Chapitre 35 - Kane

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Je savais que je serais évalué. Le Major nous l'avait dit. Mais à aucun moment il était question que les newbies entrent dans l'équation. Encore une lubie à la con inventée par un gourou du management participatif et de la bienveillance productive.

Mon cul oui! c'est juste pour faire chier tout le monde et puis c'est tout.


Parce que le problème je le connais, figurez-vous. Ces petits cons vont se faire un plaisir de me de descendre en flammes rien que pour le plaisir.

Ma poison Lyly n'a jamais si bien porté son surnom: elle me nargue! Après avoir lâché cette petite bombe, elle jubile de me voir en panique à l'idée de ce qu'elle (et les autres) vont pouvoir baver sur mon dos.

Pendant toute la séance, je la vois avec ses petits sourires en coin, ses chuchotements avec les autres. Elle le fait exprès pour me faire tourner chèvre.
— Bon c'est pas bientôt fini vos messes basses là? c'est pénible à la fin! Vous n'êtes pas concentrés, ça rime à rien cette séance si vous n'êtes pas dedans plus que ça !
— Vous semblez sur les nerfs capitaine, est-ce que tout va bien? Lance-t-elle, ironique.

Je vais me la faire!

— La ramène pas Armstrong et concentre-toi plutôt sur l'exercice que je vous ai demandé de faire, sinon tu vas finir avec un claquage et on aura l'air bien avec deux blessés à l'infirmerie.
Je ponctue ma phrase d'un regard mauvais... ou du moins j'essaye de paraitre pas content, en prenant bien soin de pas griller ma tentative de faire le gros dur en matant sa poitrine qui attire mes pupilles comme des aimants.

— Tu as des nouvelles de Matt au fait? demande le surfeur du groupe.
— oui, il va mieux et vous pouvez bien sûr lui rendre visite quand vous le souhaitez.

— Je suis passée le voir cet après-midi et ça lui a fait du bien d'avoir de la visite, on devrait tous aller lui passer le bonjour aussi un de ces jours, complète la brunette de mes pensées.
— Bonne idée!
Le groupe valide.

— Je pourrais faire les plannings pour qu'on tourne chacun notre tour en fonction de nos agendas...propose ma poison Lyly
— J'aimerais aller le voir moi aussi..
— Bien sûr May, il serait heureux de faire ta connaissance j'en suis sûre!
Et comme ça, tout en candeur, elle vient à nouveau de prendre la main sur l'ensemble du groupe.
Tout le monde se rallie à sa cause et elle a gagné! Elle m'énerve quand elle fait ça!

— ouais bon ça va là, vous m'avez saoulé! Je peux rien tirer de vous aujourd'hui bande de crustacés! allez tout le monde dehors, j'veux plus vous voir!
— ohhhh c'est bon...rouspète le grand black
— C'est bon M'Gondo! vous êtes relous à pas vouloir bosser correctement. Allez dégagez tous autant que vous êtes.

Et ils sortent de l'eau mais je saisis Laely par le poignet quand elle passe à proximité et je l'entraine un peu plus loin. Il va falloir qu'elle arrête de faire son cirque comme ça à chaque fois!
— T'en as pas marre de faire ta cheffe?
Elle hausse les sourcils et croise les bras sur son torse. Je refuse de regarder son décolleté, je dois rester focus!
— T'es là sans arrêt à prendre des décisions pour tout le groupe, ça devient pénible!
— t'es jaloux?
j'ai envie de lui faire perdre son petit sourire en coin illico presto!
— Mais de quoi tu parles?
— t'es jaloux que j'arrive à fédérer les gens autour de moi et pas toi, alors que t'es censé être "le chef".
Elle fait les guillemets avec les doigts et ça me fout en boule.
— arrête ça tout de suite!
J'attrape ses mains dans mes poings et je la fixe droit dans les yeux. Elle ajoute dans un murmure:
— que j'arrête quoi?
Elle fait un pas et se rapproche de moi en gardant les iris plantés dans les miens.
— ...de... me provoquer

Les derniers étudiants ont rejoint les vestiaires et il ne reste que nous deux, plantés là, droits comme des bâtons, tendu et fébrile pour ce qui me concerne. A cet instant je remercie le slip magique de me contenir. J'ai au moins le bas du corps maitrisé: En haut par contre...
— Ah tu trouves que c'est moi qui te provoques?

Je suis en pleine noyade! Je me noie dans son regard, je perds le fil de ce que je raconte. Au secours! qu'on me laisse profiter de ce délice!

Je me suis approché un peu plus et désormais il n'y a plus qu'un souffle qui nous sépare. La chaleur du corps de ma naïade irradie contre le mien, et si je n'y prends pas garde, je pourrais frôler l'un de ses seins par ... inadvertance?
Je veux ses lèvres! Oui je les veux, plus que tout à ce moment, rien d'autre ne compte. Pas même les battements de mon cœur qui se font entendre jusque dans mes tempes.

Le temps a suspendu son vol, et il n'y a rien que nous deux, ses doigts dans les miens, mon regard dans le sien, nos peaux humides et frissonnantes. Et je suis compressé à mort dans mon slip, et bordel ça fait mal!
— Oui tu me provoques, ne nie pas...
— je crois plutôt que c'est toi qui me cherches... monsieur le capitaine de mauvais poil...
— je suis pas de mauvais poil !
— tu es ronchon!
va-t-elle faire le lien?
— je ne suis pas ronchon, je suis juste agacé ! nuance !
— Et bien sûr c'est de ma faute...
— ne prends pas ce petit air avec moi, Laely...
— Sinon quoi?
Je peux pas lui dire que je la ferai taire en lui dévorant les lèvres, hein? Non... je peux pas...
pourtant ...Nom de Dieu !
"Regarde moi ça Kane, t'as jamais été autant perturbé par une gonzesse. C'est incensé mon gars!"

Je la détaille avec une minutie chirurgicale, et le pouls qui bat dans sa jugulaire ne trompe pas: elle est tout autant chamboulée que moi!
— Ne me force pas à prendre des mesures plus draconiennes...
J'ai prononcé cette phrase dans un soupir, presque contre ses lèvres, j'ai fait preuve d'un self-control hors norme. Et c'est fier de moi que je l'abandonne là, pantelante.

Oui je l'ai sentie vaciller...

°°°°Laely°°°°

C'était quoi ça ?
Kane vient de partir en me laissant là, comme une conne, au milieu des gradins de la piscine.
J'ai froid, j'ai chaud, je suis épuisée et j'ai une énergie de dingue. Bref ma boussole interne est complètement détraquée.

J'ai juste le temps de mater une dernière fois son p'tit cul à croquer avant qu'il ne rejoigne les vestiaires. Ce mec est une friandise pour les yeux! Il est gaulé comme un dieu et j'ai un mal de chien à résister à ses lèvres qui m'appellent dès que je suis près de lui.
Je prends cinq minutes pour m'asseoir sur un strapontin et reprendre mes esprits suite à notre dernière prise de bec.
— c'est moi ou c'est de plus en plus intense entre nous ?

Mon corps lui-même est en ébullition. Je sens qu'il ne faudrait pas grand-chose pour que mes dernières résistances lâchent. J'ai tellement envie de l'embrasser dans ces moments-là que ça en devient trop visible. Là c'est facile de dire que si j'ai les seins qui pointent c'est parce que j'ai froid... sauf qu'en vérité je suis en feu.

Je rejoins vite le vestiaire car il est urgent que j'aille débriefer avec Jojo de ce qui vient de se passer. Depuis que je lui ai enfin tout avoué, j'ai l'esprit plus léger et ma conscience sait qu'un compte-rendu va être fait très rapidement ensuite, pour mettre toutes mes actions sous les projecteurs et analyser tout ça.

Faut dire que la technique du "je te fais croire que je t'ai cramé dans le questionnaire d'évaluation de tes compétences managériales " a super bien marché comme ma meilleure amie l'avait prédit.

En vrai je ne l'ai pas saqué, au contraire. J'ai dit que Kaneminator était en progression et qu'il avait vraiment bien géré les crises sur le terrain, dans les Everglades.
Kane a foncé tête baissée dans le piège. Il s'imagine sûrement que je l'ai massacré dans le questionnaire, alors qu'au contraire, j'ai souligné dans mon compte rendu de la première épreuve des Moon games que j'avais trouvé qu'il avait très bien rempli son rôle de capitaine.

Arrivée à la coloc, on s'installe et je lance le débat :
— Ok, je vais arrêter de me voiler la face, Kane me plaît.
Joannie, bouche bée, ne prononce pas un mot.
— j'ai failli lui sauter dessus à la piscine, ok?
Jojo fait la carpe.
— Il est canon, il me fait tourner chèvre et j'adore ça.
Je prends une grande inspiration, et conclue par:
— Maintenant passons à autre chose. ... et je t'interdis de me sortir le "j'te l'avais dit"

Elle fait mine de verrouiller ses lèvres avec une clé qu'elle jette par-dessus son épaule.Elle n'a pas dit un mot et j'enchaîne :— Bon toi par contre... Parle moi de Tony!

Fly me to the Moon - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant