Chapitre 76

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Maëlle

Assis sur le bord du ring, le sourire au coin des lèvres, il me lâche pas des yeux quand j'envoie valser le sac de frappes à nouveau, la mâchoire serrée.

- T'essaies de couvrir le son de ma voix en frappant plus fort ? Il vient reposer sa tête contre le poteau du ring. Ça a pas l'air de fonctionner, même Maëlle a des limites alors ? Je croyais que non ?

Plutôt que de répondre, je concentre mon attention sur mes gestes. Je sais pas si c'est plus pour éviter Louis, ou pour ne plus sentir le regard de Dao dans ma nuque.

- Tu penses qu'il se dit quoi ? Louis tourne la tête vers mon frère. Que c'est l'heure de te ramener chez les tarés ? De toute manière, c'était la première impression que Mathieu a eue sur toi, que t'étais tarée, et faut toujours suivre son intuition.

Je peux pas serrer plus la mâchoire. II sait quel prénom utiliser pour me faire déraper quand je réagis pas assez à son goût. Du coup, j'envoie valser le sac un peu plus fort que la fois précédente, histoire de compenser. Je sens plus mes phalanges depuis au moins 20 minutes.

- Tu sais que les premières impressions, ça s'oublie pas ? Louis se penche en avant. Ça stagne même, en arrière-plan, et ça revient de temps en temps, il fait tourner son index dans le vide devant lui. Tu penses que y a des moments, il te regarde, et il se rappelle à quel point il te trouvait toute sauf belle au départ ? Ou à quel point ça l'a marqué à quel point t'as jouée à la tarée sur les bords de Seine ?

La seconde suivante, je réitère la même routine qu'au coup précédent. À l'exception que mon poing est stoppé dans sa course bien avant d'atteindre le sac.

- Louis ? Dao demande, sa main serrée autour de mon avant-bras, et sa joue posée dans mes cheveux.

- Lâche-moi. Je m'entraîne.

- Me prends pas pour un con Maëlle, il me lâche, mais il lui suffit que d'un mouvement pour se placer entre moi et le sac de frappes. Tu t'entraînes pas, t'es en train de t'éclater les mains.

- J'ai mes gants, je le regarde dans les yeux.

- Enlève-les.

Je sens ma peau à vif coller au cuir. Et la sensation se joint à l'image quand je retire mes gants, pour retrouver mes mains, rouges, jusqu'au sang au niveau des jointures.

- Lili putain, mon frère soupire en attrapant délicatement mes poignets pour regarder mes blessures de plus près.

Il dit rien, il me pose aucune autre question, il me tire juste à lui doucement, histoire de voir si je me laisse faire, et il expire l'air de ses poumons quand je finis contre son t-shirt.

- Tu me laisses désinfecter au moins ? Il murmure, et je hoche la tête.

En moins d'une minute, je me retrouve seule avec lui dans la petite pièce à l'arrière des vestiaires. J'ai pas besoin d'instructions à voix haute pour savoir que je dois m'assoir sur le bord de la petite table, pour qu'il puisse s'occuper de moi correctement. Il fronce juste les sourcils quand j'attrape mon téléphone, et que j'appuie ma tête contre le mur derrière moi.

- Kochanie ? Je ferme les yeux quand sa voix sonne à mon oreille, après 2 sonneries à peine.

- Je vais bien, je lâche, je suis avec Dao.

Dao qui m'observe, figé avec ses cotons dans une main, les sourcils levés.

- Mat' ? Il murmure. Wesh, il sourit quand je hoche la tête, depuis quand t'as autant grandi même ?

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant