Chapitre 28

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Mathieu

C'est juste parce qu'il est à côté de moi. Si j'avais été seul au volant de ma caisse, je sais que je chialerais déjà. Je m'étais jamais senti aussi démuni, aussi rapidement, sans qu'on me prévienne à l'avance, ou que je puisse m'en douter. Je sais pas si un jour je me suis senti aussi impuissant même.

Le sentiment est juste immonde. Je suis là, les phalanges blanches autour du volant, à faire une des dernières choses que j'aurais pensé faire un jour, et en ayant l'impression que personne autour de moi peut m'aider. Ça fait des années que je m'étais pas senti aussi seul dans ma merde, vraiment.

- Nan wesh, je lance le meilleur sourire que je peux à Michka quand il commence à pleurer parce que son mini-ballon est tombé au sol, j'te le ramasse, y a r. Bouge pas, j'essuie le bail avec mon t-shirt avant de le reposer contre son ventre.

Elle devrait être là avec nous deux, à câliner mon fils comme elle le fait dès qu'elle a les mains libres. Sauf que y a pas de chignon roux sur le siège passager à côté de moi, juste le cosy de Michka.

J'ai merdé, y a r à dire, j'ai merdé. J'ai pas capté assez vite. Quand je suis rentré de mon après-midi avec Antoine, que y avait pas ses baskets près de la porte d'entrée, j'ai cru que j'allais me tirer une balle. Y avait juste un petit post-it sur la table de la salle à manger.

"Lina vient de rompre avec mon frère, je peux pas le laisser seul, je reste un peu avec lui."

Elle a pas menti, Zeu me l'a confirmé, la go de Dao s'est enfin décidée à arrêter de le faire tourner en rond, elle a rompu. Et même si je me doute que le reuf de ma rousse est dans le mal, c'est pas vraiment pour lui que je m'inquiète. Plus pour Lili, qui pense pouvoir me faire croire qu'elle est partie voir son frère juste pour le soulager.

Ça fait 3 jours. 3 jours qu'elle m'évite en prétendant le contraire, en me lançant son plus beau sourire quand elle passe le matin à la maison pour nous voir tous les trois. Sauf que c'est pas moi qu'elle va berner, elle fuit juste chaque contact avec moi, chaque discussion, depuis qu'on est sorti du bureau d'Olivier. Quand on est rentrés à la maison ce soir-là, je me suis dit que je pouvais lui laisser un peu d'air pour la soirée, qu'on en parlerait le lendemain matin.

Quelle putain d'erreur. Je me suis réveillé, elle était déjà partie au taff, elle avait déjà emmené Enzo au collège, je suis rentré du studio, elle était déjà chez son reuf.

Ça m'amène là où j'en suis actuellement : je me sens seul et impuissant. Je lui ai promis implicitement qu'on jouait dans la même équipe, que je dirais r à personne. Donc je suis là, je peux pas en parler à Adeline, je peux pas à en parler à Dao, je peux pas en parler à Samaras, je sais même pas quoi faire. Plus les heures passent, plus Lili développe des stratégies pour m'éviter, et je sais pas comment endiguer le truc avant qu'elle finisse par faire une connerie.

Je quitte ma contemplation passive du volant de ma caisse quand le bavardage incompréhensible de Mimi arrive jusqu'à mes oreilles. Un énorme sourire aux lèvres, il agite son ballon dans les airs, en me lançant ce qui ressemble à son meilleur discours motivant.

- T'inquiète, je souffle, je lâcherai jamais Maman. Je kifferais juste qu'elle me laisse l'aider au lieu de jouer à la dure.

Parce qu'elle peut montrer ce qu'elle veut, vraiment ce qu'elle veut, j'ai surtout très bien senti la terreur que Louis crée en elle. Et ça me rend juste malade de m'imaginer que là, en ce moment, il est probablement près d'elle, à lui remplir le crâne de commentaires qui n'ont aucun sens, mais qu'elle prend au sérieux quand même.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant