Chapitre 58

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Lili

En rajustant le col de mon chemisier, je tiens la porte à Enzo pour qu'il se glisse à côté de moi.

- Arrête de te mordre la joue, je caresse le petit pli de peau impossible à rater au coin de ses lèvres. Tu m'as dit que c'était pour quoi ?

- Mais je sais pas en plus, il souffle en remontant la bretelle de son sac à dos sur son épaule, il a pas dit, il a juste dit il voulait voir mes parents, son regard tombe au sol.

Mathieu est reparti. Il a donné tout ce qu'il pouvait à Enzo pendant le temps qu'il avait, ça n'a pas empêché pour autant le sourire du petit brun de disparaître à l'instant où poussin a disparu dans le tour bus à nouveau.

- Imagine il change d'avis et tout, il se lâche sur la chaise à côté de moi, dans la salle d'attente de la vie scolaire, pendant qu'il est loin.

J'aimerais vraiment, si fort, parler de toutes les larmes de Mathieu que j'ai eues à recueillir avec mon pouce, avec les draps ce week-end, en l'écoutant me raconter les premières années passées avec Enzo quand il était tout petit, puis celles à l'opposé, passées sans lui. Mais ses larmes n'appartiennent qu'à lui et moi, et il se débrouille si bien pour l'instant avec Enzo, que je n'ai même pas envie de m'impliquer. Ça va juste demander un peu de temps avant que le petit brun qui désespère sur son siège à côté de moi, commence à faire pleinement confiance à son papa.

- C'est avec qui qu'il s'est moqué de moi ce matin au téléphone ? Je hausse les sourcils. Rappelle-moi.

- Nan mais c'était drôle aussi, j'arrive à lui tirer un petit sourire.

Sourire qui disparaît quand la porte devant nous s'ouvre, pour laisser passer un homme, probablement dans la quarantaine, qui ne se gêne même pas une seconde pour me détailler de la tête aux pieds quand je me lève de ma chaise.

Et c'est ça qui élève un de mes bébés.

- Vous êtes la nounou ? Il observe la main que je tends par politesse, et le petit brun à côté de moi fronce déjà les sourcils, le poing serré.

- Maëlle Pruski, je hausse les sourcils, en empêchant Enzo de commencer sa petite rébellion en posant ma main sur son bras. Je n'ai rien d'une nounou, mon fils a 13 ans, il sait se garder seul. Et vous, vous êtes un surveillant ?

J'ai rien contre les surveillants. Ils sont sûrement bien plus intègres que lui. Ça n'empêche pas ma pique de blesser ouvertement le CPE, et de faire sourire Enzo à côté de moi.

- Monsieur Alvard, je suis le CPE, cette fois il me tend sa main pour faire bonne figure probablement, mais s'il croit que je compte la serrer, il se fait des idées.

- Attendez, je fouille dans mon sac à mains à la place, avant d'y prendre mon stylo et un ticket de caisse qui y traîne, que je note, je relève les yeux vers lui, un sourire aux lèvres, et il laisse sa main retomber contre son pantalon parfaitement tiré.

La manière dont Enzo se détourne pour rigoler en silence, c'est la seule récompense dont j'avais besoin. Et ça me donne envie de rire aussi. Je me retiens, ça niquerait tout, c'est mieux s'il croit que c'est le comportement que j'ai avec tout le monde.

- Vous voulez mon mail ? Il me regarde écrire son nom sur le ticket de caisse.

- Ça m'étonnerait que ça me soit utile un jour, mais allez-y, je hoche la tête sans relever les yeux du papier.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant