Chapitre 26

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— Je pensais que tu lui aurais fait un topo.

— J'ai oublié que le commun des mortels n'est pas habitué.

Voici les premiers mots que nous échangeons, Blanca et moi, quand Haru se retrouve figé en plein milieu du vestibule de sa maison. Il a la bouche entrouverte et ses yeux scannent l'enchaînement de pièces, avant qu'il ne prenne conscience que même sa vue ne porte pas assez loin pour atteindre le dernier mur.

Il secoue la tête, son sac de gym sur l'épaule – dans lequel il a balancé des vêtements que je l'ai vu piocher au hasard.

— Alors comme ça t'es pleine aux as Álvarez ?

Elle lui fait un clin d'œil, bras croisés sur sa poitrine. Je suis déjà venu chez Blanca plus de fois que je ne pourrais le compter, et j'avoue ne pas avoir le souvenir d'avoir été éberlué par la grandeur de sa maison – très certainement car j'étais un petit garçon dépourvu de toute notion sur l'argent. Elle vit dans une villa à l'angle de la vingt-sixième Avenue nord-est, un quartier où les résidences ont généralement soit une piscine extérieure, soit deux salles de bain, soit un minimum de cinq chambres à coucher. Et la famille Álvarez a les trois réunis. Les propriétés avoisinent les lacs des hautes terres, Highland Lakes, grouillant de touristes pendant les vacances d'été, et parfois même à l'approche de Noël.

Madame nous invite d'une révérence à entrer, elle porte un short de surf en nylon coloré et un top blanc mettant en évidence son piercing au nombril, une tenue qui représente bien le côté un peu désaxé de sa personnalité, mais en plus décontracté que d'habitude. Elle a aussi ramené ses boucles noires en un chignon.

— Je t'imaginais plus galant, Haru Yoon.

Nous haussons tous les deux les sourcils quand elle pivote dans ma direction pour illustrer ses propos. Je note tout juste que mon sac pèse contre ma hanche et me donne une allure plus débraillée, en plus de me ralentir. Quand Haru le remarque, il s'approche de moi et tend sa main, me faisant taper une esquive de karatéka.

Rien à faire, il le chope comme si j'avais été un moustique sous son nez.

Ça amuse Blanca, je me retrouve à me chamailler avec lui pour qu'il me le rende, car j'ai sûrement pris trop d'affaires et que si c'est lourd, c'est à moi de l'assumer. Il fait comme s'il ne m'entendait pas et pose des questions à notre copine chilienne sur l'architecture de la maison. C'est ça, ignore-moi !

— T'as qu'à rejoindre Matthew et Ioane dans la salle de jeux à l'étage, Riri, me fait Blanca. Après tout, tu connais déjà l'endroit.

Je me rends compte qu'elle a raison, et que je les suis en donnant limite l'impression que moi aussi je découvre les lieux. Ça aussi, ça a dû bien l'amuser. Je me raidis.

— Bah, tenté-je, ça empêche pas que c'est sympa à regarder.

Le fait que j'aie passé toute la visite un mètre derrière Haru donne à ma phrase un sens tout à coup bien moins innocent, alors que je n'avais aucune arrière-pensée.

Mais même sans en avoir conscience, mes yeux ont comme qui dirait fait une rencontre à quarante-cinq degré sud et Blanca m'a pris en flag quand je n'ai pas pensé à détourner le regard.

— Tu parles des tableaux de Monet ou du cul de Ha...

— Les tableaux de Monet ! je réagis subitement, le rouge aux joues en relevant la tête.

Blanca part dans un fou rire et heureusement, Haru pense que c'est juste elle qui parle encore dans le vent. J'ai envie de disparaître sous terre.

Il n'y a aucun tableau de Monet, dans sa baraque.

Oops, my badOù les histoires vivent. Découvrez maintenant