Nexus · PLK

Chapitre 3

Mathieu (sur-lendemain de l'appel de Dao)

Même en l'ayant couchée, sous mes yeux, en face de moi, j'arrive pas à calmer les battements de mon cœur, ni le flot de pensées qui s'abat sur mon crâne. La main posée contre le ventre de Michka, les cheveux éparpillés sur son oreiller, j'ai réussi à la rendormir après la scène de tout à l'heure.

Mais même si elle a l'air apaisée, les yeux fermés, la bouche légèrement entrouverte, chaque parcelle de mon corps se rappelle parfaitement de la façon dont elle tremblait tout à l'heure. Lili, elle tremblait. La même Lili que celle qui n'a pas cillé une seule seconde lors de notre premier combat, pas une seule seconde devant Elena, pas une seule seconde dès qu'il a fallu protéger Michka.

Elle tremblait.

Je peux pas lui en vouloir de penser à cette putain de convocation tout le temps, c'est pareil pour moi depuis que son reuf a appelé. Rien que quand elle a raccroché, j'étais déjà inquiet. Ça s'est largement amplifié quand elle m'a laissé dans la salle de bain du gîte pour aller se coucher sans un mot, puis quand elle a ignoré mes tentatives de discussions sur l'oreiller.

Elle a rien voulu me dire, rien voulu régler avec moi.

Alors nan, j'suis peut-être pas le plus intelligent, mais j'suis pas le plus con non plus : c'était évident que même si elle n'a pas voulu ouvrir la bouche pour en parler, ça voulait pas dire qu'elle était pas en train de monter un conseil de défense avec Alex et Ben dans sa tête. J'en faisais juste pas partie.

Je sais pas vraiment ce qu'elle s'imagine. Que je vais claquer la porte en lisant la convocation ? Que je vais la laisser derrière moi ? Je crois que y aurait aucun truc qu'elle aurait pu faire qui pourrait me donner envie de faire un truc aussi con. Je pourrais découvrir qu'elle est à la tête d'une mafia que je continuerais à marcher près d'elle.

Quand je me représente ma rousse, cheffe de mafia, avec moi et mes gars à sa suite, j'arrive pas à retenir mon sourire.

- Ça tuerait de fou, je pouffe tout seul.

Et c'est un gazouillement qui me répond.

- Wesh, je murmure en baissant les yeux vers le petit moi qui a enfin rouvert les yeux, posé entre moi et sa mère sur le lit.

Sa petite main vient froisser les draps près de moi sans m'atteindre, et je me rapproche de lui jusqu'à ce qu'il puisse me toucher quand je vois ses poings se serrer.

- Pleure aps, je murmure contre son cou, j'suis là. J'voulais que t'aies de la place pour dormir, j'vais nulle part.

Mes poumons se relâchent quand ses petites mains viennent jouer avec mes cheveux. Je pourrais rester comme ça des heures, juste à le sentir bouger contre moi, gazouiller de temps en temps.

- Tu fais grave les meilleures papouilles Mimi, j'expire contre les draps en profitant de ses doigts dans mes cheveux. À mon tour, je me redresse en faisant le moins de bruit possible.

Délicatement, je retire la main de ma rousse du ventre de Michka, qui s'agite de plus en plus, avant de la poser contre mon ventre à moi.

- Viens-là, je soulève doucement mon fils avant de venir le déposer contre la peau de mon torse. On est bien là, je caresse du bout des lèvres son bras.

Je pourrais jamais me lasser de voir sa petite main parcourir ma peau, même après 5 mois.

- 5 mois wesh, ma voix se brise contre sa peau, et je suis obligé de fermer les yeux pour ne pas me mettre à chialer. J'suis désolé de ce que t'as dû vivre pour arriver là, je promène mes doigts sur la peau de son dos, mais j'ai jamais été aussi complet que depuis que t'es avec nous.