L'ombre du corbeau

Chapitre 43

Nous approchons du grand huit et je me tourne vers ma sœur.

Moi : C'est pas dangereux pour ta grossesse ?

Jamie : C'est un grand huit de gamin, je doute que ça craigne quelque chose.

Moi : J'espère, j'ai pas envie qu'il arrive quoi que ce soit à ma future nièce.

Jamie : Qu'est-ce qui te fait croire que ce sera une petite fille ?

Moi : Je le sens. Ce sera une magnifique petite princesse. Elle s'appellera Tatiana, elle aura tes cheveux et les yeux clairs de Dylan.

Jamie : Que te dit d'autre ta boule de cristal ?

Moi : Que si tu me vomis dessus dans le grand huit, je te le pardonnerais pas. On aurait peut-être dû le faire avant de manger les gaufres...

Nous pouffons de rire et montons dans le wagon que nous indique l'employé. Dans la montée, ma sœur noue ses doigts aux miens et dans la descente, nous levons les bras, nos mains toujours jointes. Nous sortons de l'attraction avec un grand sourire.

Jamie : Tu vois, j'ai pas dégueulé. D'ailleurs, j'ai de la chance, j'ai quasiment pas de nausée matinale.

Elle se précipite vers un étal et je la regarde perplexe.

Jamie : Ben quoi, je touche du bois. J'ai pas envie de passer toutes mes matinées la tête au-dessus de la cuvette. Imagine, je viens de me porter la poisse...

J'éclate de rire.

Moi : Je sais même pas t'es enceinte de combien.

Jamie : De deux mois environ... Quand je l'ai découvert, je te dis pas le choc. J'ai jamais oublié ma pilule. J'étais en stress complet, je ne savais pas comment prendre la nouvelle, ni comment Dylan allait la prendre... Je crois que je suis resté quoi... bien trois heures prostrée contre ma baignoire. J'ai même pensé à avorter sans en parler à personne.

Moi : Pourquoi tu ne m'as pas appelé ?

Jamie : Je sais pas... c'est con, mais je suis ta grande sœur, celle qui doit te servir d'exemple. Je sentais mal de te dire que je m'étais fait mettre en cloque par le mec avec qui je sortais depuis un mois et demi seulement...

Si elle savait tout ce que j'ai vécu et supporté pour un mec avec qui je commençais juste à sortir...

Moi : Tu penses vraiment que je t'aurais jugé ?

Jamie : Non, bien sûr que non ! Mais j'étais paumée et prisonnière de mes émotions.

Je serre sa main et elle me sourit.

Moi : Qu'est-ce qui t'a convaincu de le garder ?

Jamie : Dylan... Alors que j'étais toujours contre ma baignoire, j'ai reçu un message. C'était Dylan qui me disait qu'il avait hâte de me retrouver pour le dîner, qu'il m'avait préparé un plat fétiche de sa mère et qu'il m'aimait...

Tout en l'écoutant, je joue avec mon bracelet qui ne m'a pas quitté depuis que Théo me l'a passé au poignet et me criant son amour.

Jamie : Là, j'ai réalisé que tout irait bien. Que même si notre couple était tout frais, nos sentiments étaient sincères. Que ce bébé était le fruit de notre amour.

Les mots de ma sœur me touchent. Les fruits de mon amour de Théo sont mes cicatrices au corps et à l'âme, mais j'espère moi aussi que tout ira bien. Et ça parce que je sais que nos sentiments à tous les deux sont sincères. Bon, ma sœur a la chance que l'homme qu'elle aime ne fasse pas partie d'un gang lui... Mais puisque je ne tiens pas à penser à ça maintenant, j'entraîne ma sœur vers un nouveau manège. C'est parti pour les miroirs déformants et le concours de la plus belle grimace.