Chapitre 60

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Mathieu

J'ai arrêté d'essayer de capter ce qu'il se passait. On a quitté l'hôtel, le soleil était même pas levé, moi si, et depuis longtemps. En fait, je me suis même pas couché. J'ai regardé le lit parfaitement fait de la chambre d'hôtel comme si c'était un ovni, et j'y ai pas touché. Juste parce que je me suis fait une promesse vite fait pour déconner, mais qu'elle a fini par devenir sérieuse.

Le prochain lit dans lequel je me pose, c'est le mien, et pas sans Lili.

Suffit que je pense à son prénom pour que mes émotions deviennent encore plus foireuses qu'elles l'étaient déjà, je suis à la limite d'avoir envie de dégueuler. Pas parce que je suis rempli de bails négatifs et désagréables, nan. Surtout parce que l'idée de la revoir dans même pas 10 minutes me fait ressentir tellement de trucs différents que j'en ai le mal de mer.

- Tu sais quoi ? Je relève les yeux de mes chaussures quand Moctar brise le silence, derrière le volant de la caisse qu'on a louée. Si l'état dans lequel t'es, c'est d'être amoureux d'elle, frère je l'ai jamais été. Limite ça fait flipper, il ricane, t'as pas lâché ton bouquet de fleurs depuis qu'on est partis, et je te vois respirer toutes les 20 secondes, mais entre y a r.

- J'sais pas si j'suis amoureux, je lâche, le regard dans le vide. J'veux pas faire le lover, c'est pas mon bail, mais j'peux te jurer que ce mot-là il suffit plus depuis méga longtemps.

Je l'aime à m'en foutre en l'air.

- C'est ma femme, je murmure en faisant tourner mon alliance autour de mon doigt.

- Nan jure ? Orm sourit comme un con.

Il peut se foutre de ma gueule autant qu'il veut, je m'en bats les couilles. Parfois, savoir qu'elle porte mon nom, qu'elle m'a dit oui, ça paraît juste surréaliste. Autant que pour moi, que pour elle. Vu la merde que j'étais y a deux ans, vu comment elle, elle a toujours voulu être indépendante, forte par elle-même, et vu la manière dont notre relation a commencé, j'aurais parié sur tout sauf sur le fait que Maëlle devienne ma femme un jour.

- Mais wesh, mon meilleur ami chuchote quand mes joues s'humidifient. Je sors du périph' et on y est, tu vas pas t'assécher d'ici-là ?

- Ferme ta gueule, je souffle en essuyant mes joues, fous-moi la paix.

J'ai flippé ma race toute la semaine. J'ai attendu ce moment toute la semaine. Y a pas un instant où j'ai lâché mon téléphone, même sur scène. Y a pas une seule scène avant laquelle j'avais pas posé un sac déjà préparé à l'entrée des coulisses au cas où fallait que je quitte le concert en de-spi.

Sauf qu'il s'est rien passé. Elle va bien. Au moins assez pour tenir debout.

- T'es prêt ? Moctar se tourne vers moi quand on approche du parking, le tour bus à deux voitures devant nous. Tu veux que je fasse comment ?

Je voulais pas juste être le premier à sortir du bus. J'ai eu cette image dans la tête toute la semaine, de pouvoir l'entourer de mes bras sans qu'elle le voit venir, et pas qu'elle m'attende juste à l'entrée du bus. Du coup on a loué une voiture. Et dans le bus y a juste le Panama.

- Tu te gares un peu plus loin, faut qu'on marche un peu, histoire qu'on nous entende pas arriver, j'ai déjà du mal à respirer quand je vois le bus quelques dizaines de mètres plus loin, descendre la bretelle qui mène au parking.

Maëlle est solide. Vraiment beaucoup. Ça nique juste sa race de savoir que j'ai pas été là pour la protéger les moments où elle l'a pas été assez pour empêcher Louis de revenir se frayer un chemin dans son crâne. J'ai la haine, et ça se mélange au manque, et à tout ce que je ressens pour elle. À ça faut rajouter le stress, la fatigue, et tout un tas d'autres merdes.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant