3 - Zaven.

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Dimanche 2 Juillet 2023.

Un peu déçu, je regarde Amaël s'éloigner, son chien dans les bras. J'aurais bien aimé lui parler, mais ça, je ne l'avouerai jamais. De toute façon, j'en aurai bien l'occasion à un moment où à un autre, je suis ici pour tout l'été. Il a fallu que je sois majeur pour que papa me laisse passer l'été entier chez maman. Presque majeur, mais au moins, j'ai le droit de rester ici.

Et puis maman a l'air de très bien s'entendre avec la mère du blond, donc je pourrai lui parler.

Zaven, mon chou, on va aller préparer, ils viennent prendre l'apéritif chez nous tout à l'heure, m'interpelle maman.

"Mon chou". Je crois que ma mère oublie souvent que je n'ai plus onze ans, mais bel et bien dix-sept. Peut-être parce que je ne la vois pas souvent, elle rattrape tous les surnoms gênants qu'elle n'a pas eu l'occasion d'utiliser quand j'étais plus jeune. Mon père est un irrémédiable casse-couilles.

J'arrive. A tout à l'heure, ajouté-je poliment à l'intention des parents d'Amaël.

Nous traversons la plage, je remets mes cheveux en arrière pendant que nous montons l'escalier. Je ne le montre pas, mais je suis si heureux de passer les vacances ici, avec ma mère, mon beau-père et Zéphyr. Ma mère adore les prénoms qui commencent par Z et que personne n'a jamais entendu de sa vie. Et mon beau-père s'est visiblement rangé de son côté, elle a sûrement insisté pendant des heures, mais elle a gagné le débat. Personne n'arrive jamais à refuser quoi que ce soit à maman.

Tu vas encore avoir le cœur brisé, maman. Ils partent à la fin de l'été, tu sais, lui rappelé-je en ouvrant la porte de la maison.

J'ai aussi le cœur brisé quand je ne te vois pas pendant deux ans, Zaven.

J'ouvre la bouche. Et je la referme, ne trouvant rien à répondre à ça. Je bats des paupières pour combattre l'envie de pleurer qui m'envahit soudain, et je baisse les yeux sur mes sandales pour ne pas montrer l'émotion qui vient de me submerger.

Je monte d'abord à l'étage pour mettre un autre short et je redescends au rez-de-chaussée.

Je me précipite dans la cuisine, je me racle la gorge et je lance :

Je mets des bières au frigo ?

Oui, quatre s'il te plaît. Ou cinq, Amaël est majeur, il en voudra peut-être une aussi.

Je ne suis majeur que dans vingt-quatre jours, alors ma mère estime que je n'ai pas encore droit à l'alcool. De toute façon, je n'aime pas ça, alors ça m'arrange. J'espère que Amaël n'aime pas ça non plus. Enfin, à petite dose, ça ne me dérange pas. Ce qui me dérange, c'est ceux qui boivent beaucoup, et font des soirées avec beaucoup d'alcool. Mais nous ne sommes pas là pour parler de ça.

Christophe rentre quand ? questionné-je en plaçant les bouteilles de bière dans la porte du réfrigérateur.

Il ne devrait pas trop tarder, je lui ai envoyé un message avant qu'on ne parte de la plage.

D'accord.

Un sourire se dessine sur mes lèvres lorsque la porte d'entrée s'ouvre et que des petits bruits de pas se précipitent vers moi. Je réceptionne Zéphyr dans mes bras avant qu'il ne trébuche, un rire en grelot s'échappe de sa bouche.

Zéphyr a quatre ans, et à ses yeux, je suis le roi du monde. La dernière fois que je l'avais vu, il avait deux ans et s'en fichait royalement de moi, mais il faut croire que ces deux années passées à se parler uniquement par des appels vidéos l'ont poussé à m'apprécier. Je l'appelais tous les soirs afin de pouvoir le voir.

Alors, Zéphyrou, tu t'es bien amusé aujourd'hui ?

Je m'appelle pas Zéphyrou, grogne-t-il en tirant la langue.

Je lui pince doucement la joue avec un petit rire avant de le reposer sur le sol. Bien loin de me lâcher, il s'accroche à ma jambe et pose ses petits pieds sur le mien.

Accroche-toi bien, indiqué-je.

Ses petites mains s'agrippent fermement autour de ma jambe, et je commence à avancer lentement. Son rire qui résonne dans la cuisine est le plus beau son au monde, je suis si heureux de pouvoir être son frère, pour de vrai. Je marche jusqu'au salon, Zéphyr interpelle maman en riant pour lui montrer son nouveau moyen de transport, elle sourit. Mon beau-père sourit, lui aussi.

Mon frère est un ange. Un ange qui fait des caprices aussi gros que la maison de mon père, j'ai eu la chance de voir ça en appel vidéo. Mais un ange tout de même.

Tu peux aller chercher des chips ? me demande Christophe.

Viens petit parasite, on va chercher des chips, dis-je, une main posée sur les cheveux de mon petit frère.

Zéphyrou proteste à cause du surnom que je lui ai octroyé mais il me suit joyeusement en sautillant comme l'enfant qu'il est, sa main dans la mienne. Cet enfant m'adore, et j'ai bien l'intention de lui rendre ce fait.

Je vide la moitié d'un paquet de chips dans un bol, laisse mon petit frère en piquer une qu'il fourre immédiatement dans sa bouche en gloussant, et je vais poser le bol sur la table du salon, à côté des autres bols que maman a déjà installés. Elle est toute joyeuse à l'idée d'inviter les locataires de son gîte à prendre l'apéritif.

La sonnerie retentit, étant le plus proche de la porte je vais ouvrir. Les parents d'Amaël - dont je n'ai absolument pas retenu le prénom - sont là, sans leur fils. Dommage. Je dissimule soigneusement ma déception et les invite poliment à entrer.

Amaël ne va pas tarder, il voulait que je demande s'il peut amener son chien.

Maman arrive derrière moi, elle acquiesce sans hésiter. Elle les invite à entrer dans le salon, ils la suivent. Je reviens également dans le salon et m'installe sur l'accoudoir du fauteuil le plus proche de l'entrée. Zéphyr me ramène un verre de sirop de menthe avec des glaçons, je me dépêche de le récupérer avant qu'il ne le fasse tomber.

La sonnette retentit à nouveau, je me lève pour aller ouvrir, accompagné de mon petit frère qui sautille à côté de moi, sa petite main serrée au bas de mon short. J'ouvre la porte au blond qui attend devant, son chien dans les bras. Zéphyrou ouvre de grands yeux lumineux et tend la main vers le chien.

Il peut ? demandé-je, sachant que mon frère ne demandera jamais la permission.

Amaël se baisse pour laisser Zéphyr caresser la chienne en lui disant qu'elle s'appelle Abby. Mon frère rigole en caressant doucement la tête de la chienne, tout hésitant. Un léger sourire s'insinue sur les lèvres du blond, il se redresse.

Les autres sont dans le salon. Tu viens ? demandé-je.

Il hoche la tête en silence et nous rejoignons nos parents respectifs dans le salon. Lorsque Amaël s'assoit, je réalise que sa chienne n'a ouvert les yeux à aucun moment. Pourtant, elle respire. C'est bizarre qu'elle dorme comme ça, non ? Je ne m'y connais absolument pas en animaux, mon père les déteste.

Tu veux boire quoi ? m'enquiers-je en m'asseyant à côté de lui.

Tu as de l'ice tea ? répond-t-il au bout de quelques secondes.

Je hoche la tête et me relève pour aller chercher la boisson qu'il veut. Je repasse la tête dans le salon pour lui demander s'il veut des glaçons, ce à quoi il répond par l'affirmative. Je lui rapporte son verre et me réinstalle confortablement sur le fauteuil en basculant la tête en arrière sur le dossier. Le cuir du fauteuil est froid contre mon dos nu, je devrais peut-être aller mettre un tee-shirt...Je n'ai même pas pensé à en mettre un. Je suis peut-être un peu nudiste sur les bords.

Zéphyrou me saute brusquement dessus pour s'installer sur mes genoux, je ris doucement en ébouriffant ses cheveux roux. 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant