés en penchant légèrement la tête sur le côté, il ne voit pas de quoi je parle.
— Pour être venu me chercher pendant l'orage...
— Ah... oui...
Kane tourne à nouveau la tête vers le marais où l'on voit au loin les yeux jaunes des alligators qui clignotent à la surface de l'eau.
— Tu t'es mis en danger pour venir me chercher. C'était courageux
— Je n'allais pas te laisser là-bas quand même! réplique-t-il. On était tous inquiets de ne pas te voir arriver alors que l'orage était là. Alors, comme je suis le capitaine, c'est à moi de retrouver mes coéquipiers...
S'en suit un silence gêné.
— Au fait j'ai eu des nouvelles de Flanders, il s'en sortira, m'informe-t-il
— Oh super !
— Il a eu un traitement d'urgence pour éviter le pire, mais il va devoir avoir une longue convalescence.
Je ne peux répondre que par un "oh" de dépit.
— Sa jambe est très touchée... Il ne peut plus marcher pour l'instant.
— Merde!
Pauvre Matt, je suis vraiment triste pour lui.
— C'était une morsure d'araignée visiblement...
instinctivement je remonte mes jambes, les serrant contre mon torse comme pour me protéger moi aussi d'une éventuelle sale bête.

Fly me to the Moon - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant