Chapitre 35

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La nuit est tombée depuis un moment et j'arrive pas à dormir. Je ne cesse de me tourner et me retourner dans tous les sens. Le corps chaud de Théo près du mien me manque, mais il n'y a pas que ça... Je me suis déjà levée trois fois pour vérifier ma porte et mes volets. Bien qu'habitant au troisième étage, je vois mal quelqu'un rentrer chez moi par la fenêtre, mais quand même. J'ai même laissé la télé allumé pour me donner un sentiment de sécurité, mais rien n'y fait. Alors pour la deuxième fois de la journée, je me tourne vers quelque chose que je sais efficace : Mes petits bonbons roses.

J'attrape le tube d'anxiolytique et le renverse au-dessus de ma main pour en faire tomber un cachet. Plusieurs atterrissent dans ma main et quand je veux les ranger, je me rends compte que les six comprimés que j'ai en main sont les seuls qui restent. J'ai dû en perdre quand le tube est tombé par terre la dernière fois. C'était un flacon de trente cachets à la base, j'en ai quand même pas pris autant que ça... Mentalement, j'essaie de faire le compte de tous ceux que j'ai avalés, mais je lâche vite l'affaire.

Six... si j'en prends un par jour, j'en ai même pas pour une semaine. La solution serait que je retourne voir le médecin. Mais, il refusera peut-être de m'en redonner puisque j'ai pas suivi sa recommandation d'avoir un psy. Un psy me forcerait à reparler de mon traumatisme et de ce qu'il s'est passé. Et, d'un : Moi, ce que je veux, c'est oublier cette sombre histoire. Et, de deux : Comment évoquer mon... enlèvement et mon... passage à tabac sans parler de Théo et des Crow. Enfin de trois : Je crois que j'ai aussi peur du passé que du futur...

Pour économiser mes Xanax, je me tourne vers autre chose, la bouteille de vodka. Après le troisième verre, mon cerveau est comme enveloppé de coton. En titubant, je rejoins mon lit et m'effondre la tête la première.

L'alarme de mon portable sonne depuis cinq bonnes minutes, mais j'ai la flemme de bouger. Hier après mon auto-médication à la Grey Goose (qui est au passage la meilleure vodka pour moi), J'ai oublié de reprendre mon téléphone dans le salon. Puisque le bruit commence à me souler, je me lève en soupirant. De toute façon, il faut que je m'active. J'ai rendez-vous au QG des Crow dans une heure pour que leur médecin me retire mes points. Il faudra aussi que je demande à Théo si ça ne le gêne pas que je squatte chez lui pour filer mon appart à Jamie le temps de son séjour.

Mais, avant toute chose, un bon café et de l'aspirine. J'ai pas vraiment la gueule de bois, mais je ne suis pas très fraiche non plus. J'avale les cachets avec ma boisson chaude et grignote un pain au lait, puis direction la douche.

Sous l'eau, je lave délicatement mon tatouage et soupire. Il est très beau, fin, féminin et dessiné par ma meilleure amie. Pour tout ça, je l'adore. Mais il est aussi là pour masquer un horrible souvenir. C'était plus facile de ne pas penser à tout ça quand nous étions loin. Pour autant, je ne me verrai pas déménager. Dans le Minnesota, je me sens chez moi. Ce n'est pas pour rien que je suis revenue ici après avoir "envoyé chier mes parents". Certes, le fait que mon oncle vive encore ici a aidé, mais il n'y a pas que ça.

Quand j'arrive au QG des Crow, on dirait une fourmilière. La dernière fois, c'était beaucoup plus calme. Là plein d'hommes dont certains que je n'ai jamais vu s'activent dans tous les sens. Puis, je me rappelle que Lewis avait été blessé, qu'il est en fauteuil maintenant. Au téléphone, Davis avait dit qu'il prendrait soin de lui... Ils sont en train de tout aménager pour que ça lui soit accessible. C'est un beau geste. Même si on peut leur reprocher pas mal de chose "ne pas prendre soin de leurs membres" n'en fait pas partie. Alors que je me fais cette réflexion, deux bras puissants se nouent autour de ma taille.

Théo : Salut ma puce. Tu m'as trop manqué cette nuit.

Il embrasse ma nuque et vient face à moi pour donner un baiser langoureux.

L'ombre du corbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant