Chapitre 10

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Lili

- Et ton sommeil, ça va ? Olivier me demande pour au moins la dixième fois de la semaine, le regard plongé dans son dossier.

Je sais pas depuis combien de temps je suis assise dans le fauteuil en face de son bureau, à répondre à ses questions auxquelles je ne vois pas l'intérêt, mais ce qui est sûr, c'est que Michka a fini par s'endormir contre moi entre temps.

- Je dormirais mieux si je savais que le lendemain, je ne venais pas ici pour répondre toujours aux mêmes questions, avec toujours les mêmes réponses, je le détaille, la main posée dans le dos de mon fils.

C'est tout ce qu'il lui faut pour soupirer longuement, avant d'appuyer son dos contre le dossier de son fauteuil. Il a déjà tenu à parler à Mathieu lundi soir quand il est venu me chercher, parce qu'apparemment, je ne suis pas assez coopérative. Tout m'énerve, j'ai l'impression d'être une enfant à nouveau, que l'on réprimande parce qu'elle ne fait pas ses devoirs correctement.

- Maëlle, il me sourit doucement quand je promène mes doigts dans les petits cheveux bruns de Michka, je sais très bien que nos entretiens, ce n'est pas ce que tu préfères, ça a toujours été le cas, et tu te débrouilles parfaitement pour me le faire comprendre.

- Merci pour le compliment, je prends, je soupire.

Est-ce que j'ai conscience que je joue à l'enfant rebelle dès que j'arrive ici ? Fort probablement. Peut-être que ça changerait si on arrêtait de me traiter comme si j'avais encore 6 ans, et aucun moyen de contrôler mes crises.

- T'as pas contrôlé la dernière, Alex me détaille, appuyé contre la bibliothèque d'Olivier. Quoi ? Il lève les mains devant lui quand Ben lui lance un regard désapprobateur. C'est vrai. Y avait Mathieu juste à côté, elle a refusé de l'appeler, pourtant tu l'as prévenue plusieurs fois.

J'ai refusé d'appeler Mathieu, deux ou trois fois, malgré les avertissements de Ben. Et mon copain a été le premier à me demander pourquoi je ne l'avais pas fait. Je lui ai peut-être donné une réponse évasive, je m'en rappelle même plus, ça ne m'empêche pas de connaître la véritable réponse sur le bout des doigts.

Je me repose trop sur lui ces derniers temps, je préfère pouvoir me débrouiller seule.

Je me suis toujours occupée de moi-même, y a pas de raisons pour que je n'en sois plus capable. Je ne refuserai jamais qu'il m'apporte le petit-déjeuner le dimanche matin, qu'il me savonne sous la douche quand on la prend à deux, qu'il me câline sur le canapé le soir, ni qu'on monopolise la balançoire à Enna. Cette façon de s'occuper de moi, je l'aime. Ce qui me fait peur, c'est à quel point je ne me sens pas parfaitement à l'aise quand il n'est pas près de moi, même juste pour un court moment. Parce que l'instant où je me suis retrouvée seule dans la salle d'attente, pour qu'il aille chercher à manger avec Michka, c'était un court moment.

Court moment qui a suffi à ce que je me sente seule, à ce que je doute, et à ce que Louis finisse par apparaître. Alors oui, j'ai voulu me débrouiller toute seule, j'ai refusé de l'appeler, parce que je sais que je suis capable de m'en sortir par moi-même. Au moins si je n'ai pas pris l'habitude qu'on me protège, et j'ai bien peur que ce soit le cas.

Mathieu passe son temps à essayer de me protéger, si bien que je n'ai plus à le faire toute seule, je sais même pas si je saurais encore le faire.

- Maëlle ? Olivier me sort de mes pensées. On fait une pause peut-être ?

À ça, je ne peux pas répondre non.

- Je vais à la cafétéria avec Michka, je ne réponds même pas à sa question avant de me lever, mon bébé toujours endormi dans mes bras.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant