Nexus · PLK

Chapitre 38

Lili

Je tiens à mon indépendance. C'est elle qui m'a permis de survivre aussi longtemps. Sauf que là, c'est un cas extrême, pas besoin de me torturer pendant des heures pour que j'avoue que Mathieu me manque horriblement, je crache le morceau direct.

- 25 longueurs ça me semble suffisant, mon frère lâche, le regard fixé sur le robot de la piscine qui vient de finir son nettoyage. T'es prête ? Il se tourne vers moi, un grand sourire aux lèvres.

- J'ai l'air ? Je hausse les sourcils, ma serviette serrée autour de mes épaules. Il est 6h30 Dao, on est en presque en hiver, et toi c'est quoi ton idée ? De nettoyer la piscine qui a pas servi depuis cet été pour faire des longueurs ?

Je savais que la chaleur des bras de Mathieu autour de moi le matin allait me manquer, mais là c'est plus que juste me manquer : je tuerais le nombre de personnes qu'il faut pour être allongée avec lui sous la couette. À la place de ça, je suis pieds nus sur la terrasse, à me rendre compte qu'en fait, je suis pas la plus tarée de la famille, Dao l'est.

- Le sport tous les matins ou Olivier tous les midis, tu choisis, il lève les mains devant lui. J'suis pas Mathieu, j'peux pas calmer tes crises juste en étant là, donc c'est soit on bouge nos culs tous les deux pour que tu te vides la tête, soit je t'accompagne chez le psy tous les midis. J'ai promis à Mat' qu'il te retrouverait en un seul morceau et en forme, j'vais rien lâcher jusqu'à ce qu'il revienne. La piscine ou Olivier ?

Mais il connaît déjà la réponse. Je préfère encore mourir de froid le matin, plutôt que de devoir raconter ma vie dans le bureau d'Olivier. Y a beaucoup trop de trucs que je cache à tout le monde pour m'exposer à ce point-là devant une personne qui sait parfaitement te tirer les vers du nez.

- 25 t'as dit ? Je lâche ma serviette sur le canapé du salon de jardin. Séance de tapette.

C'est tout ce qu'il faut à mon frère pour retrouver son sourire, accompagné d'un ricanement, et peut-être qu'au final, passer du temps avec lui comme ça, c'est aussi bien pour moi que pour lui. Je l'ai pas beaucoup vu depuis que lui et Lina se sont séparés, à part les quelques jours que j'ai passés chez lui. Mais de ce que je vois là, il a l'air de prétendre aller bien tout autant que moi.

- Elle t'as pas envoyé de messages ? Je finis par lâcher quand on termine la dernière longueur, au coude à coude.

- Nan, il m'observe essorer mes cheveux, avant de les attacher avec l'élastique qui pend à mon poignet. T'sais que ton gars c'est une grosse guimauve ? Son sourire revient un peu.

- Pourquoi ?

- Il en a pris 3 ou 4 à son poignet avant de partir de tes trucs-là, il pointe mon élastique du doigt.

Si c'était pas pour Mathieu, je me trouverais débile, je dirais que c'est des trucs de gamines en crush, mais juste impossible de nier le picotement de mes joues quand je me suis imaginé Mathieu récupérer des élastiques dans le tiroir de la salle de bain pour les emmener avec lui.

- Vraiment ? Je souris.

- Attends, il s'appuie contre le rebord de la piscine, son téléphone dans les mains. Frère, je le regarde commencer un snap, y a un pote il voudrait se faire tatouer un que-tru sur les doigts comme toi, je souris juste un peu plus quand je comprends ce qu'il essaie de faire, y a moyen que tu lui montres vite fait le tien ?

Je sais pas exactement quelle heure il est là où il est, mais il faut que 30s à Mathieu pour répondre, et pas par une photo.

"Elle est levée ? Elle a dormi ?"