Chapitre 40

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Blanca crie mon nom dès qu'elle m'aperçoit à l'entrée de l'académie. Je n'ai pas le temps de lui répondre avec le même enthousiasme qu'elle me prend dans ses bras et me fait presque tomber. Les autres élèves nous contournent sans même nous regarder. Je suppose qu'ils sont habitués à son excentricité.

Il est vrai que le week-end qui a suivi notre sortie à Haulover nous a légèrement déphasés, et Blanca agit comme si nous ne nous étions pas vus depuis des mois. Alors que ça ne fait que deux jours.

Je salue tout le monde et observe Haru du coin de l'œil, ne sachant pas réellement comment me comporter. Je lui souris avec un air qui doit paraître contrit, chose qui ne s'arrange pas en imaginant les regards de nos amis autour de nous.

— Je suis content de te voir, me partage-t-il doucement.

La tendresse dans ses yeux fait partir mes doutes, mais pas ma pudeur. Je me rapproche de lui et il passe un bras autour de mes épaules. Nous rejoignons notre classe ensemble, tout en détaillant nos vacances les uns aux autres.

Haru est mon petit ami.

Ça me paraît surréel de l'énoncer comme ça. Il y a encore quelques mois, je n'arrivais même pas à imaginer qu'on puisse être plus que des potes. En soi, c'est plus un titre qu'autre chose, car dès notre relation établie, la fatigue ne m'a pas permis de le voir de tout le week-end. Nous nous sommes juste parlé par messages.

En plein milieu du premier cours, Haru est sollicité par Madame Jefferson pour un bilan sur le séjour à Haulover, car il a participé à l'organisation de l'événement. Il part de la classe avec elle et nous vaquons à nos occupations de notre côté. Je prends le temps de peaufiner mon rapport de sortie avec mon crayon quand un regard me fait frissonner.

Je lève les yeux vers Blanca, affalée sur Ioane à la table avant, avec Matthew à côté. Tous les trois me dissèquent sans aucune vergogne. Comme s'ils communiquaient par des ondes électromagnétiques, j'ai l'impression de voir les oreilles de Jade se dresser trois rangées plus loin. Elle tourne le buste dans ma direction, aussi.

Mais ce sont bien les trois énergumènes face à moi qui me donnent des sueurs froides.

— ... J'ai quelque chose sur le visage ?

Blanca claque sa langue, Ioane et Matthew croisent leurs bras sur leur torse. Je crois être dans un remake de Lolita malgré moi, et nul doute que je suis Cady et que Blanca est Regina. J'ai toujours trouvé qu'elle avait un petit air à la Rachel McAdams, mais version latina.

— Ça s'est fait quand ?

— Pardon ? je réponds.

— C'est quand que vous avez officialisé !

Jade s'agite sur sa chaise plus loin, je sais qu'elle crève d'envie de nous rejoindre. Je réoriente mon attention vers ma copine chilienne, Ioane intervient devant mon air de merlan frit :

— Laisse tomber, il a cru qu'il était discret.

— Je... enfin... pardon ? je m'emmêle dans mes mots.

Ils analysent mon expression au peigne fin, sûrement en train de chercher si je ne me fiche pas d'eux.

— Ok, termine Blanca. Après les cours, on se retrouve tous au food-truck de Noah Delmas, pas question de célébrer notre nouveau couple favori au milieu de paperasse pour la fac !

Tout s'est passé bien trop vite, Matthew et Ioane hochent à peine la tête que l'instant d'après, les revoilà le nez dans leurs dossiers. Ils vont me faire douter de l'existence de la précédente confrontation.

Je lâche un rire nerveux et me lève de table, prétextant devoir aller aux toilettes quand le surveillant hausse un sourcil. Dans le couloir, j'aperçois Haru et notre professeur revenir de leurs modalités administratives. Il voit mon état. Je ne suis pas en panique, ni angoissé, j'ai juste la sensation de prendre conscience d'une nouvelle réalité et ça m'intimide.

— J'ai oublié quelque chose, j'entends dans mon dos.

Je devine qu'il fait faux bond à Mme Jefferson et ses pas se calquent bientôt aux miens.

Haru me rejoint derrière l'un des bâtiments, je m'adosse au mur et reprends mon souffle, alors que je n'ai parcouru qu'une centaine de mètres.

— Hé, ça va ?

Il se poste face à moi et je le regarde. Je suis sûr que je ne suis pas facile à suivre. Il penche la tête sur le côté et, du bout des doigts, repousse une mèche de sur mon front. Je le laisse faire, car son toucher m'a manqué.

— Je sais pas pourquoi mais je stresse.

— À propos de quoi ? s'enquiert-il en se rapprochant.

Automatiquement, ma main repose sur son bras.

— Les autres nous ont cramés, j'abrège.

Il bat des cils, l'air de ne pas comprendre.

— On était censés le garder pour nous ?

— Non ! C'est juste que je m'attendais pas à ce qu'ils exigent une annonce officielle. Et du coup on doit tous se retrouver à la fin des cours, avec toi.

Devant ma difficulté à organiser tout ça, je l'entends réprimer un rire. Je mords ma langue et lui secoue le bras.

— Ne te moque pas de moi !

— Je me moque pas, s'esclaffe-t-il encore. Je te trouve juste trop mignon.

— Je suis vraiment le seul à être nerveux ?

Son hilarité se calme, et armé d'un sourire plus doux, il me regarde dans les yeux :

— Tu me rends nerveux depuis le premier jour, Rei.

Mon cœur s'affole encore plus et mes yeux s'écarquillent, il lâche un « aïe » aigu après que je lui ai pincé le bras. On commence à se chamailler sur des broutilles tels des gamins qui n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le goûter. Moi, je râle et je boude, Haru a plutôt tendance à rire ou céder. Au bout d'un moment, il passe sa main derrière ma nuque et je me tais quand il pose son front contre le mien.

— Tu sais, y'a pas besoin de faire toute une cérémonie, on leur dit et ils se débrouillent, me chuchote-t-il.

Son nez frôle le mien, mes yeux tombent sur ses lèvres. Je soupire et me laisse aller à son réconfort, mes bras entourent sa taille.

— Avoue, t'as déjà tout raconté à Matthew, je rebondis.

Il fait la moue.

— Ah, j'ai jamais dit le contraire. On s'est même fait les ongles en en parlant.


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