Chapitre 75

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Adeline

La lèvre entre ses dents, je l'entends parfaitement soupirer quand je me lève de mon siège, et que ma béquille tombe au sol, bien hors de ma portée. Sans rien ajouter de plus, de toute manière elle a compris que ça ne servait à rien, elle fait le tour de son bureau pour venir ramasser ma béquille.

- Il reste au moins 10 séances Adeline, elle me détaille en m'aidant à retrouver mon équilibre. On ne se connaît pas depuis longtemps, mais vous avez l'air d'être une personne incroyable, elle me sourit doucement, c'est difficile de croire qu'il n'y a personne dans votre vie capable de vous accompagner aux séances de rééducation.

- Si le seul problème, c'est de faire tomber ma béquille de temps en temps, j'attrape mon sac, je pense que je peux m'en sortir seule.

J'évite le regard qu'elle me lance la seconde suivante, je sais ce qu'il veut dire. J'ai beau être psychiatre, et non pas rééducatrice, je comprends quand même le bilan qu'il y a à tirer, quand, toutes les semaines, le nombre de séances estimé avant ma rémission complète double.

- C'est loin d'être fini, elle confirme en m'ouvrant la porte de son bureau, et même si vous tenez les apparences jusque-là, je peux vous affirmer qu'il y a toujours un moment où même les patients les plus déterminés flanchent. Avoir quelqu'un avec soi à ce moment-là, c'est important.

- S'il faut, je prendrais une infirmière, je lâche.

Nouveau soupir.

- Vous êtes têtue, elle sourit, pourtant il n'y a pas de mal à demander de l'aide. On se voit dans 5 jours ?

- Oui, je jette un oeil à la salle d'attente, et j'ai pas de mal à le repérer, appuyé contre le mur à côté de l'accueil, les yeux rivés sur moi. Bonne semaine.

Les secondes qui suivent, je sais que les deux me regardent traverser difficilement la salle d'attente. Ils pensent la même chose. Puis le médecin appelle la personne suivante, et il n'y a plus que lui pour me détailler. Il ne dit rien non plus quand j'arrive à sa hauteur, il attrape juste mon sac, la mâchoire serrée.

- Y a un moment, il lâche une fois les portes vitrées passés, j'vais me pointer, j'vais lui balancer que t'as besoin d'elle Adeline. La vie de oim, il me lance un regard de côté, tu peux pas continuer comme ça, tu tiens à peine debout. J'sais pas ce que tu t'imagines, ou de si tu flippes de sa réponse, mais c'est pas tenable et tu le sais. Elle va pas te tèj, il m'ouvre la portière passager de sa voiture.

J'attrape une des peluches de Michka qui traînait encore sur le siège, avant de m'y assoir, et de laisser le temps à Dao de faire le tour de la voiture pour venir s'installer derrière le volant.

- C'est qu'une question d'adaptation, je lâche, les yeux sur le parking à moitié éclairé.

- Arrête ça, il souffle. Vous me saoulez, toutes les deux, vous êtes les mêmes. Tu peux pas lui gueuler dessus parce qu'elle demande pas d'aide aux autres, la vie Adeline, t'es pas légitime. Je t'aime, il tourne la tête vers moi, je suis dispo dès que t'as besoin d'aide, mais je serai jamais Maëlle. Ça, il lève les mains au-dessus du volant, faut que ça s'arrête. Et me force pas à pas me pointer à la prochaine séance pour que tu sois obligée d'agir autrement.

Mais je serai jamais Maëlle. Je suis restée bloquée à cette phrase, mon coeur aussi.

- Tu parles du fait que ce ne soit pas viable qu'elle ne m'aide pas, je lâche, mais tu trouves que la laisser m'aider, ça le serait ? Elle n'a pas besoin de mes problèmes en plus des siens Dao. Elle est maman, elle rêve de donner tout ce qu'elle peut à Mathieu, et elle a ses problèmes à elle. Elle n'a pas besoin des miens.

Nexus · PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant