Nexus · PLK

Chapitre 8

Lili

- Puis y a Orm, il a pris le torchon de Babcia, et il a tapé le méchant avec, je laisse le mouvement de la chaise à bascule nous bercer, pendant que Mathieu raconte une énième histoire à Michka, lové dans nos bras.

J'arrive pas à poser mes yeux sur tout ce qui m'entoure en même temps, mais j'essaie d'en retenir le plus possible, d'enregistrer tous les détails que je peux : les plis des petits doigts de Mimi, glissés entre les miens, la légère barbe de Mathieu qu'il oublie de raser depuis 2-3 jours, la douceur du petit plaid qu'on a déposé sur Michka pour pouvoir ouvrir la fenêtre à côté de nous, le bruit des oiseaux.

- T'veux savoir la suite ? Mon sourire s'élargit quand Mathieu enfouit son visage contre le ventre de Mimi, et que son gazouillement remplit le salon.

J'aurais pas pu demander mieux pour mon fils, y aurait pas eu mieux que Mathieu. La seule chose que je voulais pour lui, c'est qu'il soit heureux, qu'il ait ce que moi et son père on n'a pas eu la chance d'avoir : une enfance avec de l'amour, de la stabilité, et de la joie. Une famille unie, moi, Mathieu, et Enzo, près de lui.

- Je t'aime, je murmure en glissant mes doigts dans les premières racines brunes qui pointent à nouveau le bout de leur nez parmi la teinture blonde de mon copain, je t'aime trop Mathieu.

La main qu'il avait autour de ma hanche remonte jusqu'à ma joue, avant qu'il ne m'embrasse. Et je sens mes joues picoter quand il n'éloigne pas son visage du mien, une fois nos lèvres détachées.

- T'sais pas combien de fois je vais te le répéter dans quelques jours, il caresse mes lèvres avec les siennes. Masse de fois avant qu'on parte chacun de notre côté le matin pour se préparer, masse de fois à la mairie, masse de fois au repas, masse de fois à la soirée, masse de fois quand tu seras avec moi sous la couette avec nos bagues aux doigts. Je t'aime Lili.

Et entre nous, Michka tend sa main vers mes cheveux, qui pendent au-dessus de lui.

- T'as la plus belle des preuves qui demande sa maman, les lèvres de Mathieu me chatouillent la tempe.

J'ai du mal à ne pas mordre ma lèvre quand je pose mes yeux sur le sourire de Mimi, qui nous observe en gazouillant doucement. À lui seul, il rassemble tout ce que je ressens pour son père, tout ce qu'on a vécu tous les deux pour en arriver à aujourd'hui. Même s'il n'était pas encore né, il a vu tout le chemin que Mathieu et moi on a parcouru, tous les deux.

- Tu es trop beau, je chuchote en suivant du bout du doigt la courbe de ses petites joues.

- Et il a besoin de toi kochanie, Mathieu pose sa tempe contre la mienne.

Il essaie depuis plusieurs jours, mais c'est difficile. Il essaie de me convaincre que je ne suis pas un danger pour Michka, que je peux rester seule avec lui, m'occuper de lui toute seule, sans qu'il soit là près de nous dans la pièce. Sauf que les images ne quittent pas mon esprit, les images de Louis, penché au-dessus de moi, et la façon dont mon corps refusait de bouger, à part pour trembler. Comment j'aurais pu assurer la sécurité de Michka dans cet état ?

- Je l'aime trop Mathieu, ma voix se brise quand mon fils pose sa petite main dans ma paume, je veux pas qu'il lui arrive quelque chose à cause de moi.

- C'est déjà arrivé ? Il nous resserre contre lui.

- C'est pas la question, je ferme les yeux.

- Est-ce que c'est déjà arrivé Lili ? Il caresse mes cheveux du bout des doigts. Tu as été toute seule des centaines et des centaines de fois avec lui, que ce soit enceinte ou depuis sa naissance, il a toujours été en sécurité près de toi. Tu lui as donné la vie, c'est sa voix qui se brise, alors que tu avais peur, que tu venais de vivre une putain de dinguerie, que je venais à peine de revenir près de vous. Tu lui as donné la vie Lili, j'pourrais jamais t'honorer assez pour ça. Il craint r près de sa maman, moi je le sais, s'il faut j'vais te le montrer H24, même si ça te saoule, même si tu me fous au sol, il sourit doucement contre ma peau.