Chapitre 68

779 90 6
                                    


Lili

Ils sont périmés. J'ai essayé de me convaincre qu'ils étaient périmés.

- Tu sais qu'ils le sont pas, il me détaille, appuyé contre le mur. Ça fait même pas un an qu'on te les a prescrits. Puis quoi ? Mes poumons se serrent juste un petit peu plus quand son rire résonne dans les toilettes. Tu crois que ça m'arrangerait pas si tes cachets étaient périmés ? Tu quitterais le paysage encore plus rapidement.

Je sais même pas si j'en ai avalé un. Ou plus d'un.

- J'arrive pas à me rappeler, je regarde mes larmes couler dans le reflet du miroir. Je me rappelle pas.

- Vaut mieux être sûrs, prends-en 3 ou 4 autres, Louis se détache du mur pour venir s'assoir contre un des lavabos, bien trop proche de moi.

C'est tout ce qu'il faut pour que je recule, ou qu'au moins j'essaie, et son sourire s'élargit quand je m'agrippe au lavabo pour ne pas tomber.

- On voit flou Maëlle ? Il se penche en avant pour me lancer son meilleur sourire. C'est peut-être pour ça que t'as cru que Mathieu voulait de toi, j'ai toujours su que c'était pas net là-haut, chacune de mes vertèbres se gèle quand il appose son pouce contre ma tempe.

J'arrive même pas à le repousser. Je sais pas combien de secondes s'écoulent avant qu'il ne se détache.

- Tu penses qu'il fait comme Zeu ? Il lâche, en tapotant du bout des doigts contre son pantalon. Tu penses qu'il scrolle sur Instagram en matant les meufs sur qui il tombe ? Tu penses qu'il se dit quoi ? Il tourne la tête vers moi, juste assez pour remarquer le tremblement de ma lèvre. Putain, celle-ci, elle est tellement plus bonne que Maëlle, celle-là elle a l'air salement moins folle, ma vie serait plus simple.

Je sais même pas si mon envie de ressortir le dîner que Rita m'a offert vient des anxyolitiques ou des images qu'il crée de Mathieu dans ma tête.

- Puis merde quoi Maëlle, il rigole doucement, j'suis sûr qu'il se demande aussi en les voyant laquelle serait une meilleure maman que toi pour Michka et Enzo. Toutes, de toute manière, son sourire s'élargit quand mes épaules se mettent à trembler, y en a aucune qui se serait barrée sans prévenir pour venir avaler des cachets périmés dans les toilettes d'un studio photo. Prends-en deux autres, il tapote le couvercle de la petite boîte orange posée devant moi.

- J'ai pas pris, je murmure en essuyant mes joues, j'ai pas pris.

J'ai de plus en plus de mal à me concentrer sur son sourire, le même que Mathieu, sur ses fossettes, les mêmes que Mathieu, sur ses yeux ou sur son rire, mais ça ne change rien, Michka vivant, je sais que j'ai rien pris. Je lui ai promis.

- J'ai rien pris, j'ai du mal à reprendre mon souffle, chaque respiration est volontaire. Dégage, j'arrive à murmurer.

- T'es vraiment la pire des chieuses, Louis soupire. T'en as pas marre ? Ça fait 5 mois presque que je suis là, t'as bien fini par capter que j'allais pas me barrer ? D'ailleurs, il se redresse, en parlant de se barrer, j'ai réfléchi à un truc. Tu penses que Lukas va ramener Alya au Brésil ?

On garde les yeux ouverts. Pas d'images négatives et irréelles. Les yeux ouverts.

- Pour lui montrer son école de danse ? Lui présenter le pays ? Il arpente la petite pièce. Tu penses que si Ken était d'accord, ils finiraient par aller s'y installer ? Y aurait plus rien à la retenir sur Paris : Ken, Thanos, les jumelles et son frère jumeau. Qui de plus ? Il me détaille. Sûrement pas toi, pauvre Maëlle, t'as déjà pas de soeur biologique, tu perdrais même ta fausse.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant