Chapitre 37

1K 84 5
                                    


Lili

- Alex, tu me saoules, je claque dans un murmure en ajoutant un pull de plus dans la valise de Mathieu. Ma gourde doit encore être pleine à la cuisine, c'est tout, c'est parce que je suis pas assez hydratée.

Appuyé contre le montant de la porte de la buanderie, Alex m'observe, les bras croisés et les sourcils levés. À l'entente de mon excuse, ses lèvres esquissent un sourire en coin, avant qu'il ne ricane doucement, clairement pour se foutre de ma gueule.

- Je vois pas c'est quoi le problème, il se détache de son appui pour venir s'assoir sur la machine à laver, juste à côté de Ben, qui, comme d'habitude, observe nos chamailleries d'enfants sans rien dire. T'as envie de chialer, c'est tout. Et j'suis sûr que y a personne qui te critiquerait si tu le faisais.

Débat existentiel depuis que je suis levée : Alex est persuadé que si mes yeux piquent, c'est parce que j'ai envie de pleurer.

- C'est pas un débat existentiel, même pas un débat tout court en fait, il souffle, je sais que j'ai raison.

- Et moi, je rajoute une pile de paires de chaussettes près des joggings de Mathieu, je te dis que tu as tort, j'ai pas envie de pleurer.

Les secondes suivantes, quand je relève la tête, on se lance dans un combat silencieux Alex et moi, juste avec nos regards.

- Pourquoi tu refais sa valise ? Ben nous interrompt.

- Même pas en rêve je le laisse partir avec les tenues qu'il avait prévues, je grommelle. Déjà, y avait que des t-shirts et on est en hiver, et..., Alex m'interrompt.

- En hiver, mais il fait des concerts d'intérieur, du coup les t-shirts ça me paraît être legit, mon meilleur ami me détaille, les sourcils levés. En plus, c'est des t-shirts que t'as remis aussi, juste pas les mêmes.

- C'étaient des t-shirts d'été, je soupire, et ma réponse fait rire Alex. Quoi même ?

- Des t-shirts d'été ou juste ils étaient trop serrés ? Il hausse les sourcils, un énorme sourire au visage.

- Chut, je claque en en ajoutant un autre à la pile, tu me saoules. Je suis pas jalouse, j'ai mis que des hauts qui lui vont trop bien alors que je serai même pas là pour le voir dedans.

Le sourire d'Alex ne faiblit pas une seconde, il ne me lâche pas des yeux, et c'est sûrement pour ça que je finis par soupirer.

- Ok, je grogne, juste un petit peu. Mais j'ai pas abusé, j'ai mis des jolis t-shirts quand même.

Ma capitulation a l'air de satisfaire Alex, qui déjà se recule pour appuyer son dos contre le mur.

- Ok, problème suivant, il agite sa main gauche dans l'air. Tes yeux piquent parce que t'as envie de pleurer.

- T'es insupportable, je râle, en laissant ma tête tombée sur la pile de vêtements de Mathieu. J'ai pas envie de pleurer, j'ai juste pas assez bu avant d'aller dormir.

- On peut aller voir ta gourde à la cuisine du coup ? Il se penche en avant. Parce que je suis sûr qu'elle est vide, que t'as bu tout ce que t'avais à boire, et que tu me sors juste une excuse de plus.

Je pleure pas, c'est toujours une mauvaise idée, ça a toujours été une mauvaise idée, je l'ai appris très vite. Quand je voulais jouer avec les autres filles à l'orphelinat, qu'on me renvoyait dans mon coin, je pleurais. Et ça changeait quoi à la situation ? Rien, c'était même pire : quand je demandais à jouer avec elles la fois suivante, non seulement elles se moquaient de mes cheveux et de mes histoires à dormir debout comme elles avaient l'habitude de le faire, mais en plus j'avais le droit à ce que l'on me compare à un bébé.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant