Chapitre 49

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L'eau ruisselle sur ma peau et j'entends Théo s'excuser à travers la porte. Je m'en veux d'avoir réagi aussi vivement. J'ignore même pourquoi sa remarque m'a blessé à ce point. Est-ce qu'il ne me croit pas assez forte pour surmonter les épreuves toute seule. Je sais que comparer à lui, ma vie a été un long fleuve tranquille. Du moins jusqu'à ce qu'il fasse son apparition... Mais passons, je pense être assez forte pour m'en remettre, il me faut juste un peu de temps. Je pense que c'est pas trop demander, non ?

Quand je sors de la salle bain, juste envelopper dans un drap de bain, je vois mon chéri assit dans le couloir, juste en face de la porte.

Théo : Pardon ma puce... je voulais pas te blesser, je t'assure.

Son air penaud finit de me calmer.

Moi : Je sais... Je sais que tu pensais bien faire en parlant de ça, mais je ne veux pas aller voir un psy... Je sais que je surmonterai mes peurs, tu dois juste le laisser du temps.

Théo : Mary, j'ai trouvé ton verre et la bouteille de vodka...

Moi : Et alors, tu vas me dire que tu ne bois jamais toi !

Et voilà, il arrive à me remettre en colère.

Théo : Je me fais juste du souci pour toi. Je suis certain que c'est pas la première fois que tu te tournes vers l'alcool pour...

Moi : Pour décompresser, non ! C'est pas la première fois, j'avoue ! Mais est-ce que j'avais l'air bourrée quand t'es arrivé hier ? Non, j'avais bu un fond de vodka, c'est crime ! Je suis majeur et vacciné, je fais bien ce que je veux ! Surtout chez moi ! J'arrivais pas dormir parce que j'avais peur pour toi ! Peur que la vie que tu as choisie t'enlève à moi ! Peur parce que j'ai vu, connu ce que cette vie peut donner ! Si tu me prends pour une alcoolique parce que j'ai bu un verre pour me détendre, c'est que tu ne me connais pas du tout ! Et ça, ça me blesse ! Tu ferais mieux de rentrer chez toi Théo !

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et m'enferme dans ma chambre pour m'habiller.


Point de vue de Théo :

Et merde ! Mary vient de me claquer la porte de la chambre à la gueule, furax. Je voulais parler avec elle pour arranger les choses et je n'ai fait que les empirer. J'ai vu dans son regard la peine que ma réflexion sur la vodka lui a faite et je m'en veux. Elle a raison, je suis mal placé pour lui faire la morale. À la mort de mes parents, je buvais tellement que j'avais pas le temps de dessouler que j'en remettais une couche. Je me demande d'ailleurs comment ça se fait que je ne sois pas mort suite à un coma éthylique. Mais en même temps, je suis peut-être aussi le mieux placé pour lui prouver qu'on ne trouve pas la paix au fond d'une bouteille.

Je m'appuie contre la porte et souffle. Là, je voudrais remonter le temps, revenir au petit dej et ne pas parler du psy. Notre début de matinée se serait poursuivi dans la joie et qui sait, nous aurions peut-être fait l'amour sur son plan de travail.

Moi : Mon amour... je suis désolé...

Je tends l'oreille et entends du mouvement dans la chambre.

Moi : Ouvre-moi s'il te plait...

Pas de réponse, mais il me semble qu'elle se laisse glisser le dos contre la porte. J'en fais de même et je parviens presque à sentir sa chaleur à travers le battant.

Mary : Tu crois que je suis folle et alcoolique...

Sa voix n'est qu'un murmure et il me paraît même entendre un sanglot étouffé. T'as gagné le gros lot ducon, me hurle ma conscience. Je passe ma main dans mes cheveux nerveusement.

L'ombre du corbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant