Chapitre 6

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Puisque Matthew a décidé de venir dormir chez moi un vendredi soir, l'heure a beaucoup avancé et nous ne sommes toujours pas couchés. Nous avons passé une partie de la soirée à regarder des films et à discuter.

— T'as pas un peu l'impression de pas trop savoir elle est où, ta place ?

J'improvise un château de cartes en tirant la langue, l'As de cœur en sommet de pyramide sera mon boss final. La question de Matthew flotte d'abord dans l'air, avant que je ne me décide à la considérer. Mon regard se plante dans le sien et y cherche une trace d'ironie. Il n'y en a aucune.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Je crois que mon approche n'était pas la bonne, parce qu'il tord sa bouche comme si je ne lui facilitais pas la tâche. Il semble réfléchir lui-même, puis finalement, il change la direction de la discussion.

— Tu sais ce que tu veux faire après le lycée ? tranche-t-il.

Il doit voir l'instant, fugace, où ma main se fige dans le vide, comme prise d'un spasme. L'As de cœur faillit à son devoir. Mon château s'écroule à mes genoux, et il n'aura fallu qu'un micromouvement de travers pour que je le foire.

Il y a un instant de silence après ça. Pourtant, ce n'est pas comme si c'était une catastrophe.

— Reino ? m'appelle-t-il alors.

Je sursaute.

— Ouais ?

Je lève les yeux vers Matthew et lui souris, ramassant mes cartes pour reconstituer le paquet comme si de rien n'était. Il suit mes gestes et se laisse glisser à mes côtés pour m'aider avec celles qui ont valsé plus loin.

— Tu disais du coup ? je me risque à lui demander.

Nous sommes dos à dos, chacun vacant à la même tâche. Il laisse flotter ma question quelques secondes, durant lesquelles je pense qu'il ne m'a pas entendu. Mais enfin, sa voix perce le silence, d'un naturel qui relance tout de suite le dialogue :

— T'es plutôt Marvel ou DC Comics ?






Mon téléphone vibre une fois. Je le vois s'illuminer sur ma table de chevet quand sa secousse me réveille. J'ouvre un œil et tend la main avec un grognement pour le retourner face contre le bois. Matthew ronfle sur le matelas au sol.

A peine ai-je regagné mes draps qu'une nouvelle vibration me fait grimacer. Puis une autre. Et encore une autre. Cette fois, manque de pot, Matthew tourne et ne ronfle plus. La personne qui a décidé de me spammer ce soir nous a tous les deux sorti du sommeil.

— Désolé..., lui confié-je, encore à moitié dans les vapes.

Je vois sa silhouette se redresser sur ses coudes, dans la pénombre de ma chambre. Je roule de nouveau sur la largeur de mon lit pour attraper mon téléphone et lire mes messages




Blanca à 01h35 :

Reiiiiiiii viens avec nous !!!

Blanca à 01h36 :

On est au skate-park pas loin de chez toi

Allez vieeeens

Ramène Matthew si tu veux (oui tu veux oui tu veux)

Blanca à 01h36 :

(photo)




Je lève les yeux au ciel, passant une main sur mon visage pour ne pas bloquer ma pote sous le coup de la fatigue. Je pose le doigt sur l'icône de la photo, me déployant une image assez floue prise en selfie. Blanca en premier plan, avec un sourire immense qui me montre qu'elle n'est sûrement pas totalement sobre. Je reconnais la configuration et les graffitis du skate-park, ainsi que deux silhouettes plus ou moins distinctes en arrière-plan.

Ioane et Haru.

— C'est un truc urgent ? Une bombe nucléaire ? Un missile aérien ?

Matthew ne semble pas bien plus alerte que moi, sa main se pose sur les bords de mes draps comme pour lui faire garder l'équilibre quand son buste se redresse.

— C'est Blanca.

— Ah, une tornade.

Malgré moi, cette métaphore m'arrache un rire. Il a raison, Blanca est une tornade.

Je montre à Matthew les messages qu'elle m'a envoyés – non sans totalement l'éblouir au passage. Il se frotte les yeux avec une tête de mort-vivant, mais au fil de sa lecture, sa grimace s'estompe et laisse place à une moue plus concentrée. Il finit par croiser mon regard. Son expression ne me dit rien qui vaille et j'ose espérer que ce n'est pas ce que je pense.

Pour m'en assurer, j'allume ma lampe de chevet et retente une analyse de ses traits.

Malheureusement, c'est bien ce que je pense.

Il sourit.

— Du coup, on y va ?

Oops, my badOù les histoires vivent. Découvrez maintenant