Chapitre 26 - Kane

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On est rentrés depuis quatre heures maintenant. Le retour au centre a été comme un coup de massue. D'un coup, toute la pression accumulée pendant les deux derniers jours s'est effondrée. Chacun a rejoint son logement, et en ce qui me concerne, après une bonne douche et un bon repas, j'ai désormais la tête dans le sac.

La vie reprendra son cours demain matin, avec les cours. Et en ce dimanche soir, je suis calé dans mon transat dans mon "QG".

Alors, non, je vous rassure, je ne suis pas tombé dans une sorte de para-militarisme. Moi, mon "Quartier général" c'est la terrasse accessible au-dessus de la bibliothèque: le meilleur spot de tout le centre pour chiller tranquille, le soir, en regardant les étoiles scintiller.
Mais malheureusement, ce soir, ma comparse habituelle, Camilla Hernandez, capitaine de l'équipe Iota, ne m'accompagne pas.

Elle m'a informé que son équipe est tombée malade, et tous les iotas sont à l'isolement depuis leur retour. On a découvert que c'était une forme mutante du virus SARS-COV, le fameux Covid qui avait causé une pandémie sans précédent au début des années 2020. Cette saloperie a continué depuis près de 150 ans à muter et à s'adapter à toutes les espèces animales.

Pour les iotas, il semblerait que ça vienne d'un raton laveur qu'ils avaient réussi a attraper dans le marais pour le bouffer... Sauf que ça ne s'est pas passé comme prévu!

Là où on est tous inquiets, c'est que la mutation dont ils sont atteints n'avait encore jamais été identifiée. Il n'y a donc pas grand chose à faire pour le traitement à part leur prodiguer les soins utilisés pour la précédente vague épidémique. Et bien sûr, c'est moins efficace.

Je croise les doigts pour que Cam s'en remette vite et je me dis que ça aurait pu nous arriver à nous aussi les Oméga, si Laely n'avait pas insisté pour qu'on rencontre Gloria notre ange gardien.
— Pfff quand j'y pense, les deux derniers jours ont été ahurissants!

Moi qui voulais de l'action, j'ai été servi!

Je suis soulagé de savoir que Flanders se remettra de son coup dur.
— Il nous a vraiment fait peur, ce con!

Je tire une dernière taffe sur mon joint, et maintenant complètement détendu, j'ai une furieuse envie de jouer de la gratte.

Il me faut un exutoire pour me sortir ma Poison Lyly de la tête. Elle m'obsède. Elle est partout dans ma boîte crânienne. Elle me nargue, elle me provoque, et j'ai tellement envie de céder!

— pffff quelle merde!

Mes doigts effleurent négligemment les cordes de l'instrument, sortant quelques notes au hasard, sans ordre, sans sens, en vrac, comme mon état d'esprit.

— dispersé, ventilé, éparpillé façon puzzle..

Cette nana est en train de me balader, et comme un con je me laisse faire, pire, j'adore ça!

Elle souffle le chaud puis le froid... en fait plus de froid que de chaud, on va pas se mentir. Et moi je reste là, à guetter le moindre geste qu'elle pourrait faire dans ma direction. Puis, quand ça finit par arriver, je fond comme un chamallow lors d'une soirée pyjama entre copines!

— quand je vois comment j'ai réagi comme un ado pré-pubère quand elle m'a fait une bise sur la ligne d'arrivée!

Nan mais franchement!

J'en rigole maintenant, mais ça c'est parce-que j'suis défoncé. En temps normal j'me foutrais des baffes!

Depuis deux minutes, mes doigts ont décidé de sortir les accords d'une vieille chanson qui m'a toujours procuré des sensations intenses. Et, même si elle date du début des années 2000, "The Scientist" de Coldplay reste une mélodie qui me prend aux tripes et les paroles sont si bien adaptées à mon état d'esprit...
— Come up to meet you, tell you I'm sorry, you don't know how lovely you are..
(Je viens vers toi, pour te dire que je suis désolé, tu ne sais pas à quel point tu es adorable)

Fly me to the Moon - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant