Chapitre 28 - Laely

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- allez Laely... concentre -toi....
Soudain je la vois: la vitrine aux trophées !
- yes!

Je reconnais enfin le chemin qui mène au toit.

J'ai une fois encore décidé de travailler mon sens de l'orientation, et cette fois la motivation m'a aidée à atteindre mon but.
J'ai refusé d'activer le GPS car, nom d'un chien, je suis bien capable d'y arriver non?
et juste quand je commençais à me résigner à réactiver le guidage, BAM, voilà un repère dont je me souviens!

Je gravis les dernières marches le cœur battant, excitée de replonger dans mon enquête. J'adore endosser ce rôle. Ça me rappelle certains romans policiers que j'ai pu lire quand j'étais ado.
- et s'ils sont là... je fais quoi?
tout à coup j'ai un gros doute.
Mais je me dis qu'après tout je peux jouer l'innocente, la newbie qui s'est perdue...ce qui n'est pas tout à fait faux, n'est ce pas ?!

Alors timidement je pousse la lourde porte coupe-feu, et à pas de loup, j'avance vers la cachette - oh, y'a personne.
En ce mardi après-midi, rien de très étonnant, on est tous plus ou moins en cours, et moi désormais dès que j'ai un creux entre deux matières j'ai décidé que je consacrerai ce temps libre à résoudre cette enquête.
pourquoi?
Je ne suis pas sûre de savoir en fait. Je trouve simplement ce lieu apaisant et les textes que j'ai pu découvrir dans ces carnets m'ont vraiment touchée.
Je reprends place sur le transat et je décide de poursuivre ma lecture là où je l'avais laissée.

Quelle n'est pas ma surprise de découvrir un petit papier griffonné de la même écriture que celle des poèmes, posé sur la pile de carnets. J'y lis:
"Je sais que tu es venu ici et que tu t'es servi dans ma réserve de bouffe. Franchement c'est pas cool de piquer des trucs aux gens! Recommence pas où je serai obligé de poser des caméras pour t'identifier et te faire la peau ! Ouais moi je rigole pas à propos des cookies!"
et dessous le décompte de mes consommations: 3 biscuits et une bouteille d'eau.
- oh merde!
j'ai un coup de stress.

Il a détecté mon passage. Il sait que je suis venu...
- Je ne devrais pas être là...
et puis je me dis qu'après tout, les locaux du centre appartiennent à tout le monde .. et puis lui non plus il ne devrait pas être là... et puis...
- Je n'aime pas ce petit ton hautain!
Je prends le stylo et je retourne le bout de papier pour répondre:
-"tu n'as rien a faire là de toute façon, ça m'a pas l'air très autorisé tout ce que tu fais ici. Donc pas la peine de me menacer, car si tu le fais, je peux moi aussi jouer la pénible et aller te dénoncer au Major !"

Nan mais ho, il va se calmer celui-ci !

Puis soudain je réalise: c'est écrit " je serai obligé", c'est donc un mec!
Mon flair d'enquêtrice se remet en mode "on", et je me dis:
- et d'ailleurs mon coco, je vais lire absolument tous tes textes... tu crois pouvoir m'impressionner ? Et ben c'est raté !

Regonflée par un élan de confiance en moi soudain, je décide donc de m'installer confortablement dans le transat et de continuer la lecture des carnets en grignotant un autre cookie.
- attends, je vais ajouter: "PS: je te rembourserai tes précieux biscuits!"
et même que je lui donnerai des trucs meilleurs que ça ! Qu'est-ce que c'est bourratif!

Je vois que mon hôte a complété une nouvelle page de son carnet.
Ses pattes de mouche m'empêchent de déchiffrer le titre, mais le reste du texte me frappe en plein cœur.

