Nexus · PLK

Chapitre 46

Enzo

J'ai super bien vu le regard que Mathieu il m'a lancé hier, quand il est rentré avec Lili à la maison, et que j'ai juste fait comme si de rien était. Je l'ai pas vu m'observer directement, j'étais en train de jouer à la console en attendant que Michka finisse sa sieste, mais quand l'écran de chargement est devenu voir, on voyait que ça dans le reflet de la télé : j'ai eu le droit à un regard étonné de Mathieu.

Il a pas compris pourquoi j'ai juste dit salut. Il a pas compris pourquoi je me suis pas levé pour aller faire un câlin à Lili, ou pourquoi j'ai pas arrêté ma partie quand elle a essayé de s'assoir sur le canapé à côté de moi pour discuter.

Mais c'est qu'il comprend pas, il comprend pas. Quand elle est partie sans moi et Mimi, j'ai vraiment cru que ça allait être la même chose que ma mère. Encore une fois. Et jusque-là, je me disais que Lili elle m'aimait bien, qu'on pouvait avoir un truc tous les deux et tout, mais j'ai pas envie de me rapprocher d'elle, pour qu'au final qu'un jour elle s'en aille. Peut-être que c'est mieux si je reste juste Enzo.

Parce que j'aurais bien aimé moi qu'elle me donne un surnom comme elle fait avec Michka, j'aurais beaucoup trop voulu la semaine dernière. Maintenant je suis plus trop sûr. Peut-être que c'est mieux si je reste juste Enzo.

Du coup bah hier, j'ai fait comme si tout allait bien quand elle est rentrée à la maison avec Mathieu, j'ai fait comme si j'avais pas pleuré parce qu'elle était partie, déjà je voulais même pas que Mathieu me voit faire à la base, mais il est venu dans ma chambre avec Mimi au mauvais moment, c'était pas prévu. Après Mimi il a pleuré aussi parce que son truc favori maintenant, c'est de faire comme moi et Mathieu.

Mais je veux pas que Lili sache ça, je veux pas en parler, je vais faire comme si de rien était. C'est mieux je crois, c'est plus facile. Suffit de faire semblant d'avoir plein de devoirs, comme ça je reste dans ma chambre toute la journée à travailler, et Mathieu va pas essayer comme hier soir de me rapprocher de Lili.

- Juste deux fois, la voix de Lili arrive jusqu'à moi quand je sors dans le couloir, les yeux encore à moitiés fermés. Pas besoin de plus, suffira de l'ajouter au premier document. Oui, elle est toute seule à la table de la salle à manger quand j'arrive dans le salon, oui.

Pas de Mathieu avec son café. Pas de Michka qui arrive vers moi à quatre pattes. Juste Lili au téléphone. Et j'ai pas le temps de faire demi-tour qu'elle me remarque, avant de me lancer un sourire.

- Merci, oui, elle hoche la tête, je rappellerai plus tard.

En notant un dernier truc sur son document, elle repose le téléphone près de son ordinateur, avant de relever à nouveau ses yeux vers moi.

- Coucou, elle tapote la table du petit-déjeuner en face d'elle. T'as bien dormi ?

J'ai envie de discuter avec elle. J'ai vraiment envie. Tous les matins elle parle avec moi pendant qu'elle finit de préparer mon petit-déjeuner. Elle est trop gentille, elle parle doucement, elle m'écoute toujours. Mais j'ai pas envie qu'on se rapproche plus, parce que c'est presque sûr que ça va mal finir. J'y ai cru 4 fois avec ma mère, et à chaque fois j'avais faux.

- Non ? Pas bien dormi ? Je sursaute presque quand elle glisse sa main dans mes cheveux en fronçant doucement les sourcils. Tu veux que je te fasse la tisane de Babcia ?

Je veux pleurer. Encore. C'est pas normal. Elle a pas le droit d'être trop bien, et de partir comme si c'était rien, pour revenir et être trop bien à nouveau.