Chapitre 7

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Mathieu (juste après qu'il ait quitté la salle d'attente)

- Wesh, je lâche en voyant les 10 paquets de chips différents de l'autre côté de la vitre de la machine, je pensais y aurait qu'un seul choix moi.

Le dos contre mon torse, poing contre sa bouche, mon fils observe l'étendue de bouffe avec autant d'attention que moi.

- T'sais quoi ? Je glisse mon index le long de la petite mèche brune qui rebique sur son front. J'suis sûr que si y a autant de paquets de chips différents, c'est parce que Maman elle a dû demander, ou un bail du genre.

Ses petits doigts viennent se poser sur mon bras pendant que je le recoiffe, mais c'est pas pour autant qu'il lâche les chips du regard. Et ça me rappelle tout un tas de souvenirs qui viennent emmêler mon estomac : ma Lili assise sur le bord de la scène pendant les festivals l'été dernier, à dévorer le stock de paquets de chips du tour bus, ma Lili qui grimpe sur le plan de travail de la cuisine comme si c'était une aire de jeux, pour atteindre le plus haut des placards où j'ai rangé toutes les chips, ma Lili qui regarde des pièces de théâtres éclatées au sol à la télé avec Enzo, pour le collège, toujours un paquet de chips dans les bras.

- Viens on choisit vite, j'attrape la main libre de Michka avant de déposer mes lèvres dessus, comme ça on retourne voir Maman.

La vérité c'est que je suis pressé de fou. Depuis qu'on a réellement commencé à organiser le mariage, je suis pressé de fou. Suffit qu'elle soit dans mon champ de vision pour que je me l'imagine soit en blanc, soit avec la même bague que moi au doigt après le mariage. Ou à lâcher un putain de Maëlle Pruski quand on lui demandera son nom pendant qu'elle sera au téléphone pour le taff.

- J'suis fou de ta maman, je murmure contre l'oreille de mon fils, et mes mots provoquent son gazouillement, agrémenté d'un sourire.

Et je vis ma meilleure vie quand je la vois traverser de long en large mon label, comme si elle avait fait ça toute sa vie. C'est pas non plus son genre de faire des efforts vestimentaires, elle préfère être à l'aise, mais quand elle quitte la maison le matin, elle est toujours bien plus belle et bien plus classe que toutes les autres meufs qui essaient de passer les entretiens d'embauche depuis février. J'ai la meilleure des managers.

- Quel paquet Mimi ? Je l'approche de la vitre pour qu'il puisse y poser sa petite main. Si c'est toi qui choisis, Maman elle kiffera forcément, moi si je me rate, elle me met au sol.

Ou au moins, c'est ce qu'elle a essayé de faire à la salle l'autre jour, après que j'ai foutu deux droites à son pseudo-coach. Ça a pas duré longtemps, il a suffi qu'on finisse que tous les deux dans les vestiaires pour que sa colère se transforme en sourire. Rien à voir avec ce qu'elle était capable de me mettre à la gueule quand je jouais au connard.

C'est le petit bruit du glissement de la main de Michka sur la vitre qui me sort de mes pensées. Son autre poing toujours contre sa bouche, il observe ses doigts posés sur la vitre, devant un petit paquet de chips ondulées nature.

- Nature aujourd'hui tu penses ? Je dépose un bisou dans ses cheveux. Ok. J'te fais confiance.

Comme un peu depuis quelques jours, il me répond par un minuscule blabla incompréhensible.

- On est d'accord, je lui souris en faisant semblant de capter quand il pose ses yeux sur moi. Me regarde pas comme ça wesh, j'arrive pas à retenir mon rire quand il me sourit.

Quand il fait ça, ça me donne envie de passer la journée sur le lit à le câliner. Les gars se fouteraient de ma gueule pire que tout.

- Chips nature ondulées alors, je le resserre contre moi avant d'insérer ma pièce dans la machine. Ce serait chaud si tu gardais le paquet dans des petits bras, et je te pose sur les genoux de Maman. Comme ça, c'est comme si tu lui avais donné le paquet de chips toi-même, je lui souris.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant