L'ombre du corbeau

Chapitre 54

Suite à la venue de l'infirmière, c'est le médecin qui passe pour m'examiner à nouveau. Il me gronde lui aussi pour le fait que je me sois levée toute seule. Il me dit aussi que mes analyses d'hier sont bonnes, c'est une bonne nouvelle. Je le questionne sur ma grossesse, d'après le fœtus, j'en étais à 10 semaines. Je lui parle aussi de ma mémoire défaillante et il me dit qu'il est possible que mes souvenirs ne reviennent pas, même si en général les gens dans mon cas retrouvent la mémoire dans les semaines qui suivent leur reveil. Cette nouvelle me mine le moral, je n'aurais pas la patience d'attendre. J'imagine que j'ai plus à questionner mes proches pour savoir ce qui me manque. Quand il quitte ma chambre, mon regard se perd par la fenêtre. Le ciel est blanc et annonciateur de neige.

Point de vue de Théo :

Je n'ai presque pas dormi de la nuit, je n'avais qu'une envie retourner à l'hôpital pour voir Mary. Ce matin, j'ai même traversé mon couloir sans tressaillir. Pour la première fois depuis deux semaines, je n'ai pas vu le corps de ma chérie étendu au sol. Davis avait bien fait mes choses, le jour même, pendant que nous étions à l'hôpital, les gars étaient venus pour tout nettoyer. Quand j'étais rentré chez moi, il n'y avait plus aucune trace de ce qu'il s'était passé, mais cette image était incrustée dans ma tête.

Un moment, j'ai pensé aller chez Mary puisque j'avais sa clef, mais me retrouver de toutes ses affaires aurait été trop dur. Et il était hors de question que j'aille chez Davis, il ne m'aurait pas laissé me morfondre. Mais tout ça est derrière moi, la femme que j'aime s'est réveillée et elle ne semble pas me tenir rigueur de ce qu'il s'est passé.

J'attrape un sac et mets quelques-uns de ses vêtements et son portable que j'ai branché hier pour qu'il ait de la batterie. Je vais aussi passer à la boulangerie parce que je doute que la nourriture de l'hôpital soit à son gout. Si elle le souhaite, je suis prêt à lui apporter trois repas par jour. Enfin, j'espère qu'elle sortira vite.

Quand je pousse la porte de la chambre de ma chérie, elle est tournée vers la fenêtre, comme perdue dans ses pensées. J'avance doucement et dépose un bisou sur sa tempe.

Moi : Bonjour ma puce...

Mary : Bonjour mon amour.

Entendre ses deux mots dans sa bouche est un pur bonheur.

Moi : Je t'ai apporté quelques affaires, ton portable et ça !

Je lui montre le sachet de viennoiseries et son sourire me réchauffe le cœur. Elle se redresse en grimaçant un peu en posant sa main sur le bas de son ventre et me vole un baiser.

Mary : Merci, t'es le meilleur !

Elle se jette sur les croissants comme si elle n'avait pas mangé depuis des semaines et en fait, c'est exactement ça. Ils l'ont nourri avec une sonde gastrique, mais ma petite amie qui n'était déjà pas épaisse à fondu mine de rien. Après avoir avalé jusqu'à la dernière miette des viennoiseries. Mary se tourne vers moi. Un voile de tristesse passe sur ses yeux.

Mary : Est-ce que... est-ce que je savais que j'étais enceinte ?

Sa question me surprend et ça doit se lire sur mon visage.

Mary : Je ne me souviens pas de tout ce qu'il s'est passé après le départ de Jamie.

Moi : Vraiment ?

Mary : Oui et d'après le médecin, il est possible que mes souvenirs ne reviennent jamais. D'après ce qu'il m'a dit, j'étais enceinte de 10 semaines... Ce qui veut dire que ça remonte à notre... petit voyage...