Nexus · PLK

Chapitre 52

Mathieu (19/01/24 - Release party)

- Arrête ça putain, Elliot vire mon pied des platines, sur lequel je tapote en rythme depuis au moins 5 minutes, t'es ingérable depuis tout à l'heure. Tu stresses ou quoi ?

Nan, je m'en bats les couilles. Je kiffe ce qu'on a fait, je kiffe ce qu'on a monté, donc les commentaires sur la mixtape, je m'en bats les couilles, c'est pas ça que j'attends. Vite fait, et l'écran de mon téléphone tourné vers oim histoire qu'on me charrie pas pendant des heures, je passe mes yeux sur la photo qu'elle a postée y a déjà au moins 45 minutes.

Je suis fini rien qu'avec ça putain.

Heureusement que c'est la mienne, parce que je peux la mater sans avoir un seul scrupule, je veux juste qu'elle débarque à la soirée qu'elle m'a organisée, parce que y a limite qu'elle que j'attends. Sur sa photo, il fait déjà salement nuit dehors, y a juste les lampadaires qu'éclairent, je sais même pas où, et les reflets que ça dessine sur sa silhouette, c'est fait pour me tuer. Je mets ma main au feu que c'est Léna qu'a choisi la robe, y a que ma soeur qui sait comment me rendre ouf comme ça aussi indirectement, et j'étais sûr qu'elle allait se venger de son McDo que j'ai bouffé avant qu'elle arrive.

Putain mais Léna, utilise pas Maëlle, c'est de la putain de triche.

La vérité, c'est que si j'ai raison, que c'est ma soeur qui a trouvé la robe, qui a coiffé les cheveux de ma rousse aussi bien, qui lui a choisi ses talons et le sac, je suis heureux, parce que je kiffe qu'elles passent leur temps ensemble. C'est pas ça mon blem. Mon blem, c'est que Léna est chez une pote depuis 11h ce matin, et que la photo, c'est Lili de dos, à marcher comme si elle régnait sur le monde, mais à 3 ou 4 mètres de l'objectif.

C'est qui qui a eu la chance de prendre la putain de photo ?

Je vais câbler. Je suis là, depuis tout à l'heure, et j'ai des envies de meurtre. Je tape les platines avec mon pied, je m'en bats les couilles des autres, parce que la seule chose que j'ai été capable de faire en presque une heure, c'est de descendre son Insta, juste pour me rendre compte que y a genre 95% des photos d'elle, elle les as pas prises elle-même, et c'est pas moi qui les ai prises non plus.

Je sursaute presque quand une main se pose sur mon épaule, près de ma nuque, avant de le serrer doucement. Je me presse même pas à verrouiller mon téléphone pour que la personne voit pas, j'ai vu le reflet dans l'écran, et je sais que c'est trop tard.

- J'ai les deux-trois premiers cartons de merch qu'attendent dans mon coffre, Antoine me lance un regard la seconde suivante, tu viens m'aider ?

J'arrive même pas à me hyper sur mon merch, j'veux juste savoir qui a pris la photo. Silencieusement, je suis Flav' jusqu'au parking, et c'est qu'une fois qu'on se retrouve dans le froid et le noir de la nuit qu'il me jette un nouveau regard.

- Tu sais qui a pris la photo, il lâche, et c'est ça qui te termine. Il va rien faire Mat', tu le sais bien.

C'est le seul qui est pas là. Antoine a raison, j'suis pas le plus intelligent, mais j'suis pas le plus con non plus, j'ai fait mes calculs correctement pour une fois. Moctar est pas là, c'est le seul du Panama qui s'est pas encore pointé, et j'ai besoin de 20k de neurones pour savoir que s'il est pas là, et que Lili est pas là non plus, y a genre 95% de chances qu'ils soient ensemble quelque part.

Antoine soupire bruyamment quand je pose mes paumes de chaque côté du premier carton, mais que j'y reste bloqué, la mâchoire serrée, parce que y a trop d'images que je veux pas voir qui traînent dans ma tête.