Chapitre 17

1.2K 86 4
                                    


Lili (Vendredi 30 juin 2023)

Y a que les petits cercles que le pouce de Mathieu dessine sur ma main qui me poussent à rester assise dans le couloir, juste devant son bureau, vraiment que ça. Tout le reste me donne envie de faire demi-tour, d'éloigner encore un peu l'ombre que le procès a dessiné sur mon quotidien.

Ça a été étrangement facile de vivre ces dernières semaines sans prêter la moindre attention à ma convocation au tribunal. Entre le mariage, les premières fois de Michka, les longues soirées pyjama avec Alya, les débats avec les gars, les sorties glaces avec Orm, je suis totalement passée à côté du procès.

Et de ce que ça implique, de tout ce que ça implique.

Notamment de devoir être ici, au centre, pour annoncer à Adeline que, d'une, je suis au courant, et de deux, que les parents de Ben ont souhaité que je témoigne contre elle, pour faute professionnelle qui a menée à non pas un, mais deux homicides involontaires.

- C'est ridicule, je murmure en me levant, lâchant la main de Mathieu au passage, je te jure que c'est ridicule.

Comme si la mort d'Alex et Ben, c'était sa faute. À Adeline.

- On s'en tape Lili, Mathieu caresse du bout du doigt le nez de Michka, qui dort paisiblement dans ses bras depuis qu'on est arrivés. Si c'est ridicule justement, le procès il servira à r, on rentrera chez nous sans aucune conséquence. C'est juste une daronne en deuil qui cherche sur qui rejeter la mort de son fils.

- Pas sur Adeline Mathieu, je murmure en sentant les larmes remonter, pas sur Adeline, elle peut pas rejeter ça sur Adeline.

Délicatement, il colle Mimi à son torse, avant de se lever.

- Viens-là, il glisse sa main libre dans le bas de mon dos avant de m'attirer contre eux. Dans tous les cas Lili, sa voix frôle mon oreille, j'sais que c'est comme si c'était ta daronne, donc on la laissera pas tomber. On repartira avec elle, je m'en bats les couilles de ce qu'on doit faire pour.

Ma mère. Pourtant, à part au mariage, je ne l'ai pas vue depuis une éternité.

- Bien sûr, je me fige dans les bras de Mathieu quand la voix d'Adeline sonne dans le couloir, à quelques mètres de nous. Je vous enverrai les détails par mail, à bientôt.

Les quelques secondes de silence qui s'écoulent ensuite, je les sens passer. J'ai aucune idée de ce que je vais pouvoir lui dire.

- Maëlle Prus..., elle s'arrête en plein milieu de sa lecture de la liste des patients. Lili ?

- Je reste dans le couloir avec Mimi du début jusqu'à la fin, Mathieu embrasse ma tempe. Si t'as un blem, que t'as besoin de moi, que t'as besoin de nous, il dépose un bisou dans les cheveux de Michka, tu sais où on est.

Quand je relève ma tête du torse de Mathieu, il ne faut pas plus d'une seconde pour que mes yeux rencontrent ceux d'Adeline, quelques mètres devant moi. Suffit que je voie le sourire doux qu'elle affiche, la façon dont elle regarde la main de Mathieu dans le bas de mon dos, pour que ça confirme ce que je répète depuis tout à l'heure.

Le procès est une vaste blague, elle nous a tout donné à Ben, Alex, et moi, tout ce qu'elle avait.

- Bonjour, c'est Mathieu qui lui tend sa main en premier, le sourire aux lèvres. Ça a été avec le vélo depuis ?

- Quel vélo ? Je fronce les sourcils quand Adeline hoche la tête en lui serrant la main.

Et ça suffit à élargir le sourire d'Adeline.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant