Chapitre 33

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J'entends mon père m'appeler depuis le rez-de-chaussée.

— Rei ! Il faut y aller maintenant !

Mais me voilà devenu une véritable tornade à bondir de gauche à droite de ma chambre, à la recherche de mes chaussettes, mon chargeur et ma crème solaire.

— J'arrive ! je mens, emmêlé dans mes câbles. Je termine de me brosser les dents !

Je ne ferai plus confiance à cette petite voix qui m'a assuré que j'aurais tout le temps de préparer mon sac de voyage au réveil.

Bon gré mal gré, je dévale les escaliers avec mes bagages et mon tube de dentifrice que je termine de fourrer dans un ziploc, rejoignant mon père et son air blasé – il n'a définitivement pas cru mon bobard.

— Sérieusement Reino, sois plus prévoyant la prochaine fois.

Ma mère vient m'embrasser la joue et me dit de faire attention à moi. Je quitte bien plus tôt aujourd'hui, histoire que Mme Jefferson ait le temps de faire un point sur le séjour. Attendre le prochain bus risquerait de me mettre en retard et je ne compte pas laisser traîner mon vélo trois jours entiers dans le parking du lycée.

Nous embarquons dans la voiture et je fais un dernier au revoir à ma mère depuis la vitre baissée. Le vent du matin m'aide à accueillir la journée.

De la même façon, mon père me souhaite de bien m'amuser, et de faire mon possible pour constituer un bon dossier avec les activités que nous ferons à Haulover. J'acquiesce pour la forme, car je ne sais pas encore si c'est une discussion que je suis prêt à avoir.

Une fois à l'académie, je rejoins Blanca et Faisal, arrivés aussi en avance. Elle est assise sur sa valise rose bonbon, devant les portes encore closes du bahut, emmitouflée dans une veste en jean qui lui descend jusqu'à la mi-cuisse, elle semble somnoler. En même temps, il est à peine six heures passées.

— Les autres sont pas encore là ? je demande après les avoir salués.

— Ils arrivent, me rassure Faisal. J'ai texté Ioane et les autres, ils sont en route.

Haru et Matthew ne prennent pas non plus leurs voitures, préférant les laisser en sécurité dans leurs garages respectifs. J'ai ainsi l'occasion de voir la mère d'Haru dans la distance, quand elle les dépose à l'entrée du parking. Elle a les mêmes cheveux noirs de jais et les mêmes yeux. Il lui partage quelques mots à sa fenêtre, et je la vois sourire. Même son sourire ressemble au sien.

Matthew lui dit au revoir à son tour, et tous deux se dirigent vers nous quand elle reprend la route. Les autres élèves arrivent presque tous au même instant, en plus de Mme. Jefferson, un autre professeur et deux membres de l'association des parents d'élèves. Je n'ai pas le temps de beaucoup parler avec eux. Ioane est le dernier de notre groupe à arriver, mêlé à la masse d'élèves.

— Ne laissez rien au hasard, nous ne partons pas en vacances. Ce projet a pour but de vous donner de la matière pour vos études supérieures, c'est un bonus considérable !

Nous montons dans le bus mis à disposition et le trajet jusqu'au parc de Haulover, avoisinant le dortoir des Frangipanes où nous dormirons me paraît très nouveau.

Nous gagnons ainsi Miami Beach, la ville d'en face. Elle est comme une grande île qui nous sépare du continent principal par la baie de Biscayne. Il nous faut traverser un pont de la 163ème rue nord-est pour rejoindre l'îlot. Je vais être honnête, la dernière fois que j'ai mis les pieds à Miami Beach, je devais à peine avoir douze ans.

Il y a un chahut pas possible dans le véhicule. Je mets toute cette agitation sur l'approche des vacances et l'excitation croissante que provoque, malgré tout, cette sortie scolaire. Partageant la playlist et les écouteurs de Matthew, assis à côté de moi, l'ambiance se scinde en deux temps dans mon cerveau. D'un côté, l'air mélancolique de Cigarettes After Sex dans mes oreilles, et de l'autre, Haru et Ioane en train de jouer à qui gobe le plus de raisins secs, une rangée de sièges devant.

Après presque une heure à sillonner les bordures de béton mélangée à la verdure, le tout donnant une vue imprenable sur l'eau claire de la baie, c'est ensuite le vaste océan Atlantique qui se dévoile jusqu'à l'infini. Nous roulons encore un peu avant que le bus ne se gare dans le parking du dortoir, montrant deux bâtisses jumelles séparées par un jardin tropical.

— Nous vous laissons le choix des dortoirs, la seule condition est que les filles et les garçons soient séparés.

L'un des professeurs termine de nous lire le règlement intérieur, soutenu par la propriétaire des lieux, une gentille vieille dame d'origine mexicaine qui ne parle pas très bien anglais.

Je fais un signe de la main à Jade et Blanca, qui rejoignent leurs copines pendant que nous ouvrons les portes de nos futures couchettes.

— Effectivement, c'est pas l'hôtel cinq étoiles, murmure Faisal.

Les autres garçons détaillent à peine les lieux, ils balancent leurs affaires sur les réplicas de lits superposés. J'en vois beaucoup se battre pour avoir les places d'en bas. De mon côté, je compte d'abord les fenêtres et mesure la luminosité qui pénètre dans la maisonnée. Il y a une belle vue sur la plage et le lagon, c'est sec et propre, et nous ne sommes pas compartimentés comme des sardines. Je peux m'y faire.

— Rei, tu viens ou pas ?

Vers l'aile est, Ioane, Haru et Matthew ont pris deux sets de lits superposés en otage. Ils font face à la fenêtre qui donne directement sur les palmiers et la mer, et une brise iodée rafraichit cette partie de la pièce. Ils ont l'air d'être prêts à sauter à la gorge de quiconque voudrait prendre nos places. Je marche dans leur direction et Haru me nargue, me disant que j'étais mignon au début, avec ma personnalité désinvolte et dans la lune, mais qu'à force il doit se battre pour m'offrir un toit pendant que j'ai juste à me tourner les pouces. Bref, j'ai gagné à chifoumi contre lui et j'ai droit au matelas du bas. Les autres se foutent de sa gueule.

Eisenhawer nous hèle depuis l'autre côté de la pièce :

— C'est pas du jeu vous avez les meilleurs lits ! J'vous paye des burgers si on échange.

Haru lui répond avec un naturel implacable :

— Retourne sur ton territoire avant que je pisse autour du mien.


***

Encore un chapitre où il se passe vraiment pas grand-chose hahah

Oops, my badOù les histoires vivent. Découvrez maintenant