Nexus · PLK

Chapitre 45

Mathieu

Je suis incapable d'expliquer la force qui me pousse depuis que je suis levé. C'est un mélange de trop de trucs. Depuis avant-hier, j'ai foiré trop de bails, j'ai pas agi de la bonne manière, mais aujourd'hui, même pas je peux me rater. Je sais pas ce que j'ai cru quand j'ai débarqué dans le bureau d'Antoine, que je lui ai dit que je voulais sortir un son alors que c'était pas prévu. Un que-tru que Lili avait jamais entendu, un clip qu'elle avait jamais vu. Je peux pas expliquer la colère qui m'a pris à la gorge quand j'ai eu cette idée, je voulais juste la faire réagir.

Parce qu'elle est toujours au courant de tout, elle gère tout, je voulais la faire rager.

Elle a pas réagi. Ça fait 24h que le son est sorti, j'ai pas eu un message, je sais même pas si elle l'a écouté, je sais même pas si elle a vu le clip. Ça me fout autant la rage, que ça me déchire salement le coeur. Parce que je me rappellerai toujours de ce que j'ai ressenti quand j'ai capté qu'elle kiffait ce que je faisais la première fois, quand je suis tombé sur mes vinyles dans sa chambre. J'ai jamais été aussi fier de oim que quand elle, elle l'est. À chaque fois qu'elle débarque à Enna, habillée comme une reine, qu'elle ouvre ses mails, ses notifications, que j'ai eu une nouvelle certif', un bail, qu'elle vient me voir, qu'elle me félicite avec les yeux qui brillent, je veux pas plus.

Si j'avais qu'elle comme fan, ce serait suffisant.

Là, elle a rien dit. La seule interaction que j'ai eue avec elle depuis la scène au label, c'est quand je lui ai envoyé une photo de Michka qui s'est endormi sur Enzo, elle a foutu un coeur dessus, mais c'est tout. Pas un message. Pourtant merde, j'aurais tout donné pour qu'on commence une conversation, même juste 2 minutes, parce que la maison a jamais été aussi vide que depuis qu'elle est partie.

Et si je sais que la situation va pas, même au-delà des bails avec Romy, c'est à cause de la colère brûlante qui me dévore l'estomac depuis des heures. Je veux pas ressentir ça envers Lili. Je l'avais jamais ressenti, je veux que ça dégage, mais même pas je peux nier que c'est là quand même. La douleur, la colère, le manque, même l'incompréhension wesh, ça s'entasse, c'est violent, je sais pas comment je vais réussir à m'en débarrasser, surtout si elle continue à se comporter comme elle se comporte actuellement.

Elle sait même pas pour Alya. Elle répond à aucun appel, elle a écouté aucun des messages qu'on lui a laissés à ce sujet-là, que ce soit moi, Ken, ou Inès. Ça me fout encore plus la rage. Elle est putain d'intelligente, ça m'impressionne H24, mais là faut qu'elle arrête de déconner, je peux pas la laisser foirer plus longtemps. Je sais très bien comment ça va finir en plus, et c'est pour ça que je préfère arracher le pansement maintenant plutôt que dans 2 jours : quand elle va réaliser, elle va s'en vouloir sévèrement, surtout pour Samaras, et elle a pas besoin d'un sujet de plus sur lequel Louis peut la rabaisser.

- T'es prêt ? Dao me tend une paire de gants. Elle s'est entraînée sans arrêt depuis 2 jours, t'as intérêt de tenir bon.

Je vais pas la foutre au sol avec ma technique, ça je sais. Elle en a beaucoup plus que moi, elle est beaucoup plus agile que moi, elle a beaucoup plus de stratégie aussi. C'est pas un combat de boxe que je veux, même si le camoufler comme ça, ça me va très bien. Je veux surtout qu'elle me dégage la putain de barrière qu'elle a foutu entre elle et moi, parce que c'est la dernière chose dont j'ai envie. Si faut qu'elle me foute au sol 36 fois avant que j'y arrive, c'est pas un blem, j'ai juste besoin d'atteindre Lili derrière Maëlle.

Et j'ai confiance en moi là-dessus au moins, je savais déjà le faire quand je l'ai rencontrée, aujourd'hui Lili c'est ma femme, c'est pire, le contrat de mariage c'est mon diplôme le plus précieux : capable d'aimer, capable d'être aimé, capable de soigner ma Lili à ma façon.