Jeudi 6 Juillet 2023.
Après avoir fini nos glaces et jeté les pots dans la poubelle la plus proche, nous nous sommes remis en marche. Zaven veut absolument me montrer un endroit précis du parc, mais il se force à marcher lentement à cause de Zéphyr et d'Abby. Et de moi, aussi.
L'enfant a joyeusement récupéré la laisse de ma chienne, je lui ai expliqué qu'il fallait marcher lentement pour elle et il respecte parfaitement cette indication. Elle va bien aujourd'hui, elle ne montre pas encore de signe de fatigue ni de douleur. Ça me rassure tellement de voir qu'elle est encore capable d'aller bien...
— Tu vas voir, c'est super joli. Tu dessines les paysages ?
— Oui, des fois.
— Je suis sûr que ça te plaira ! J'espère, du moins, c'est mon endroit préféré du parc, me confie-t-il.
J'esquisse un sourire pour toute réponse, ce qui semble le rassurer. C'est curieux. Mes réactions ne rassurent personne, d'habitude, pour la bonne raison que personne ne prête attention à ce que je ressens. Même mes parents, ils ne comprennent jamais vraiment. Ce sont mes parents et je les aime, mais parfois, ils sont réellement stupides.
— Un papillon ! s'écrie Zéphyr en tendant le doigt devant lui.
Zaven montre un sourire, attendri par son petit frère. Il pose brusquement une main sur mon épaule et me fait pivoter vers un petit banc en bois. Derrière le banc, il y a un lac entouré d'arbres, un petit chemin entourant le lac.
— Regarde, on y est. C'est joli, hein ?
— Très joli, murmuré-je.
Nous allons nous asseoir sur le banc, je détache la laisse d'Abby pour la laisser gambader un peu. Elle se contente de se rouler par terre, je lâche un petit rire en ramenant mes jambes sur le banc pour m'installer en tailleur. Je sors mon carnet et un crayon de mon sac pour commencer à dessiner le lac. Zaven se penche par-dessus mon épaule pour regarder ce que je fais, sans me parler. Je ne peux pas m'empêcher de me crisper en le sentant aussi proche de moi.
Je ne mets pas très longtemps à dessiner les contours du lac. Je marque les emplacements des arbres puis profite du sommeil de ma chienne pour la dessiner rapidement, couchée dans l'herbe. Le menton de Zaven se pose carrément sur mon épaule, je manque de sursauter mais me retiens soigneusement.
— Tu dessines bien, c'est beau, souffle-t-il.
Je devine qu'il a les yeux rivés sur mon dessin, mais je n'ose pas tourner la tête vers lui. Nos visages seraient beaucoup trop proches si je faisais ça. Et je ne veux pas que nos visages se retrouvent aussi proches.
— Merci.
Il retire son menton de mon épaule, j'en suis presque soulagé. Je récupère mon téléphone dans ma poche pour prendre une photo du lieu, afin de pouvoir refaire le dessin chez moi, je crayonne rapidement les arbres et je déchire la feuille.
— Tiens, dis-je en donnant la feuille à Zéphyr.
Des étoiles dans les yeux, le petit frère de Zaven me remercie, presque en criant. Je grimace en l'entendant parler aussi fort, mais le brun le reprend rapidement pour lui dire de baisser un peu le volume.
— J'exige un dessin de ta part, s'exclame Zaven en plantant un doigt dans mon épaule. Je l'accrocherai dans ma chambre.
Je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit qu'il continue :
— D'ailleurs, tu peux me passer ton numéro ? Ça sera plus simple pour organiser de nouvelles sorties !
Malgré mes réponses laconiques et mon manque de réactions, il veut quand même mon numéro. Pour aller autre part, avec moi. J'ai un peu de mal à y croire, mais je n'ai rien à perdre en essayant de croire que quelqu'un veut réellement être mon ami. Je reprends donc mon téléphone et ouvre un nouveau contact avant de lui passer l'objet.
Lorsque je récupère mon téléphone, le contact affiché est "Zaven le plus beau 👹". Je ris doucement en rangeant mon téléphone sans rien changer.
— Tu m'envoies un message ce soir, insiste mon nouvel ami. Sinon je viens chez toi, je sais où est ta chambre.
— C'est une menace ? demandé-je, amusé.
— Peut-être. Tu le sauras si tu ne m'envoies pas de message.
Je tire mon téléphone de ma poche, une fois de plus.
Moi : Content ?
Zaven rit à côté de moi.
— Très content. Crée ton contact pour moi.
Il me donne son téléphone sans me laisser le temps de répliquer. Si je mets juste "Amaël", ce n'est pas très drôle...
Je finis par lui rendre son téléphone. Il rit une nouvelle fois et range son téléphone dans sa poche. Moi, je range mon carnet et mon crayon dans mon sac, puis je me penche vers Abby pour la ramener sur mes genoux où elle s'installe confortablement avec un petit soupir parfaitement adorable.
— Alors, ça te plaît cette journée ?
Je relève la tête avant de comprendre qu'il ne me parle pas à moi, mais à son petit frère qui est toujours assis sur le banc, à côté de lui. Je dissimule soigneusement ma petite déception et je cligne des yeux.
Ma déception s'enfuit rapidement bien loin quand il se tourne vers moi pour me demander également comment je trouve la journée. Evidemment, maintenant que c'est à moi qu'il parle, je ne trouve bêtement rien à répondre. Je cherche à toute vitesse quoi lui dire, pinçant l'intérieur de la poche de mon pantalon.
— C'est cool, articulé-je maladroitement. Et c'est joli, ici.
Je pousse l'intérieur de ma joue avec ma langue. Pourquoi est-ce que c'est si compliqué de parler comme une personne normale ? Je me fatigue, tellement.
Je souffle par le nez en baissant les yeux vers ma chienne. J'en ai marre de ne pas être normal.
— On reviendra, si tu veux, déclare-t-il d'une voix douce.
Je hoche la tête, n'osant plus prononcer le moindre mot par peur de bégayer affreusement.
Nous finissons par nous relever pour traverser le parc en sens inverse. Nous croisons un autre marchand de glaces, et j'insiste pour en offrir une à Zaven et à Zéphyr. Si le deuxième accepte sans hésiter une seule seconde, je dois insister un peu plus longtemps pour convaincre le premier. Il finit par accepter, à condition que j'en prenne une aussi.
Cette fois, nous choisissons tous les trois une glace au chocolat.
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Last Night
RomanceAmaël a toujours détesté partir en vacances, loin de ses accroches et de ses repères. Plus important encore, il déteste le sable, et sur une plage, il n'y a que ça. C'est pour ces deux raisons qu'il n'est pas vraiment heureux d'aller à la plage avec...