Chapitre 56 - Kane

53 19 16
                                    

Laely va mal.

Depuis le départ de ses parents en toute fin d'année dernière, je sens qu'elle est confrontée à un truc qui la dépasse et qu'elle n'avait pas mesuré.

Elle a vu ses parents partir avant elle, contrairement à ce qu'elle s'était imaginé.

Dans son esprit il lui restait encore deux ans avant qu'elle ne rejoigne la station lunaire. Sauf que les choses ont changé plus vite que prévu, et elle n'a pas eu le temps de s'adapter à ce revirement de situation.

Ce qui m'inquiète à plusieurs titres.
D'une part car je vois qu'elle va vraiment pas bien du tout et que ça m'inquiète de plus en plus, mais d'autre part, il est indispensable pour nous autres, les "préposés au grand voyage", d'avoir des capacité d'adaptation hors norme.

Or là, ça fait maintenant un mois et demi qu'elle est dans un état de lamentation terrible et j'ai peur pour ses résultats universitaires.

Il faut qu'elle se ressaisisse.

J'ai beau être patient, doux, attentionné comme jamais je l'ai été avec aucune nana, rien n'y fait.
Alors que ma douce est partie se préparer pour une petite sortie que j'ai organisée pour nous deux, je discute avec sa meilleure amie. Notre relation s'est largement adoucie, et on arrive à communiquer sans se bouffer le nez, d'autant que là on a un intérêt commun: le bien-être de Laely.

— Je m'inquiète pour Lyly, m'avoue Joannie.
— Ouais, moi aussi... Je ne sais pas quoi faire. J'espère qu'on pourra discuter tranquillement ce soir, et qu'elle va entendre ce que j'ai à dire.
J'attrape ma bouteille de bière pour en prendre une lapée.
— Et tu vas lui dire quoi?
Dans un soupir je secoue lentement la tête.
— Que je sais bien que c'est compliqué pour elle en ce moment suite au départ de ses parents qui l'a foutue en l'air. Pourtant les séparations, c'est ce qui vous attend...
— Tu vas pas avoir du mal pour quitter ta famille toi?

J'ai pas tellement envie de parler de ça avec Joannie. Même si notre relation est détendue, on en est pas au point de se faire des confidences... enfin pas moi en tout cas.
— Tu sais, Lyly, en dehors de ses parents, elle n'a plus de famille en vie, reprend la furie. Elle était très proche de sa grand-mère maternelle, malheureusement elle est décédée il y a trois ans environ, et Laely a eu beaucoup de mal à passer le cap.
— Ah ? j'ignorais...

Une fois de plus je me rends compte qu'on ne communique pas assez Laely et moi. On sort ensemble depuis cinq mois maintenant, et je sais si peu de choses sur elle.
Il devient urgent qu'on approfondisse notre lien. Car au delà du sexe (sujet qui commence aussi à souffrir de son malaise persistant), j'ai besoin d'une connexion plus profonde avec elle. Mais voudra-t-elle un jour me laisser entrer complètement dans sa vie?
Je sens qu'elle maintient une distance en permanence.

— Me voilà...
Toujours aussi ravissante, ma nana m'éblouit à chaque instant. Dès que je la vois, je ne peux réprimer un sourire.
— Hey, salut toi...
Je me lève pour l'enlacer. Je dois continuer à lui faire la démonstration de mon soutien, elle a besoin de mon regard amoureux, je le sens.
— Bon je vais vous laisser... Bonne soirée les tourtereaux..

Après avoir fait une bise à son amie, Joannie quitte la cuisine, mais elle n'a pas passé la porte que l'une des autres colocataires fait son apparition: Kimbra Muller, la relou qui me colle au cul depuis trois ans.
— Oh, voyez-vous ça... lance la blondasse.
— Pitié ! Pas elle...
Laely s'éloigne de moi en une fraction de seconde, j'ai même pas le temps de la retenir par la main qu'elle a déjà rejoint le mur opposé.
— Fais pas chier Muller! grogne Joannie sur la défensive
— Ferme la Pesquette!
— Ne lui parle pas comme ça Kimbra, je te l'ai déjà dit! prévient Laely
— Oh c'est bon, ça va... pas la peine de s'énerver...

Fly me to the Moon - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant