Chapitre 42

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À ma grand-mère, Marie-Thérèse, à qui j'aurais aimé présenter mon copain, autant que Lili aurait aimé présenter Mathieu et Michka au personnage à qui j'ai donné son nom.

Lili (Décembre 2013)

Je devrais avoir le droit à un bonus, parce que je promets que j'essaie vraiment. J'essaie vraiment du mieux que je peux de finir les dernières pages du livre que j'ai entre les mains, mais c'est beaucoup trop compliqué. Toutes les 30 secondes, je me retrouve à la fin d'un paragraphe, à la fin d'une page, et je me rends compte que j'ai rien suivi de ce que je viens de lire. Donc je recommence. Et ça recommence. Donc je recommence encore. Et ça recommence encore.

- Je vais jamais y arriver, je soupire à voix basse, en m'étalant de tout mon long sur la table, tout au fond de la bibliothèque, vide à cette heure-là, surtout vide aujourd'hui, parce que c'est clairement pas un jour comme les autres.

Aujourd'hui, on va tous pouvoir rentrer à la maison pour les vacances de Noël, tous, nous trois. C'est la première année où on peut, et les jours jusqu'à aujourd'hui sont passés si lentement que je me suis limite enfermée dans la bibliothèque, à enchaîner les livres, pour que ça passe plus vite. Alex et Ben m'ont suivie les premiers jours, après c'était trop pour eux, alors comme d'habitude depuis trois semaines, je suis étalée toute seule sur un livre, avec le chocolat chaud qu'Ad' m'a préparé, et le paquet de gâteaux au chocolat largement entamé que Papa a ramené la semaine dernière.

Il en reste un. Ou deux. Peu importe, dans moins d'une heure, il sera là avec Dao pour me ramener à la maison, et y en aura dans les placards de la cuisine.

- C'est bon Maëlle ? La vieille bibliothécaire tire la chaise en face de la mienne sans que je l'ai vue arriver, avant de s'y asseoir, toujours son même sourire tout doux sur les lèvres. Il t'a plu celui-là aussi ? Elle pointe mon dernier livre du doigt.

Et y a que à elle que j'accepte de dire la vérité sur les livres que je lis, parce que je sais qu'elle répètera à personne.

- Il était trop bien, je chuchote en caressant doucement les dernières pages, les seules de tout le livre où le personnage principal a enfin retrouvé l'homme dont elle est amoureuse, après des années de galère.

- J'en ai pleins d'autres qui arrivent en janvier, la bibliothécaire me sourit. Leur histoire est incroyable, hein ? Ses yeux brillent doucement quand je referme le livre, et que son regard se pose sur la couverture.

Plus que ce que j'aurais jamais, oui. Et c'est pour ça que je viens ici. Et c'est pour ça que je lis. Quitte à ne pas pouvoir vivre une histoire comme celle-ci, autant pouvoir la lire, ça fait passer le temps, et tant que je n'ai pas atteint le dernier mot, de la dernière phrase, de la dernière page, je suis à l'abri, dans une bulle bien plus confortable que la réalité et que la vie au centre.

- Dis Thérèse, je caresse la tranche du livre du bout des doigts, est-ce que t'as été amoureuse comme ça toi aussi un jour ?

- Celle-là, elle me lance un grand sourire, j'attendais que tu me la poses. Je trouvais ça même bizarre que tu l'aies pas encore fait.

- Alors ? Je souris, en poussant le livre sur le bord de la table pour pouvoir m'étaler dessus encore un peu plus.

- J'ai trois fils, elle détache son collier pour me montrer l'arrière du pendentif, et une fille, je parcours du bout des doigts les dates de naissance gravées dessus. Et si leur père était encore là, son sourire s'efface l'espace d'une seconde, tu aurais pu voir le plus beau de tous mes sourires, parce qu'il y avait pas mieux que lui pour rendre une journée mieux que la précédente.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant