Chapitre 18

1.1K 94 1
                                    


Mathieu

C'est dans une semaine, pourtant je ressens déjà le truc comme si c'était demain. J'ai les mains sur le volant, la tête qui bouge en rythme avec les sons qui passent à la radio, et j'arrive juste pas à m'arrêter de sourire.

Dans une semaine, je reprends la route des festivals. Toutes les images de Barcelone me reviennent en tête, même si c'est pas là-bas qu'on se barre. Le seul truc qui m'intéresse dans ces souvenirs, c'est la petite tête rousse sur le bord de la scène pendant que je performe.

Pour une fois, j'ai enfin l'impression que tout va à peu près bien dans ma vie : ma musique, Enna, les concerts, la maison, Michka, Enzo. Puis faut rajouter le putain de feeling qui m'envahit quand je rentre dans le bureau de Lili, et que j'entends mon nom de famille à la suite de son prénom quand elle le donne au téléphone.

Ma femme. Le matin, quand j'ouvre les yeux pour la première fois, c'est sur le visage de ma femme contre l'oreiller que je tombe. Au petit-déjeuner, c'est ma femme qui s'assure que tout le monde a bien tout ce qui lui faut. C'est ma femme qui joue avec Michka, assise sur le rebord de la baignoire pendant que je me rase. C'est ma femme qui aide Enzo à faire les devoirs qu'il ne comprend pas. Le soir, c'est ma femme qui s'endort contre moi devant la télé.

Et c'est ma femme qui va m'accompagner en festival pendant une bonne semaine. Ma manager aussi accessoirement, je sais que je vais pas avoir le droit de l'avoir contre moi H24, je vais aussi me faire buter si on arrive en retard à un droit, si je passe trop de temps dans les loges, si je dis de la merde sur scène. Mais ça fait partie de ce que je kiffe chez Lili aussi.

Quand le feu passe au rouge devant moi, je quitte la route des yeux pour les poser sur Mimi, qui profite du chemin jusqu'au stade de foot pour mordiller son jouet sur le siège passager.

- T'as pas trop mal ? Je caresse ses cheveux du bout des doigts, en le regardant faire ses dents, les joues rougies.

J'essaie de rester calme depuis quelques jours, mais je pensais pas que ce serait si dur. Il douille, et ça le rend grognon, il dort mal, il a l'air d'avoir chaud H24, je supporte archi mal de le voir comme ça. Quand le pédiatre nous a sorti que ça allait durer un peu, j'ai juste eu envie de tout péter. Le seul truc qu'il apprécie, c'est de mordiller son jouet en silence.

Ça me manque de fou d'entendre son rire le soir quand je le chatouille, ou qu'il reste des heures dans mes bras sans rien piper. Là, il s'écoule pas masse de temps avant qu'il finisse par pleurer, et ses rires et ses sourires se font rares.

Quand le feu finit par passer au vert devant nous, je tourne enfin sur le parking du stade de foot, et j'ai à peine arrêté le moteur qu'Enzo sort sans rien dire. Autant de bonne humeur que son frère et ses dents. Depuis une semaine, et il refuse de dire pourquoi, que ce soit à moi ou à Lili.

- Tu veux pas lui faire un grand sourire Mimi ? Je sors mon fils de son cosy, avant de suivre Enzo jusqu'aux vestiaires. Ton grand-frère est de mauvaise humeur.

Et je sais pas si c'est parce qu'il m'a entendu, mais ça suffit à ce qu'il rentre dans les vestiaires sans se retourner, sans même faire un signe à son coach quand il passe devant lui.

- Dis donc, le gars arrive vers moi avant de me tendre sa main, vous lui avez refusé le stage ou quoi ?

- Hein ? Je fronce les sourcils. Quel stage ?

C'est à lui de m'observer avec un visage perplexe.

- Votre fils Monsieur Pruski, il reprend, a du potentiel. Il a été sélectionné pour participer à un stage intensif. Il ne vous en a pas parlé ?

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant