Vendredi 21 Juillet 2023.
Une semaine et deux jours plus tard, je réussi enfin à convaincre Amaël de retourner avec moi sur la plage. Et ce n'est pas facile de le convaincre, il a bizarrement de très bons arguments qui jouent contre moi lorsque ça concerne la plage.
Mais aujourd'hui, il a accepté. Nous serons sans Abby, cette fois, car elle doit retourner chez le vétérinaire, et Amaël a presque accepté de se baigner. En tout cas, il n'a pas vraiment refusé, ce que je considère clairement comme une victoire. Il s'ouvre un peu plus, j'en suis content.
Je ferme les yeux en m'étalant de tout mon long sur la serviette de plage. Evidemment, moi, je suis déjà à l'ombre du rocher, j'y suis allé plus tôt. Amaël est censé arriver bientôt. J'avoue que je commence un peu à m'ennuyer, tout seul. J'ai hâte qu'il arrive.
Au cours des derniers jours, j'ai réussi à l'emmener une nouvelle fois au parc et chez moi. Il n'a pas eu besoin de faire de piqûre à Abby en ma présence, et ça m'a rassuré. J'ai encore l'espoir qu'elle se rétablisse, même s'il m'a explicitement dit qu'elle ne tiendrait pas jusqu'à la fin de l'été. Au moins, si elle décède pendant l'été - ce que je n'espère pas, je veux qu'elle vive moi - je pourrai être là pour lui et le soutenir.
— Salut, lance justement la voix du concerné alors qu'il s'assoit à côté de moi.
Je rouvre les yeux et me redresse. C'est bizarre de le voir sans Abby, je me suis autant habitué à sa présence qu'à la présence du blond.
— J'ai pris de l'ice tea, annoncé-je fièrement.
Un fin sourire s'affiche sur ses lèvres, je souris en retour. Et c'est là que je remarque qu'il porte un short de plage similaire au mien, mon sourire s'agrandit.
— Tu viens dans l'eau avec moi ? je m'exclame avec enthousiasme.
— Peut-être.
— Arrête de faire le mystérieux !
Il rit et s'allonge à côté de moi sans rien dire de plus. Je n'insiste pas plus et m'allonge à mon tour. Au fond de moi, je commence quand même à me demander s'il sait vraiment nager, ou bien s'il a peur de se montrer. Mon cerveau commence à s'imaginer d'horribles cicatrices qu'il aurait peur de dévoiler, alors qu'il est peut-être juste pudique. Ou qu'il n'aime pas l'eau, je n'en sais rien. J'ai sûrement une trop grande imagination. J'espère que j'ai seulement une trop grande imagination.
— Je viendrai. Mais que si je peux avoir pied.
Je ne retiens pas mon exclamation de joie, me redressant immédiatement pour récupérer une bouteille d'ice tea dans mon sac pour lui donner.
— Tu me manipules, proteste-t-il.
Néanmoins, un sourire s'affiche sur ses lèvres, il se redresse aussi pour boire une gorgée de thé glacé. Il est adorable.
Je fixe la mer à quelques mètres de nous, encore presque vide de monde. Il n'y a presque jamais personne à cet endroit là, je ne sais pas pourquoi. Mais tant mieux pour nous, au moins nous sommes tranquilles.
— Alors, on va se baigner ? demandé-je. Il n'y a personne, mais je pense que dans une heure ou deux il y aura plus de monde...
— D'accord.
Je souris et me mets debout, lui tendant ma main pour l'aider à se lever aussi. Il attrape ma main après quelques hésitations pour se relever, son regard plongé dans le mien. Un frisson parcourt brusquement ma colonne vertébrale, je lâche précipitamment sa main.
Je me tourne vers la mer et retire tranquillement mon tee-shirt. Amaël s'avance un peu, les doigts accrochés au bas de son tee-shirt, mais il ne l'enlève pas. Mon regard inquiet se tourne alors vers lui, mes pensées de tout à l'heure refaisant surface à tout allure.
— Eh, si t'as peur de te montrer ou quelque chose comme ça, ce n'est pas grave, tu sais ?
— Je n'ai pas peur de me montrer, rétorque-t-il.
L'inquiétude monte en moi quand même.
— Ah, j'ai compris ! T'as une marque de bronzage en forme de bite, c'est ça ? ironisé-je pour masquer cette inquiétude..
— Ne dis pas "bite".
Pour me prouver qu'il n'a pas cette honteuse marque de bronzage en forme de bite, il retire son tee-shirt avec détermination puis le laisse tomber sur la serviette de plage.
— Pourquoi, t'aimes pas ça ? insisté-je en riant.
Un véritable éclat de rire s'échappe de sa bouche, cette fois. Mon regard s'attarde brusquement sur son torse beaucoup plus pâle que le mien, moins musclé aussi, mais il est beau. Je relève les yeux pour ne pas que mon regard paraisse trop insistant, et je le contourne pour voir son dos.
— Non, pas de bronzage en forme de bite, je suis déçu.
— Arrête de dire "bite" ! s'offusque-t-il.
Je ris encore une fois et nous commençons à marcher vers l'eau. Normalement je me précipite dans la mer en courant, mais je prends mon temps aujourd'hui, pour Amaël. Il m'a demandé de pouvoir avoir pied, je vais donc rester à côté de lui au cas où, qu'il puisse s'accrocher à moi si besoin.
C'est la première fois qu'il est aussi proche de moi de son plein gré. D'habitude, c'est moi qui le colle, pas l'inverse. Son épaule se presse contre la mienne alors que nous avançons tranquillement dans l'eau.
Rectification : son épaule nue s'appuie contre mon épaule qui est également nue.
— Elle n'est pas trop froide, constate-t-il.
Je souris brièvement, l'eau nous arrive maintenant au-dessus des genoux. J'essaie désespérément de ne pas regarder Amaël, car je dois avouer que de le voir uniquement vêtu d'un short me retourne un peu l'estomac.
— Ça te gêne si je nage un peu ?
— Non, vas-y.
Je me jette dans l'eau sans attendre plus longtemps et j'accueille avec délice la sensation de l'eau fraîche sur mes épaules qui commençaient à brûler à cause du soleil. Je m'éloigne un peu, à la nage, et je retiens mon exclamation de surprise lorsque Amaël me rejoint, également à la nage. Ses cheveux sont parfaitement secs, je pense qu'il a peur ou n'aime pas mettre la tête sous l'eau.
— Je dois aller chercher Abby à seize heures trente, m'informe-t-il en nageant à côté de moi avec aisance.
Il est quatorze heures trente, alors il faudra qu'on remonte près du gîte aux alentours de seize heures.
— Tu nages super bien ! m'étonné-je.
— Tu en doutais ?
Je n'ose pas lui dire que oui, je doutais un peu. Mais même s'il ne savait pas nager, je m'en ficherais complètement.
Il nage bien, mais en revanche, il fatigue rapidement. Il pose les pieds sur le sol, je fais de même, et nous retournons tranquillement vers le rivage. Je l'abandonne quelques secondes pour aller plonger depuis mon rocher avant que nous ne retournions nous installer sur la serviette de plage à l'ombre du rocher.
— Je t'accompagnerai chercher Abby, si tu veux bien supporter ma présence un peu plus longtemps, annoncé-je en m'allongeant sur la serviette. Réveille moi si je m'endors, ne t'enfuies pas comme un voleur avec l'ice tea.
— J'ai déjà presque fini la bouteille...
— T'en fais pas, j'en ai d'autres.
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Last Night
RomanceAmaël a toujours détesté partir en vacances, loin de ses accroches et de ses repères. Plus important encore, il déteste le sable, et sur une plage, il n'y a que ça. C'est pour ces deux raisons qu'il n'est pas vraiment heureux d'aller à la plage avec...