Chapitre 34

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— Au prochain « toc toc, qui est là ? » je t'enfonce la tête dans cette bouse de poney !

J'ai rarement entendu Jade menacer les gens avec autant de finesse.

L'un des gars de notre classe s'en va non sans rire de lui-même, sûrement en quête d'une autre victime à embêter avec ses blagues. Le soleil est haut dans le ciel et nous nous sommes éparpillés sur la plage et à travers la longueur du parc, ramassant les détritus et autres objets non identifiés qui passent sous nos piques feuilles.

— Je veux même pas savoir, déclaré-je, les yeux sur une espèce de bout de plastique multicolore et fossilisé que Matthew m'exhibe du bout de son bâton.

— Y'a des trucs, tu te demandes si c'est pas une symbiose entre deux ères glacières.

Matthew sue à grosses gouttes et je crois que tenter de remonter jusqu'à l'histoire de nos trouvailles, que ces théories soient réalistes ou totalement absurdes, lui permet de garder la tête sur les épaules. Je dois moi-même plaquer mes cheveux à l'arrière de mon crâne toutes les trente secondes, le front dégoulinant. Ça ne devrait pas être légal, une telle chaleur.

— Attends, Rei.

Lorsque ma frange revient me bloquer la vue, j'abandonne et me laisse un instant être pris au piège par le noir. C'est à ce moment que Blanca se place devant moi et m'attaque avec trois barrettes rose-bonbons.

Puis elle disparaît, j'ai à peine eu le temps de lui demander ce qu'elle faisait.

— Oh non, t'es trop mignon !

Matthew éclate de rire et je le poursuis avec mon sac poubelle faisant office de lasso.

Quelques heures plus tard, nous nous rassemblant à l'ombre des arbres et une petite buvette nous attend. Après m'être rigoureusement lavé les mains à l'un des robinets plantés dans le parc, j'attrape un gobelet de jus de fruit et inspire l'air frais. Je fronce tout de suite le nez, car entouré des garçons de ma classe, je viens plutôt d'aspirer des effluves de biquette.

Faisal capte ma demi-grimace et je l'entends s'esclaffer.

Je discute un peu avec lui, non sans lui assurer que je n'essayais pas de lui dire qu'il sentait mauvais. Je connais Faisal depuis que nous avons dix ans, il nous arrivait déjà de traîner ensemble, dans le groupe de l'un ou de l'autre, mais le plus souvent, chacun de nous avons nos propres centres d'intérêt. Dernièrement, c'est vrai que nous nous sommes un peu moins posés pour parler du beau temps.

Deux minutes plus tard, tandis que nous sommes maintenant assis dans un coin d'herbe ombragé, plusieurs silhouettes bien familières nous rejoignent dans une cacophonie à laquelle j'ai fini par m'habituer. Jade, Blanca et Ioane s'affalent à nos côtés avec leurs sandwichs au thon et leurs gourdes. Puis Matthew et Haru répondent présents, tout aussi bruyamment. Par surprise, Haru tente une accolade de côté en sachant que je vais l'envoyer bouler :

— Tu transpires ! je m'exclame en tentant de le repousser.

Il mime une clé de bras et je me lève pour le semer en courant, faisant redoubler le chahut qui nous entoure en m'y mêlant malgré moi. Dans la foulée, pourtant, je ne peux qu'entendre mon propre rire, il me trahit. Mon comportement avec Haru me trahit depuis un moment et tous l'ont remarqué. Peut-être même l'ont-ils remarqué avant moi-même.

Je sais que j'ai un air blasé quand il se poste face à moi.

— Ça te va bien, les barrettes.

J'avais totalement oublié la dégaine que j'avais. Je pique soudainement un fard, essayant d'attraper les barrettes que Blanca m'a fichu sur la tête avec mes mains. Haru s'avance et me retient les poignets comme si j'allais commettre un crime.

— Mais non, arrête t'es adorable avec !

— Adorable, adorable, tu vas te les bouffer si tu continues de m'emmerder !

Haru rit toujours, mais subitement, il me lâche et je titube. J'ai comme l'impression que la ligne de son sourire est un peu plus pâle.

Il retourne s'assoir avec les autres. Un lourd sentiment de faute s'empare de moi, et je crois avoir créé un malentendu. Je me tiens toujours debout et les discussions vont toujours de bon train, pourtant.

— Har-

— On y retourne les enfants ! nous hèle madame Jefferson, marquant la fin de la pause déjeuner.

Il est le premier à se relever, toujours avec cette attitude enthousiaste et décontractée. Mais l'ai la sensation que cette fois, je ne lis pas juste trop entre les lignes et qu'un éclat plus terne traîne dans ses pas.

Oops, my badOù les histoires vivent. Découvrez maintenant