Chapitre 53

49 7 0
                                    

Tout à coup, c'est le déferlement au-dessus de moi. On passe une lampe devant mes yeux, m'éblouissant au passage. Quand un homme me retire le tube que j'avais dans le nez, j'ai envie de vomir. Et quand il me retire celui que j'avais dans la bouche, j'ai la sensation que ma gorge va partir avec.

??? : N'essayez pas de parler tout de suite, vos cordes vocales sont endolories. Dans quelques heures ça devrait aller mieux. Je suis le Dr Half, c'est moi qui vous ai opéré il y a deux semaines qui vous suis depuis.

Il vient vraiment de dire "deux semaines".

Dr Half : Vous avez fait une hémorragie massive suite à une grossesse extra-utérine. Nous avons dû vous retirer une trompe pour stopper le saignement. Vous nous avez fait peur quand votre cœur s'est arrêté.

Il est sérieux là, il me débite tout ça parce qu'il sait que je ne peux pas répondre ou quoi ? J'étais enceinte... comment j'ai fait pour ne pas m'en rendre compte...

Dr Half : Je sais que cela est un choc et que ça fait beaucoup d'information d'un coup. Désolé mademoiselle. Je vais vous faire passer quelques tests et je vous laisserai vous reposer.

L'infirmière me fait une prise de sang et en prend au moins trois litres. Le médecin me fait toucher le bout de mon nez avec mon index gauche et d'autre truc du genre.

Dr Half : Parfait, vous ne semblez pas avoir de séquelles neurologiques. Je vais contacter vos proches pour les informer de votre réveil. Ne tentez pas de vous lever pour le moment, vous êtes encore trop faible. Demain, nous vous retirerons la sonde urinaire et vous serez plus libre de vos mouvements. Vous revenez de loin. Si vous avez besoin de quoi que ce soit sonné et une infirmière viendra.

Il me montre un bouton sur le côté du lit et dit à l'infirmière présente de me donner un anti-douleur. Elle passe un produit dans ma perfusion et je me sens comme enveloppé dans du coton. Je ne tarde pas à me rendormir.


Point de vue de Théo :

Ça fait deux semaines que Mary est dans le coma. Deux semaines que je traine en pyjama à déprimer dans mon coin. Je suis sur le point de me faire une injection de morphine pour ma blessure à la cuisse. J'ai plus vraiment besoin de prendre de la morphine puisque j'ai pas si mal que ça, mais ça m'aide à supporter le fait que la femme que j'aime puisse ne jamais se réveiller. Je suis interrompu dans mon geste quand mon portable sonne.

À tout coup, c'est encore Davis qui appelle pour prendre des nouvelles. J'ai plutôt intérêt à répondre à ses appels sinon, il débarque chez moi. Bon pour parer à ses petites visites, je laisse mes clefs dans la serrure, comme ça, il ne peut pas rentrer. Dont, il serait encore capable de défoncer ma porte. De toute façon, vu mon état et celui de mon appart, c'est mieux que personne n'y mette les pieds.

Mais revenons-en à mon portable qui sonne toujours. C'est pas Davis, c'est l'hôpital. Pourvu que ça ne soit pas pour m'annoncer une mauvaise nouvelle. Si on me dit que Mary est morte, je fais le serment de remplir la seringue de morphine au max et de me l'injecter en plein cœur. Tremblant, je décroche. Là, le médecin de Mary me dit qu'elle s'est réveillée. Des larmes roulent à nouveau sur mes joues et je raccroche pour courir me doucher et me changer.

Dans le taxi qui me conduit à l'hôpital, je ne tiens pas en place. Je n'ai qu'une envie, serrer la femme que j'aime dans mes bras et qu'elle puisse me rendre mon étreinte cette fois. Je cours dans les couloirs de l'hôpital et rentre dans la chambre de Mary. Elle dort, mais elle n'a plus de tuyau dans la bouche et le nez. Je m'assieds près d'elle et serre sa main dans la mienne. Je sens ses doigts s'agiter sous les miens. Je souris et me penche sur elle pour l'embrasser délicatement sur les lèvres.

L'ombre du corbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant