Chapitre 51

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Lili

- Tu comptes sortir ? Alex me regarde depuis le siège passager, alors que j'ai pas bougé d'un poil depuis que j'ai arrêté la voiture devant la maison.

Il fait déjà nuit, Mathieu a fermé les volets qui donnent sur le devant, il a sûrement pas vu que j'étais rentrée.

- Laisse-moi tranquille, je soupire, je réfléchis.

- Tu réfléchis de rien du tout, tu retardes juste le truc, il souffle. Alya elle t'a dit wesh, y a rien de compliqué. Il va pas t'engueuler ou quoi, c'est Mathieu. C'est quoi le problème là ? Parce que je le vois pas.

Qu'Alex continue à essayer de me pousser à sortir, c'est pas grave, c'est juste un bruit de fond dans ma tête. Je sais de quoi j'ai peur, et je devrais même pas en avoir peur, parce que ça devrait même pas avoir eu lieu : je flippe comme au début de notre relation à l'idée de me mettre à nue comme ça devant lui, ça fait une éternité que je l'ai pas fait. Je lui ai montré tout un tas de choses sur moi depuis, peut-être, mais ça fait très longtemps que j'ai pas eu à avouer mes erreurs, je sais même pas si un jour je l'ai fait près de lui, et ça me donne encore plus envie de vomir.

- Lili, Ben me sourit doucement dans le rétro, tu te sentiras mieux après.

- Mais en plus, je souffle, y a pas que ça. Si comme tout le monde dit, j'ai un comportement d'enfant depuis des semaines, ça veut dire qu'il l'a vu aussi. Vous croyez vraiment qu'il est tombé amoureux de moi à la base parce que je me comportais comme une enfant ? Nan, je réponds toute seule, les yeux fixés sur la rue sombre devant le capot.

- Bah justement, Alex hausse les sourcils. Tu te lèves, t'arrêtes de paniquer, t'es bien plus forte que ça, donc tu vas lui parler. Elle est passée où même la Lili qui descendait les couloirs du Panenka avec la tête haute et les idées en place, même quand Mathieu faisait encore de la merde ?

Ma mâchoire se contracte d'elle-même, et ça le fait sourire à côté de moi.

- Là, il sourit encore plus quand je pousse la portière, avant d'attraper mon sac à mains. Y a des vibes de Maëlle dans l'air, ça fait plaisir.

Parfois j'oublie. Et c'est dans ces moments-là que je fais de la merde. Au début de notre relation avec Mathieu, j'ai très vite compris qu'il aimait quand j'étais sensible et vulnérable, autant que la partie de moi qui l'est pas du tout. Mais le truc, c'est qu'à ce moment-là, je montrais que la partie invulnérable, donc j'ai décidé de lui montrer le reste.

J'ai oublié sur le chemin de garder Maëlle malgré tout. Ça fait des mois.

- Je suis ridicule, je resserre ma queue-de-cheval en soupirant. Merci, je chuchote quand j'arrive devant la porte d'entrée, et je vois clairement le reflet surpris d'Alex dans la vitre, avant qu'il ne le change pour un sourire.

- De rien, on est là pour ça, il lâche, et je sais qu'ils ont disparu quand c'est le froid de la nuit que je perçois en majorité, et plus leur présence.

Je pourrais hésiter deux heures de plus devant la porte, c'est ce que j'aurais fait ces dernières semaines. Pas aujourd'hui, je la pousse juste.

- Non le bleu ! Enzo souffle, emmêlé avec Mathieu sur un tapis de Twister, étalé là où logiquement y a la table basse du salon. C'est pas juste, t'as tous les trucs faciles !

Mon coeur se gonfle clairement quand le rire de Mathieu résonne dans la pièce, et qu'il lâche sa position pour s'écraser au sol, attirant Enzo contre lui.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant