L'ombre du corbeau

Chapitre 24

J'ai adoré le muséum d'histoire naturelle et je dois dire que je ne m'y attendais pas. Les musées, c'est pas mon truc d'habitude. Théo était comme un gosse devant le squelette du T-Rex, c'était trop chou. Pour rire, je lui ai acheté le petit à la boutique souvenir. Main dans la main, nous traversons la rue et entrons dans Central Park par l'entrée ouest. Les arbres ont quasiment tous perdu leur feuille. Celles qui restent ont une teinte rouille, ce qui donne un certain charme au parc.

Au sol, il y a des tas de feuilles mortes dans lesquels des enfants s'amusent à sauter. Jamie et moi, on le faisait souvent à la maison. Après que mon père ait ratissé toutes les feuilles dans le jardin, on plongeait dedans. Enfin, jusqu'au jour où ma sœur s'est retrouvée avec une grosse araignée dans les cheveux et qu'on hurle toutes les deux.

Théo : À quoi tu penses ma puce ?

Moi : A Jamie...

Théo : Si tu veux, on peut toujours reprendre la route pour aller la voir.

Moi : Je sais, mais non, on ira la voir plus tard quand tout sera bien derrière nous.

Théo : Ok... Et tu pensais à quoi par rapport à ta sœur ?

Moi : Nous aussi, on adorait faire les folles dans les feuilles mortes... On a complètement arrêté le jour où elle s'est retrouvé avec une énorme araignée dans les cheveux. Jamie s'est redressée au milieu des feuilles et elle avait ce... machin sur la tête. Je m'étais figée, le regarde bloqué sur ses cheveux alors, elle les avait touchés et elle s'était mis à hurler. Notre père était sorti de la maison et l'avait enlevé et remise dans le jardin. Juste après, il nous avait engueulés parce qu'on l'avait coupé dans son boulot... Qu'est-ce que tu veux, j'ai une peur bleue des araignées.

Théo : Quoi t'aime pas les petites bêtes à huit pattes...

Avec ses doigts, il imite une araignée qui monterait le long de mon bras. Même si je sais que c'est du vent, je tressaille. Il sourit et me serre dans ses bras après m'avoir volé un baiser.

Théo : Ton père n'a pas l'air d'être un rigolo...

Moi : Non, c'est le moins qu'on puisse le dire. Te méprend pas, nos parents n'ont jamais été violents ou quoi que ce soit avec Jamie et moi. Et, ils nous aiment, ça je le sais, mais... Souvent, on avait l'impression que le cabinet d'architecte passait en premier. Alors quand ni ma sœur, ni moi n'avons voulu suivre cette voie... mais bon, ainsi va la vie, je crois. Et, toi, tes parents, ils étaient comment ?

Il se tend une seconde et je me dis que j'ai pas été très fine pour le coup.

Moi : T'es pas obligé de répondre. Pardon, j'aurais pas dû te demander ça...

Théo : Non, t'inquiète. En tant qu'enfant unique, j'étais très proche de mes parents à l'enfance. On faisait plein de chose ensemble. Même la corvée des courses devenait une mission familiale et devenait amusante. À l'adolescence, j'ai commencé à me rebeller un peu, comme tout le monde, je pense... J'avais moins envie de passer tout mon temps avec mes parents. Je disais à mon père que c'était la honte quand il me déposait avec la dépanneuse du garage où il bossait. Un jour ma mère m'a appelé "champion" devant mes potes et je lui ai fait la tête durant trois jours...

Il s'arrête et son regard se perd au loin.

Théo : je vais te confier quelque chose que je n'ai encore jamais dit à personne. En fait, après la mort de mes parents, la personne contre laquelle j'étais le plus en colère, c'était moi. En fait, ce soir-là, j'étais invité à une fête. Mon père ne voulait pas que j'y aille parce qu'il connaissait la famille du mec qui m'avait invité et qu'elle n'était pas folichonne. Mais, j'ai fait le mur et j'y suis allé quand même. Mes parents se sont rendu compte que j'étais plus là et c'est en route pour venir me chercher qu'ils...