"Tu as insufflé dans mes veines comme un tourment.
Je perds la raison et le repos, feu brûlant.
Ce doux délice sucré me comble tel du miel
Bientôt, tout devient amer, sans répit ni ciel
Tu me tiens captif, jamais ne me laisse partir
Je succombe à ton élixir, pourquoi guérir?
Sache que même si ces flammes m'hypnotisent par leur danse,
Je rêve d'être celui qui te t'entrainera dans cette transe."

Que c'est beau!

J'en reste pensive pendant de longues minutes, les phrases dansent dans mon esprit comme les flammes dont il est question dans le texte.
C'est vraiment intense, ça résonne en moi...
Je me sens toute chose.

Alors je reprends mon petit bout de papier et j'ajoute:
- "tu sais, tu as un vrai don, monsieur le ronchon. Tes textes sont très touchants. Et le dernier m'a vraiment émue. Je préfère cette facette de toi plutôt que ton rôle de gros dur (qui fait peur à personne)"

Malheureusement, je n'ai pas beaucoup de temps aujourd'hui pour poursuivre ma découverte. Il faut que je parte.
Je prends soin de tout ranger en laissant ma réponse sur le dessus de la pile de carnets dans la malle. Puis je quitte les lieux à reculons.

Je reviendrai demain, de toute façon je dois rembourser ma dette.

****Kane****

Ce soir, j'ai donné rendez-vous aux newbies à la piscine pour une session d'entraînement un peu particulière. Je veux leur faire passer le message que notre entrainement à un but suprême: celui du voyage dans le vide interstellaire et que, là-haut, ça pèle à -270°!

D'où l'idée de l'Alaska pour la deuxième épreuve, et d'où aussi l'idée de la piscine. Car avant de s'envoler vers le Nord, on est ici dans une ambiance chaude et humide qui n'aide pas à s'imaginer de telles températures négatives.

Que fait-on en Floride pour se refroidir? On se baigne! Sauf qu'ici, la piscine est conçue pour tous ces entrainements. Ce n'est pas un spa ou une balnéo où on fait des massages et autres masques exfoliants!

MAIS, avant tout ça, je dois aller vérifier si mon piège à marché!
Je suis impatient de voir si effectivement le fouineur est revenu et surtout s'il m'a remboursé mes cookies!
- Faut pas déconner, la bouffe c'est sacré!
Quand j'arrive sur place, je suis stupéfait de constater que :
1) il est revenu
2) il a répondu à mon mot
3) c'est une fille!
4) elle a ENCORE boulotté mes biscuits!
5) elle a lu mon dernier texte et l'a beaucoup apprécié...

Nom de Dieu, mais c'est qui cette nana? y'a intérêt à ce qu'elle tienne parole et qu'elle raboule la monnaie! C'est pas open bar ici!

- Non mais je rêve!
Ma cachette n'est plus secrète, et il va falloir que je pense à déménager mon matériel.
J'ai pas envie de me faire voler ma beuh!
- heureusement qu'elle n'y a pas touché la petite fouine!

J'avais oublié de prendre le précieux sachet, mais en même temps je n'ai pas d'autre cachette où je pourrais le dissimuler. Elle a bien compris que si je viens là c'est pour être tranquille, et j'ai pas envie que ça se sache.
Alors je laisse un nouveau mot:
- "tu peux me faire autant de compliments que tu veux, ça ne change rien à ta dette".
et je rajoute 2 autres cookies au décompte de ce qu'elle m'a chouré.
- "toi non plus tu n'a rien à faire ici, et arrête de toucher à mes affaires, bordel...c'est pas la fête du slip, là"
Je me demande bien qui c'est... Je tente ma chance avec :
- "dis-moi qui tu es la fouine, et je ne te dénoncerai pas"

Elle a l'air maline, et je doute qu'elle me donnera son identité, mais qui ne tente rien n'a rien.

Et puis comment ça "monsieur le ronchon"? D'où je fais peur à personne? En attendant ça me fait sourire cette petite joute.

Fly me to the Moon - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant