L'ombre du corbeau

Chapitre 66

Nous sommes au bar en train de faire une partie de billard comme lors de notre première soirée tous les quatre et l'ambiance est bonne enfant. C'est super. Pour nous rappeler des bons souvenirs, Suzy met le même parie sur la table. Filles contre garçons et les perdants offrent le resto. C'était il n'y pas si longtemps que ça, pourtant ça me parait à des années-lumière vu tout ce qu'il s'est passé entre-temps.

Pour l'instant, je veux juste profiter de la soirée. Comme la première fois, je me penche pour déconcentrer Théo avec mon décolleté et je suis contente de voir que ça marche toujours alors que maintenant, il connait chaque millimètre de ma poitrine. Rien que de repenser au contact de ses dents sur mes tétons durcis, je frémis et... rate mon coup aussi au passage. La partie est très serrée, mais c'est finalement Suzy et moi qui gagnons. Bon, je soupçonne les mecs de nous avoir gagné.

Nous allons au resto et mangeons en riant. Arrivés au dessert, le portable de Davis vibre. Il regarde l'écran et s'excuse avant d'aller prendre l'appel dehors. Quand il revient, il nous adresse un sourire qui sonne faux. Je sens que notre soirée va tourner en eau de boudin. Davis se rassied et nous le regardons tous en attendant qu'il s'exprime. Puisqu'il ne semble pas décidé, Suzy lui met un coup de coude pas discret.

Davis : Aie !

Suzy : T'as qu'à dire ce qu'il se passe. Tu vois bien qu'on est tous dans l'attente.

Davis : Ouais, c'est bon. C'est juste que je sais pas trop comment...

Moi : Avec une série de mots les uns après les autres et vite parce que tu commences à me stresser avec ton hésitation.

Davis : Ok, ça concerne les Crow...

Sans le vouloir, je me tends et ma main se resserre sur la cuisse de Théo qui pose la sienne sur la mienne.

Davis : Le club t'a organisé une fête de retour, mon pote... ce soir...

Théo : Pfiou, tu nous as fait flipper, crétin.

Davis : Ben, je savais pas trop où vous vous situez à propos de ça. On n'a pas vraiment pris le temps d'en parler depuis...

Il baisse la tête.

Moi : Depuis que j'ai pété un plomb quand il s'est fait tirer dessus et que j'ai fini à l'hosto...

Davis : Ouais...

Moi : Crois-moi, je me suis torturé l'esprit à ce propos. Et comme je l'ai dit à Théo, je l'aime alors, je ferais avec... je ne veux pas lui demander de renoncer à cette partie de sa vie. Et je suis réaliste. C'est pas le genre de club où il suffit de rendre sa carte de membre pour en finir... Ça va pas être simple à vivre au quotidien, mais ce serait encore plus dur de vivre sans lui.

Théo prend mon visage en coupe et m'embrasse.

Théo : Ma puce... Moi aussi, je n'imagine pas ma vie sans toi. J'imaginais pas non plus faire ça ce soir, ni dans ces conditions, mais mon cœur me hurle que c'est le moment.

Il se lève et fait pivoter ma chaise face à lui en posant un genou au sol.

Théo : Mon amour. Je sais que le fait que je rentre dans ta vie n'a fait que compliquer la tienne. Je sais que nous avons eu notre lot d'épreuves. Je sais aussi que nous en aurons encore. Je sais aussi qu'il arrivera un jour où l'un ou l'autre aura envie de tout quitter. Mais je sais aussi que si je ne te demande pas de m'épouser, je vivrai dans le remord jusqu'à la fin de ma vie. Parce qu'au plus profond de mon cœur, je sais que tu es faite pour moi. Tu es mon ancre, la lumière, ma boussole, mon oxygène, mon tout. Alors Mary Hopes, me ferais-tu l'honneur de devenir ma femme ?