Théo m'entraine sur le canapé sur lequel nous restons blottis l'un dans les bras de l'autre en silence. Nous aurons besoin d'avoir une bonne discussion, mais pour l'instant, je veux juste profiter de sa douceur et de sa chaleur. Durant un moment, je ne veux plus penser aux derniers événements et je sais que dès que lorsqu'un nous deux aura ouvert la bouche, le sujet qui fâche viendra sur le tapis.
Mon petit ami caresse mon dos et mes cheveux avec délicatesse, presque déférence. Un peu comme si j'étais une poupée de porcelaine qui pourrait se briser s'il y va trop fort. J'avoue que c'est un peu ce que je ressens dans le fond. Depuis mon réveil, j'ai passé une bonne partie de mon temps à pleurer, assez pour ne plus avoir de larme en stock et pourtant je sens qu'elles ne sont pas loin. Tapis au bord de mes yeux et prête à couler à tout moment.
C'est toutefois moi qui romps le silence parce qu'une question me travaille. Je me redresse un peu pour regarder Théo dans les yeux. Ils sont rouges et gonflés comme si lui aussi retenait ses larmes.
Moi : T'es allé où ? Je pensais te trouver Minnehaha Falls...
Théo : J'étais à Valleyfair. Pendant que tu me cherchais à mon endroit préféré, j'étais dans le tien. J'ai fait du grand huit pour voir si j'arrivais à laisser mes problèmes aux vestiaires, mais non... Ma culpabilité et ma honte de t'avoir mis en danger ne m'ont pas lâché. Si tu savais à quel point je m'en veux. J'étais décidé à te quitter pour te protéger, mais je peux pas... C'est égoïste, mais auprès de toi, je me sens si bien. Il va falloir que ce soit toi qui me quittes et qui prenne tes distances avec moi.
Moi : Alors là, tu rêves ! Tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé.
Théo : Ouais, à d'autres !
Il s'est levé du canapé et commence à faire les cents pas. Et voilà qu'on s'engueule maintenant. Il ne manquait plus que ça, vous me diriez !
Moi : Ok, qu'est-ce que tu veux entendre ? Que je t'en veux ? Que je te déteste ? Que si j'avais pas été avec toi, rien de tout ça ne me serait arrivé ?
Théo : Ben quoi c'est vrai ! Si t'étais pas ma petite amie, jamais les Colombiens ne t'auraient approchée !
Moi : Tu le veux et ben, tu l'auras ! Oui, pendant une seconde, quand j'étais là-bas et qu'ils parlaient en espagnol de me violer, de me marquer et de balancer mon corps sur votre territoire pour vous narguer, je t'ai détesté ! J'aurais voulu que tu ne pousses jamais la porte du bar ! T'es content là !
Je me lève à mon tour et croise excessivement fort les bras sur ma poitrine en pleurs. En deux enjambées, il me rejoint et prend à nouveau dans ses bras.
Théo : Pardon ! Excuse-moi ma puce ! Mon but n'était pas de te faire de la peine...
Moi : alors arrête de dire des conneries !
Il resserre un peu son étreinte autour de moi et dépose un doux baiser dans mes cheveux. Sa bouche dévie ensuite sur ma tempe, puis en dessous de mon oreille, mon cou et retrouve la mienne. Son baiser est puissant, tant pis si nos lèvres se remettent à saigner, nos vies liées alors si nos sangs le sont aussi... Il me fait reculer jusqu'au canapé. Lorsque mes genoux touchent le coussin, il m'allonge dessus et recouvre mon corps du sien. Puis j'ignore si ça vient de lui ou de moi, mais nous mettons fin à notre étreinte. Il se retire de sur moi et reprend place plus sagement à côté de moi.
Théo : Te méprends pas sur ce qui vient de se passer. Même avec tes bleus, je te trouve très sexy, mais je pense qu'on n'est pas vraiment en état.
Moi : T'inquiète, je ne le prends pas mal. C'est mieux ainsi, j'ai mal partout et...
Je m'interromps et serre un coussin contre moi. Théo me regarde intensément et je sais très bien à quoi il pense.
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L'ombre du corbeau
RomanceMary Hopes est une barmaid sans histoire. Mais un jour, sa vie va basculer quand un très beau jeune homme va pousser la porte du bar. Avec les sentiments et l'engagement dans une relation suivi vient aussi le début des galères. L'amour est-il plus f...