Nexus · PLK

Chapitre 15

Dimanche 18 juin 2023 – Fête des pères

Enzo

- Encore un En', Léna me tend sa main, pour que j'y dépose un petit élastique coloré. Le plus beau, trop le plus beau, son sourire s'élargit quand Mimi, qu'elle coiffe avec application depuis tout à l'heure, gazouille dans ses bras.

Je sais ce qu'elle pense, elle me l'a déjà dit plein de fois : t'as trop de chance Enzo, tu vis avec Mathieu et Lili, et t'as Michka tout le temps avec toi. Elle a raison pour Lili et Mimi, c'est juste trop bien d'être à la maison avec eux. J'aime trop prendre le petit-déjeuner avec Lili le matin, c'est encore mieux quand je joue avec Michka sur mon lit.

Mais ça change rien à Mathieu et moi, parce que c'est le seul truc qui était mieux avant.

Je pensais que ça allait être incroyable de venir vivre avec lui, je pensais que j'allais enfin pouvoir me rapprocher de lui un tout petit peu plus, juste le tout petit truc qui manquait. Sauf que bah Léna se trompe autant que moi, ça s'est pas amélioré, ça a empiré. Il vient plus me voir le soir dans ma chambre comme il faisait avant chez Babcia, quand je sors du foot je suis toujours tout seul, c'est Lili qui vient me chercher, dès le matin très tôt il est déjà au studio, et quand il est à la maison, il s'occupe de Michka.

- Léna ? Je me retiens pas de demander quand je sens mon cœur piquer. Tu peux me le passer un peu ?

- Ça va pas ? Ses sourcils se froncent quand elle soulève délicatement Mimi pour venir le poser contre moi.

Non, ça va pas. J'aime pas quand je commence à être jaloux de Mimi, il a rien fait. Et il arrive toujours à me faire sourire ou à me calmer, c'est pour ça qu'il passe plus de temps dans ma chambre que dans la sienne. J'aime bien m'occuper de lui, et j'ai l'impression que même si c'est un bébé, il s'occupe de moi aussi.

- J'suis fatigué c'est tout, je joue du bout des doigts avec la main que Michka tend vers moi.

J'aimerais trop être vraiment son grand-frère, je pourrais donner tous mes jeux, tous mes maillots, tous mes ballons pour l'être. Déjà parce que j'ai trop envie qu'il m'aime quand il sera grand, et aussi parce que ça voudrait dire que moi aussi, je suis le fils de Mathieu.

Mais je le suis pas, et ça va plutôt bien à Mathieu. Il fait des petits efforts et tout, mais jamais trop, et moi je suis juste au milieu. C'est pas à Michka que j'en veux, c'est à lui. Il m'a dit plein de fois que j'étais à ma place, plein de fois que juste penser qu'il est mon père ça suffisait, mais j'arrive pas à le croire.

Je me sens pas à ma place, j'ai mal. À chaque fois qu'il rentre, il me regarde bizarrement. À chaque fois qu'on est que tous les deux, il parle presque plus. Et il préfère être avec les gars, j'ai vu à la séance photo hier.

- Wesh les Pruski ! Doums lève les bras au ciel quand Lili passe la porte de la salle des fêtes, Mathieu derrière elle.

C'était les seuls pas encore arrivés au petit-déjeuner, et peut-être que j'aurais préféré que ça continue encore un peu. Parce que j'ai vu Ismaël offrir trois cadeaux différents à Doums, j'ai vu Léna parler avec son père par messages, j'ai entendu Orm appeler son papa.

Et maintenant, Mathieu va me séparer de Michka pour fêter la fête des pères avec lui, et je vais me retrouver tout seul.

- T'es vénère ou quoi ? Idriss sourit à Lili, qui dit bonjour à tout le monde, la lèvre retroussée.

- Il a fait tomber ma nouvelle brosse à dents dans la poubelle de la salle de bain, elle râle, je lui fais la tête.

Lili elle est trop bien, elle arrive toujours à faire sourire tout le monde. Et même moi je souris quand elle vient enrouler ses bras autour de mon cou, qu'elle dépose un bisou dans mes cheveux, avant de sourire à Michka contre mon torse.