Chapitre 5

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J'ai prévenu mes parents qu'un copain allait venir dormir à la maison ce soir. J'espérais qu'ils ne posent pas trop de questions, car moi-même je ne suis pas sûr de savoir pourquoi Matthew décide de ne pas rester chez lui.

— Tu viens d'être transféré ? D'où viens-tu mon grand ?

Mais à peine Matthew a-t-il posé un pied dans mon salon que mon père le monopolise déjà. C'est vrai qu'il est rentré plus tôt du travail aujourd'hui.

— De Los Angeles, monsieur, répond-il succinctement.

Je savais qu'il venait de Californie, avec Haru, mais je n'avais pas cherché plus spécifiquement en réalité. Il ajoute qu'il est originaire de Londres, puisque mon père semble assez déstabilisé par son accent. Mes parents sont des Finlandais pure souche qui se sont tardivement faits à la vie d'ici, donc, assimiler les antécédents culturels de mon entourage n'a pas toujours été une mince affaire. Néanmoins, je peux assurer que mes parents sont sûrement parmi les plus enclins à s'éduquer sur les traditions de chacun.

— Pas trop difficile de s'adapter ?

J'ai une grimace, planqué derrière la porte du frigo. J'anticipe l'instant de malaise qui risque de suivre quand Matthew lui confiera qu'il vit sur le territoire depuis la crèche. Je tente un coup d'œil en catimini pour m'assurer qu'il n'ait pas besoin que je lui porte secours.

— Je m'intègre comme un poisson dans l'eau !

Je reviens vers eux avec le pichet de limonade et le regarde presque de travers. Ce n'était pas un mensonge, plutôt une omission de précision temporelle, une omission avec un décalage de bien quinze ans. Mon père semble satisfait de sa réponse, je crois l'entendre rire quand il nous laisse tranquille après mon raclement de gorge.

— Désolé, je me justifie, il a toujours été très curieux.

— T'inquiète, en vrai ça fait plaisir que quelqu'un s'intéresse à la place d'un Londonien à Miami, c'est pas comme si c'était l'association la plus intéressante.

Il n'a pas tort, les gens sont moins enclins à s'inquiéter de l'intégration d'un individu qui a toujours au moins su maîtriser la langue, et dont les traits sont pour le coup bel et bien caucasiens.

— D'ailleurs, comment ça se fait que t'aies pas demandé à crécher chez Haru ?

Il rigole.

— Tu me fais déjà comprendre que ça te saoule que je sois chez toi ?

— Mais non ! je m'esclaffe à mon tour.

Il marque une pause, puis se penche pour prendre son verre de limonade.

— Sa famille vient dîner à la maison ce soir.

Il me voit pencher la tête sur le côté, peut-être même que je plisse les yeux. Sachant que je partais du principe qu'il fuyait quelque chose dans son foyer, le fait qu'il me confie ces infos en particulier doit avoir son poids.

— T'es embrouillé avec Haru ?

— Non, soupire-t-il, mais en ce moment, disons que je snobe un peu beaucoup sa grande sœur.

Il me regarde comme si j'allais dire une phrase qui l'inciterait à poursuivre. Sauf que, je ne suis pas sûr de vouloir être mêlé à ce genre d'histoire. Voyant que je ne brise pas le silence, c'est donc lui qui reprend :

— Tu sais garder un secret ?

Mon sourire se crispe.

— Heu... non ?

— On s'est embrassés elle et moi.

— Eh bah putain.

Je devine déjà que Haru n'est pas au courant. Mon sourcil se hausse, je me rappelle que lui et Matthew se connaissent depuis qu'ils ont trois ans.

— Elle a quel âge, la frangine ?

— Un an de plus que nous.

Bon, au moins je n'ai pas à appeler la police.

Je crois que Matthew a capté ma grimace quand il ne m'a pas laissé le choix et m'a avoué ce sombre secret, car il ne dit plus rien ensuite. Il reste là, remuant les jambes en regardant les alentours. Je débarrasse la table basse et propose qu'on monte dans ma chambre après avoir sorti des pizzas du micro-ondes.

Une fois à l'intérieur, Matthew balaye la pièce du regard. Les gens disent qu'elle me ressemble, cette chambre, mais je ne suis pas sûr de savoir en quoi.

Je l'invite à s'assoir sur le lit, il obtempère mais reste silencieux. Je lui demande si ça dérange que je mette un peu de musique, il fait non de la tête. Ces gestes pèsent lourds sur l'instant, et je suis sûr que c'est parce que les mots qu'il contient, ils sont encore plus denses.

Je me place alors face à lui, à la fois inquiet et peut-être un peu saoulé par son silence.

— Vas-y, raconte.

Il me dit qu'il ne sait pas quoi faire.

Il me dit qu'elle mérite mieux.

Et il me dit qu'il l'aime à en crever.

Oops, my badOù les histoires vivent. Découvrez maintenant