Chapitre 25

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Lili

Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que quelqu'un finisse par décider à ma place ? C'est pas plus simple de juste me croire quand je dis que tout va bien, plutôt que de faire des théories bizarres sur ce qu'il pourrait m'arriver dans telle ou telle situation. J'ai plus 8 ans, j'en ai 22, je suis mariée, deux garçons à la maison, trois si on prend en compte l'âge mental de Mathieu parfois.

La conclusion reste la même : je crois que je peux gérer ma vie.

Malheureusement pour moi, c'est pas l'avis de tout le monde, et c'est pour ça qu'au lieu d'être en train de gérer tout le bazar administratif des gars à Enna avec mon bébé sur mes genoux, je me retrouve à marcher jusqu'au centre, Ben et Alex sur mes talons.

- Tu vas continuer à faire la gueule longtemps ? Alex souffle derrière moi. C'est pas notre faute même, pas besoin de tirer une gueule d'enterrement.

C'est soi-disant pas leur faute mais ça me prend quand même la tête depuis tout à l'heure en insistant sur le fait que Mathieu a sûrement raison, qu'il veut juste mon bien, que c'est la même chose pour Zeu, pour Alya, pour Dao, pour toutes les personnes qui ont insisté pour que je finisse par prendre ce putain de rendez-vous avec Olivier.

En plus de mes 3 rendez-vous hebdomadaires habituels bien sûr, parce qu'apparemment je passe pas déjà assez de temps assise dans un canapé à répondre à ses questions sur ma vie.

- T'es vraiment une tête de mule j'ai juré, Alex grogne à voix basse.

Pour ne pas améliorer les choses évidemment, quand j'ai débarqué sur le parking au volant de la voiture de Mathieu, il ne restait qu'une pauvre place, et vu sa largeur, j'allais pas me risquer à abîmer le troisième bébé de mon poussin, sous peine de finir égorgée une fois de retour à la maison. Donc j'ai pris mon mal en patience, j'ai été me garer plus loin, et ça nous laisse là où on est actuellement, à rejoindre l'entrée en marchant.

- S'il n'avait pas eu son rendez-vous au Panenka, il serait venu il a dit, Ben accélère un peu pour se retrouver à côté de moi, un sourire réconfortant au visage.

Peut-être. Ça ne change rien à mon problème principal : je vais mieux depuis plusieurs semaines, même plus d'un mois, et on me traite toujours comme une enfant. Y en a aucun pour me faire confiance, aucun pour me croire quand je dis que ça va, j'ai l'impression d'être de retour à l'orphelinat.

- Ils s'inquiètent Lili, Ben soupire, tu le sais en plus. T'es pas débile, tu sais qu'il se lève pas pour boire de l'eau toutes les nuits, mais parce qu'il en fait des cauchemars.

Ça, je peux pas savoir, vu qu'il refuse d'aborder le sujet avec moi, peu importe la façon dont je demande. J'ai toujours su qu'il était limite pire qu'Hakim, avec sa fierté mal placée et son envie de se débrouiller seul, mais je lui ai dit dès nos premiers jours ensemble : à part moi, y a pas grand monde qui peut lui éviter ses cauchemars, suffit qu'il m'en parle pour que je le rassure.

Et on en serait pas là aujourd'hui s'il l'avait fait, parce que c'est bien parce qu'il a peur, que je me retrouve à avoir une séance supplémentaire chez le psy.

- J'kiffe pas quand tu te mens Lili, Alex nous rejoint, tu sais très bien que c'est pas à cause de ça, ou pas que. Ils veulent tous que tu y ailles pour être à l'aise au maximum avant ton audition. Fais pas comme si ça te stressait pas, Ben et moi on sait.

C'est juste une audition, pas un confessionnel avec le pape. On va demander si Adeline est coupable, je vais juste répondre que non, y a pas d'autre réponse possible. Ils peuvent essayer de satisfaire la plainte de la mère de Ben, je sais que ça ne mènera à rien, Adeline est innocente, y a rien que je peux dire qui les amènera à penser le contraire.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant