Chapitre 64

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Mathieu

Ça lâche direct quand il passe les portes vitrées du hall, Antoine sur ses talons. J'arrête de tourner en rond, je tape une ligne droite, je le tire contre moi. Et mes yeux se ferment d'eux-mêmes quand je fous ma joue contre sa tête, et que le mélange de la lessive, du shampoing qu'on partage, et du parfum que Lili lui a acheté vient me remplir les narines.

Ça fait une éternité que je l'ai pas tenu comme ça. Pourtant, merde, ça fait un bien de fou.

- Mathieu, il chuchote, la joue écrasée contre mon t-shirt, j..., je le stoppe en le serrant un peu plus fort encore.

- M'appelle pas comme ça, je souffle, y a plus r à nier.

Il reprend pas la phrase qu'il avait commencée, il enfouit à nouveau son visage contre moi juste un peu plus encore, en vidant l'air de ses poumons. Je me suis salement voilé la face avant-hier, quand j'ai sorti à Antoine que j'voulais en aucun cas qu'on nous ramène Michka ou Enzo à l'hôpital, je savais pas exactement ce qu'on allait nous annoncer pour Adeline, j'voulais pas qu'ils entendent des que-tru trop trash.

J'ai pas tenu. J'ai pas changé d'avis pour Michka, il est 1000 fois mieux chez Babcia au calme. J'ai changé d'avis pour Enzo quand j'ai passé les portes de la cafétéria seul tout à l'heure, et que je me suis surpris à avoir envie de le tenir dans mes bras en attendant mon café.

Juste un truc simple et naturel, j'ai du mal avec En'. Là, c'est venu tout seul. J'ai même pas attendu que mon café se finisse, j'ai appelé Antoine, je lui ai demandé s'il pouvait aller le choper pour me l'amener ici. C'était y a 45 minutes, j'ai tourné en rond comme un chien en cage.

- Tu veux que je reste ? Antoine se rapproche pour passer sa main dans mon dos, un faible sourire aux lèvres.

- On peut parler vite fait ? Je lâche encore une fois un que-tru dont j'ai pas l'habitude, et vu la manière dont il hausse les sourcils, ça le surprend tout autant que oim.

- Ouais, il glisse ses mains dans les poches de son jogging, un café ?

Il demande même pas. Où est Lili. Et je suis reconnaissant de fou. Parce que je douille, pas besoin d'enfoncer le couteau dans la plaie.

- Lili elle est où ? Enzo se prive pas la seconde suivante par contre, quand il se détache de moi.

Peut-être j'avais un petit espoir. En appelant Anto pour qu'il le ramène ici. Je l'ai fait pour oim, parce que j'en ai eu envie, mais je peux pas nier non plus la partie de moi qui s'est rappelé à quel point Enzo a réussi en quelques semaines à trouver sa propre place auprès de Lili.

Bien plus proche que ce que j'avais pu imaginer dans le meilleur de mes rêves.

Ça me niquerait vénère, mais s'il arrive à l'approcher mieux que moi, à la calmer un peu, à la canaliser, je pourrais jamais dire non. J'ai bien vu le matin au petit-déjeuner à quel point ils sont efficaces à deux pour préparer la table, le repas de tout le monde, avec quelle facilité il s'installe contre elle sur le canapé le soir, le peu d'hésitation qu'il a quand il débarque au salon pour lui demander de l'aide pour ses devoirs ou parce qu'il arrive pas à se coiffer correctement.

Puis merde, le truc que tu peux pas rater quand tu sais pour Lili : il a fini par capter comment lui faire garder les pieds sur terre. C'est subtil de fou, c'est dur de voir quand Lili décroche, mais j'ai vu Enzo faire. Même quand il a besoin de rien, suffit qu'il la trouve un peu distraite pour qu'il lui demande un verre d'eau, ou qu'il lui pose une question inutile au fond, mais à laquelle ma rousse répond toujours avec un sourire.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant