Chapitre 13

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Je prends le volant de la voiture de Théo pour qu'il ait la surprise de mon endroit préféré. Même si je reconnais que ça fait des années que je n'y suis pas allée. Depuis que mes parents nous avaient fait quitter le Minnesota en fait. Je me gare sur le parking de Valleyfair, un parc d'attractions.

Théo : Valleyfair, c'est ça ton endroit préféré ?

Moi : Oui, pourquoi ça te choque ?

Théo : Je m'y attendais pas surtout. Et puis je sais pas... moi si j'aime autant les Minnehaha falls, c'est parce que c'est un endroit calme ou je me sens bien, ou je peux réfléchir et me détendre alors que là...

Moi : Faire des montagnes russes me détend et j'adore cette petite pointe d'adrénaline qu'on peut ressentir dans un grand huit. Quand on était plus jeune, on adorait venir ici avec Jamie. Très souvent dans le dos de nos parents qui étaient beaucoup moins fans. Pour eux, c'était juste une perte de temps. Je me rappelle la seule fois où j'avais réussi à les convaincre qu'on vienne en famille, j'avais brodé en disant à mes vieux que toutes les attractions étaient des monuments artistiques à leur façon. Sauf qu'après mon père avait passé la journée à nous détailler les différentes structures...

Théo : t'as pas l'air de bien t'entendre avec tes parents ?

Moi : Non, pas vraiment, je sais que je devrais faire un effort mais... Ils rêvaient que Jamie et moi, on suive leurs traces. Qu'on devienne de grandes architectes et qu'on travaille tous ensemble à leur cabinet avant d'en reprendre les rênes. Ils n'ont pas super bien pris le fait qu'on veuille choisir nous-mêmes de notre avenir... Résultat, on ne se parle presque plus. Pardon, tu dois me trouver dégueulasse de les zapper comme ça alors que tu n'as plus les tiens...

Théo : Tu sais, j'ai accepté la mort de mes parents depuis le temps. Ce sera toujours un poids au fond de moi, mais la vie est ainsi. Et non, je peux comprendre ta réaction. Que ce soit tes parents ne les autorise pas à déterminer de ta vie. C'est la tienne et tu as le droit d'en faire ce que tu veux.

Moi : Ce que je veux, c'est aller faire du manège et me goinfrer de barbe à papa maintenant que j'ai plombé l'ambiance.

Théo : T'as rien plombé ma puce et comme ça le sujet parent est clos d'un côté comme de l'autre. Allez viens.

Nous passons toutes la journée à faire des attractions, manger des cochonneries et à rire. En fait, je crois que quand je suis ici, c'est un peu comme si j'avais de nouveau 13 ans et que je faisais la folle avec ma sœur, loin des préoccupations des adultes. On a tous des sons, des odeurs ou des lieux comme ça. Ben ce parc d'attraction, c'est ma madeleine de Proust.

Alors que nous retournons à la voiture, je sens le regard de Théo sur moi. Je me stoppe et le regarde, interrogative.

Moi : Quoi ? pourquoi tu me regardes comme ça ?

Théo : Ton sourire et tes yeux quand on était tout en haut du grand huit. On aurait dit une gamine de 10 qui monte dedans pour la première fois.

Moi : C'est l'effet de ce parc sur moi. Parfois, il n'y a pas de mal à laisser parler son âme d'enfant, à laisser ses responsabilités et problèmes au vestiaire et juste profiter comme quand on était encore insouciant.

Théo : T'as raison et si je te dis que j'ai aussi envie de profiter du mode des adultes en séquestrant chez moi encore ce soir.

Moi : Très tentant, mais si on allait chez moi plutôt, je viens de passer déjà deux jours complets avec les mêmes sous-vêtements et j'en changerais bien.

Théo : Ok, mais bon, t'as pas porté tes sous-vêtements tout le temps non plus ma puce.

Il m'adresse un regard coquin et je lui colle une tape sur le bras.

L'ombre du corbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant