Chapitre 29

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Lili

- Tu peux pas m'éviter, à quoi ça sert même d'essayer ? Louis soupire, quelques mètres derrière moi. Je t'ai toujours retrouvée. Vu ta couleur de cheveux, de toute manière t'es visible à des kilomètres, et tu fous tellement la merde partout où tu vas que c'est impossible de te manquer. Trop facile à trouver.

Moins virulent, moins proche physiquement, c'est les seuls progrès que j'ai réussi à faire en quelques jours. Il ne s'est pas approché de moi plus que ça depuis qu'on a passé la grille du parc, il me talonne juste en parlant seul.

- C'est pas avec ta starlette à deux balles que tu vas réussir à te débarrasser de moi, il ricane. C'est quoi que t'aimes chez lui ? La façon dont il arrive à te faire croire que t'es importante ? Que t'as de la valeur ? Lili, ma Lili, t'es juste extrêmement naïve, et lui, extrêmement persuasif et manipulateur. Me dis pas que t'as cru une seule seconde que tu pouvais plaire à quelqu'un ?

J'essaie, j'essaie fort. Les mains serrées autour de mon appareil photo, j'essaie de faire abstraction de sa présence, c'est juste plus facile à dire qu'à faire, il s'arrête pas une seule seconde.

- Madame Pruski, ma mâchoire se contracte quand il commence à rire, quelle connerie. Il a eu beaucoup mieux que toi avant, pourquoi c'est à toi qu'il donnerait son nom ? T'es tarée, tu ressembles à rien, t'as même pas été capable de porter son fils à terme. Bonne à rien, je l'avais dit à mes parents le jour où on s'est pointés à l'orphelinat.

Ne donner aucun crédit à ce qu'il dit. Sur le papier, ça paraît logique et tout con comme solution. Dans la vraie vie, chaque phrase est juste plus dure à encaisser que la précédente, et c'est encore pire depuis ma rencontre avec Mathieu. Louis avait déjà tellement d'influence sur moi juste en s'en prenant à moi seule, maintenant chaque référence qu'il fait à Mathieu ou Michka est plus douloureuse que tout le reste.

- Et l'autre ? Mes phalanges deviennent blanches comme la neige quand il avance subitement jusqu'à se retrouver à ma hauteur. Enzo, c'est ça ? Peu importe ce que sa mère a pu faire, je pense qu'il sera toujours mieux avec elle qu'il le sera avec toi.

Toutes les horreurs que j'aie envie de lui balancer en retour, je les garde pour moi. Les passants me regardent déjà assez bizarrement en me voyant crispée autour du boîtier de mon appareil photo, j'ai pas besoin de plus.

- Pourquoi les Tuileries ? Il me lance son sourire en coin. Oh attends, je connais déjà la réponse. Tu t'en fiches que ce soit bondé de touristes, ce que tu veux c'est avoir la chance de la croiser elle, parce que tu t'imagines qu'elle aurait envie de te connaître. Lili, qui aurait envie de ça ? T'es rien pour elle, juste un des boulets que son petit frère taré se traînait. En plus de Ben le premier boulet.

- Le seul boulet que je me traîne moi, c'est toi, je lâche en m'accroupissant près d'un des bancs pour avoir l'angle parfait pour ma photo. T'as toujours été trop lourd de toute manière, probablement pour ça que tu t'évertuais d'aller à la salle même si t'as jamais eu assez d'amour propre pour finir ne serait-ce qu'une seule séance. Va voir ailleurs si j'y suis.

Mais j'aurais dû prévoir la suite, la façon dont son sourire s'élargit la seconde d'après. La seule chose qui l'a toujours intéressé, c'est que je rentre dans son jeu, et je suis trop une tête brûlée pour y résister indéfiniment.

- Point sensible ? Une marée de chair de poule s'abat sur moi quand il pose son index dans ma nuque. Ta grande sœur imaginaire ? On continue là-dessus ?

- Fous-moi la paix, ma mâchoire se contracte d'elle-même, et c'est pas ma fatigue qui s'accumule qui va m'aider à rester calme.

- Déjà, il se jette limite sur le banc en me regardant prendre ma photo, je trouve que tu te donnes déjà trop de valeur à t'imaginer qu'Alya te considère autant que son jumeau, t'es rien de mieux qu'un bouche-trou, sûrement pas comme une sœur jumelle. Maintenant, en plus de ça, tu commences à te dire que la grande sœur d'Alex en aurait quelque chose à faire de ta gueule. Laisse-moi rire Lili, t'es si désespérée que ça à l'idée d'avoir une famille ? T'es juste faite pour être seule, assume-le, ça ferait du bien à tout le monde.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant